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Une consultation d’oncogénétique

Tandis que l’incidence des cancers augmente, la survie des patients atteints de cancers s’améliore avec pour corollaire une augmentation de la population ayant un antécédent de cancer. Cette population a été estimée, en France, à 3 millions de personnes (2008). Le risque moyen de second cancer primitif (SCP) après un premier diagnostic de cancer chez l’adulte apparaît légèrement plus élevé que le risque de cancer dans la population générale. Ce sur-risque faible lorsque l’on prend en compte l’ensemble des patients, peut s’avérer élevé pour certains ou inexistant pour d’autres.

"Lorsqu’il y a une prédisposition génétique comme risque de premier cancer, la personne concernée doit être orientée vers une consultation d’oncogénétique si elle présente certains facteurs de risque familiaux" informe Marina Touillaud, épidémiologiste, chercheur au sein du Département Cancer et Environnement du Centre Léon Bérard.

Cinq à 10 % des cancers s’inscrivent dans le cadre de syndromes héréditaires résultant de prédispositions liées à un seul gène et associées à un risque oncologique élevé. Cette susceptibilité génétique au cancer peut entraîner une succession de cancers. C’est le cas par exemple des mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 chez des femmes atteintes d’un cancer du sein.

La consultation d’oncogénétique permet de mettre en place une stratégie de surveillance régulière et ciblée et de prévention.

Les localisations les plus risquées

Le risque de second cancer est variable. "Un certain nombre de facteurs liés au premier cancer permettent d’identifier les populations pour lesquelles une surveillance est nécessaire" informe Marina Touillaud.

Ainsi, les personnes les plus à risque de second cancer primitif sont celles qui ont eu un cancer des voies aéro-digestives supérieures, un cancer de l’œsophage, du poumon ou un lymphome hodgkinien, celles qui étaient jeunes lors du diagnostic du premier cancer (plus la personne ayant eu un diagnostic de cancer jeune et plus le risque de second cancer primitif est élevé) et les personnes ayant reçu certains protocoles thérapeutiques, de chimiothérapie notamment. "Identifier les facteurs de risques associés est important car cela donne des indications sur le type de second cancer primitif à surveiller, les délais d’apparition probables" explique Marina Touillaud.

Ces risques de second cancer sont pris en compte dans l’élaboration du programme de suivi afin de favoriser la détection précoce des seconds cancers.

Arrêter le tabac

Arrêter le tabac© Adobe StockBien que les facteurs de prédisposition génétique ne soient pas modifiables, les personnes ayant été atteintes d’un premier cancer peuvent agir sur un certain nombre de facteurs de risque pour réduire leur risque de second cancer. L’arrêt du tabac est ainsi un enjeu majeur de prévention de second cancer primitif (un second cancer primitif désignant une nouvelle tumeur primitive et pas une récidive locale ou une métastase d’un premier cancer).
Plusieurs études ont montré en effet que le fait de continuer à fumer après un premier cancer accroît le risque de second cancer. C’est notamment démontré dans le cas des cancers du poumon ou des voies aéro-digestives supérieures (VADS). A contrario, les auteurs des différentes études ont démontré que l’arrêt de la consommation de tabac pendant au moins 5 ans diminue le risque de second cancer.
Le tabagisme est un facteur de risque de second cancer primitif de par son action directe cancérigène et son action indirecte de potentialisateur de l’effet de la radiothérapie. Ainsi, une étude a montré que le risque de cancer du poumon (second cancer) est multiplié par 9 chez les femmes fumeuses traitées par radiothérapie pour un cancer du sein alors qu’il est multiplié par 6 pour les femmes fumeuses non traitées par radiothérapie, comparé aux femmes non-fumeuses traitées par radiothérapie.(1) Une autre étude s’est, elle, intéressée aux personnes atteintes d’un lymphome hodgkinien et traitées par radiothérapie : le risque de cancer du poumon est multiplié par 7 chez les patients non-fumeurs traités par radiothérapie et par 20 pour les fumeurs traités par radiothérapie. (2)

Le sevrage tabagique est donc un enjeu majeur de la prévention d’un second cancer. Il est conseillé d’arrêter de fumer dès le traitement d’un premier diagnostic de cancer.

