- 1 - Des comportements à risque, plus fréquents dans certaines régions
- 2 - Haut-de-France et Bretagne : cancer du poumon, de l'oesophage et de la bouche
- 3 - Bretagne : 3 fois plus de cancers de la peau !
- 4 - Nouvelle Aquitaine : plus de cancers de la thyroïde
- 5 - Région Paca : les cancers de la vessie explosent à Marseille
- 6 - Grand-Est : le cancer du corps de l’utérus ressort particulièrement
L'Agence Santé Publique France a publié en janvier dernier la première cartographie de l'incidence et de la mortalité de 24 cancers en France par régions et départements. Résultat : selon que vous habitiez, le Nord, le Sud, l'Est ou l'Ouest de la France, vos risques de développer tel ou tel cancer ne sont pas les mêmes et sont plus ou moins élevés.
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Globalement, il existe bien des différences entre le nord et le sud de la France, par rapport aux facteurs de risque du cancer, explique le Dr Olivier Dubreuil, cancérologue et gastro-entérologue. "En effet, de nombreux cancers sont liés à des comportements à risque. Je pense au tabac, à l’alcool ou à la mauvaise alimentation, estime le médecin. Les habitants des régions nordiques ont, par exemple une consommation de tabac plus fréquente que dans le reste du pays, ce qui amplifie le risque de cancers digestifs hauts. De plus, il existerait quelques différences génétiques qui pourraient expliquer que certaines populations soient plus à risque de développer tel ou tel cancer".
Paradoxalement, certaines régions du sud sont davantage protégées par leurs habitudes alimentaires locales. "Le régime méditerranéen, également appelé régime crétois est une pratique traditionnelle sur le pourtour de la Méditerranée, poursuit le cancérologue. Il englobe fruits, légumes, légumineuses, céréales, herbes aromatiques et l’huile d’olive". Les vertus de ce régime ne sont plus à prouver.
Quant à des différences villes/campagnes, le Dr Dubreuil ne mentionne pas de réelle différence dans la survenue de cancers. "Si la pollution est clairement nocive pour l’organisme (augmentation du risque cardiovasculaire, des affections respiratoires et de certains types de cancers), le tabac est un plus grand facteur de risque encore. Les personnes résidentes dans des villes polluées ne présenteraient donc pas un risque de cancer réellement supérieur aux autres".
Voici dans le détail, les régions les plus touchées par les cancers selon Santé Publique France et les types de cancers auxquels on y est exposé.
Haut-de-France et Bretagne : cancer du poumon, de l'oesophage et de la bouche
Pourquoi Bretagne et Hauts-de-France sont-elles plus touchées par les cancers digestifs ?
Parue en janvier 2019, l’étude menée par Santé Publique France n’y va pas par quatre chemins : les Hauts-de-France et la Bretagne arrivent en tête du classement des régions les plus affectées par les cancers du poumon, de l’œsophage et de la bouche. "La consommation de tabac est plus importante dans ces régions, explique le Dr Dubreuil. C'est pourquoi ces zones comptabilisent un taux élevé de cancers pulmonaires ou digestifs hauts. Ce mode de vie est aussi propice à la surcharge pondérale".
Cancers dans le Nord : quelles sont les personnes à risques ?
Les hommes sont encore plus touchés que les femmes par ce type de cancers. Ils sont 15 150 à en décéder chaque année dans les Hauts-de-France. "Les estimations d’incidence mettent en évidence une sur-incidence importante du cancer de l’œsophage de 52% et 43% respectivement chez l’homme et la femme par rapport à la France métropolitaine", précise Santé Publique France.
Cancers dans le Nord : l'alimentation en cause ?
Sur le plan nutritionnel, l’étude soulève un autre point : la consommation de fruits et légumes est moindre dans les Hauts-de-France. En effet, cette zone présente une prévalence d’obésité parmi les plus élevées du territoire français depuis 1997. Or, l’alimentation riche en fruits et légumes protégerait du cancer de l’œsophage notamment, explique Santé Publique France.
Quant à la Bretagne, le Dr Dubreuil indique une "sur-incidence des cancers liés à la consommation d’alcool et de tabac et des cancers de la sphère ORL (œsophage et estomac pour les deux sexes, lèvre, bouche, pharynx et foie) chez les hommes". Santé Publique France confirme ses propos au sein de son étude.
Bretagne : 3 fois plus de cancers de la peau !
Pourquoi Bretagne est-elle plus touchée par les cancers de la peau ?
L’alcool et le tabac ne sont pas les seuls facteurs de risque en Bretagne. Contre toute attente, cette zone est aussi la première région à souffrir du soleil. Et pour cause, "le soleil semble moins fort dans cette région aux bordures de l’Atlantique : les Bretons ne ressentent donc pas forcément la nécessité de s’en protéger. Pourtant les UV sont tout de même présents. Résultat : cette région présente un des taux les plus élevés de cancer de la peau en France", éclaire le Dr Dubreuil.
En effet, plus d’un millier de mélanomes (cancer de la peau ou des muqueuses) sont diagnostiqués chaque année en Bretagne. C’est trois fois plus que la moyenne nationale. Ce déséquilibre a été soulevé en 2016, au sein d’une étude comparative menée par les syndicats nationaux de dermatologue et celui des médecins pathologistes français. Ce n’est donc pas sur la Côte d’Azur que le soleil est le plus dangereux, contrairement à ce que l’on pourrait croire.
La fraîcheur du vent, une illusion de protection ?
L’étude a comparé le taux de mélanomes entre la région Paca et la Bretagne. Si le Sud présente des résultats dans la moyenne nationale (14,7 cas pour 100 000 habitants), la péninsule bretonne la surpasse largement : elle est de 20,6 pour les hommes et 18,9 pour les femmes (sur 100 000 habitants). "Nous savions que la Bretagne était au-dessus de la moyenne, mais nous ne nous attendions pas à un tel écart", témoignait le Dr Frédéric Staroz, président du syndicat des médecins pathologistes.