Réduire la consommation d’alcool

Réduire la consommation d’alcool© Adobe StockPlusieurs études ont montré que la consommation de boissons alcoolisées même à faibles doses augmente le risque de développer un second cancer et, qu’au contraire, une réduction de la consommation d’alcool peut contribuer à réduire le risque d’un second cancer. Cela est notamment démontré pour les cancers du sein et les cancers des VADS.
Il est donc conseillé après un premier cancer de réduire la consommation d’alcool, en termes de quantité et de fréquence de consommation.

Faire attention à son poids, une surcharge pondérale étant un facteur de risque de second cancer

"Le surpoids et l’obésité semblent majorer les risques de récidive et de seconds cancers" rapporte Marina Touillaud. "Cela est particulièrement démontré pour les patientes atteintes d’un cancer du sein pour lesquelles l’obésité augmente significativement le risque d’un second cancer primitif du sein de 40%, de l’endomètre de 96% et colorectal de 89%" précise-t-elle.

Limiter ou réduire la surcharge pondérale est ainsi important après un premier cancer. Pour cela, il convient d’avoir une alimentation équilibrée et diversifiée et de pratiquer de façon régulière une activité physique.

Pratiquer une activité physique

Pratiquer une activité physique© Adobe Stock"L’activité physique est un facteur possible pour éviter un second cancer" indique Marina Touillaud. "Des études observationnelles de cohortes suggèrent un risque moindre de récidive et une meilleure survie associés à la pratique régulière d’activité physique modérée à intense" détaille-t-elle.
Plusieurs sociétés savantes ont formulé́ des recommandations de pratique d’activité physique en prévention tertiaire (prévention qui vise à réduire les rechutes et complications de cancer) proche de la prévention primaire (prévention d’un premier cancer) : 30 minutes par jour, 5 jours par semaine d’activité́ aérobie d’intensité́ modérée (marche rapide, cyclisme, natation...) en association avec du renforcement musculaire à une fréquence de 3 fois par semaine. "De manière générale, les recommandations de prévention primaire de cancer sont applicables en prévention des seconds cancers primitifs" souligne Marine Touillaud.

Avoir une alimentation équilibrée et diversifiée

Aucune étude n’a montré de lien entre facteurs nutritionnels et risque de second cancer. Cependant, les recommandations internationales et européennes de prévention d’un second cancer sont identiques à celles de prévention d’un premier cancer. Parmi celles-ci : une alimentation saine (beaucoup de céréales complètes, de légumineuses, de légumes et de fruits, peu d’aliments riches en sucre ou en matières grasses, peu de viande transformée, de viande rouge et d’aliments riches en sel). De nouvelles études permettront peut-être d’émettre de nouvelles recommandations nutritionnelles spécifiques de prévention d’un second cancer primitif.

Remerciements à Marina Touillaud, épidémiologiste, chercheur au sein du Département Cancer et Environnement du Centre Léon Bérard

Références :
(1)Ford MB, Sigurdson AJ, Petrulis ES, Ng CS, Kemp B, Cooksley C, et al. Effects of smoking and radiotherapy on lung carcinoma in breast carcinoma survivors. Cancer. 2003 Oct 1;98(7):1457-64
(2) Travis LB, Gospodarowicz M, Curtis RE, Clarke EA, Andersson M, Glimelius B, et al. Lung cancer following chemotherapy and radiotherapy for Hodgkin's disease. Journal of the National Cancer Institute. 2002 Feb 6;94(3):182-92

Sources

- Identifier et prévenir les risques de second cancer primitif chez l’adulte. Collection Etat des lieux et des connaissances. Ed : INCa, Boulogne-Billancourt. Décembre 2013
- Duval et al. Facteurs comportementaux et professionnels et prévention des seconds cancers primitifs après un cancer dans l'enfance ou dans l'adolescence : état des connaissances, Bull Cancer. 2015 Jul-Aug;102(7-8):665-73. 

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