Pour conclure, l’étude confirme les propos du Dr Dubreuil : relativement discret en Bretagne, le soleil n’incite donc pas à se méfier. Les nuages, comme la fraîcheur du vent, créent une illusion de protection. Or, les UV les transpercent. En outre, les Bretons, descendant des Celtes, ont une carnation, des yeux et des cheveux relativement clairs. Au contraire, les méridionaux affichent une peau plus mate et donc moins sensible aux coups de soleil.
Nouvelle Aquitaine : plus de cancers de la thyroïde
Pourquoi l'Aquitaine est-elle plus touchée par les cancers de la thyroïde ?
Le cancer de la thyroïde est plus fréquent dans les pays développés, notamment en France qui fait partie des pays européens ayant une incidence particulièrement élevée. "Plus de 85% des cas incidents sont des cancers papillaires dont l’exposition aux rayonnements ionisants, notamment durant l’enfance, est reconnue comme un facteur de risque", explique Santé Publique France.
Cancer de la thyroïde : quelles sont les personnes à risques ?
Chez l’homme, la région Nouvelle Aquitaine est en sur-incidence de 20 % par rapport à la moyenne nationale. "Cinq départements de la région présentent des niveaux d’incidence significativement supérieurs à la moyenne nationale", ajoute l’étude. Cette dernière est observée au sein des Pyrénées-Atlantiques, Deux-Sèvres, Gironde, Landes et de la Charente-Maritime. Chez les femmes, la prévalence explose en Nouvelle Aquitaine puisque l’incidence atteint les 22 %.
Quelles sont les causes du cancer de la thyroïde ?
"Le seul cas où une origine peut être clairement établie est celui d’une irradiation du cou pendant l’enfance, soit accidentelle, soit pour soigner une autre maladie, partage la Ligue contre le cancer. En outre, les éléments radioactifs disséminés par l'accident de Tchernobyl en 1986 ont provoqué une augmentation importante du nombre de cancers de la thyroïde chez les enfants contaminés de Biélorussie, d'Ukraine et de Russie". Santé Publique France n'est pas encore en mesure d'expliquer pourquoi ce cancer affecte autant cette région.
Cancer de la thyroïde : quel traitement ?
Le cancer de la thyroïde correspond à des proliférations anormales de cellules au niveau de la thyroïde, une glande située à la base du cou qui régule, entre autres, la température corporelle et le rythme cardiaque. Le traitement de référence est la thyroïdectomie (ablation de la thyroïde), accompagnée parfois du retrait des ganglions lymphatiques qui drainent la thyroïde. En France, le sujet fait débat car l'Assurance maladie et certains professionnels jugent qu'il y a trop d'opérations pour des nodules bénins.
Région Paca : les cancers de la vessie explosent à Marseille
Pourquoi la PACA est-elle plus touchée par les cancers de la vessie ?
Une étude révélée le 10 juillet 2019 par l’Agence Régionale de Santé de Paca alerte sur les cancers de la vessie dans les Bouches-du-Rhône. Pour répondre aux inquiétudes des populations résidant à proximité des sites industriels, très nombreux, dans les Bouches-du-Rhône, l’Agence régionale de santé de la région Paca (Provence-Alpes-Côtes d’Azur) a présenté les données locales sur les cancers.
Le cancer de la vessie a fait plus de 2 000 nouvelles victimes sur la période étudiée (2013-2016) au sein du département des Bouches-du-Rhône et de ses communes.
A lui seul, ce département représente plus de 16 % des cas en France. Les taux d’incidence sont, en effet, supérieurs à ceux observés dans les autres départements français. Mais c’est à Marseille que les risques atteignent leur apogée : ils sont jusqu’à 50 % plus élevés chez l’homme.
Cancer de la vessie dans les Bouches-du-Rhônes : le tabac en cause ?
Si cette étude ne permet pas d’identifier les facteurs exacts qui pourraient expliquer ce constat, elle soulève néanmoins l’influence du tabagisme, principal facteur de risque du cancer de la vessie. Un soupçon qui prend tout son sens, quand on sait que la région Paca compte le plus grand nombre de fumeurs. En effet, en 2017, la proportion de fumeurs quotidiens chez les adultes était de 32,2% contre 26,9% dans le reste de la France, partageait une autre étude menée par Santé Publique France en début d’année 2019.
Si l’on sait pertinemment que le cancer du poumon est très souvent lié au tabac, le cancer de la vessie l’est tout autant. En effet, fumer régulièrement double le risque de tumeurs de la vessie.
"Les substances carcinogènes mutagènes du tabac passent dans le sang et sont filtrées par les reins puis éliminées dans les urines. Ces substances glissent donc dans l’uretère (canal qui conduit l’urine des reins à la vessie). Si les tumeurs au niveau de la muqueuse urinaire du haut appareil sont rares, car le temps de contact avec ces substances n’est pas long, elles sont fréquentes au niveau de la vessie puisque là, le temps de contact est important."
Cancer de la vessie : la pollution de l'air aussi suspectée ?
L’étude de l’ARS de Paca devrait se poursuivre et se pencher sur les polluants retrouvés dans l’air. "La pollution de l’air est un facteur suspecté pour le cancer de la vessie", explique Laurence Pascal de Santé Publique France. Les prochaines recherches pourront donc s’orienter sur l’influence des expositions environnementales. En effet, le département des Bouches-du-Rhône, en exposant ses habitants à de nombreux sites industriels, peut aussi expliquer ce facteur de risque.
Grand-Est : le cancer du corps de l’utérus ressort particulièrement
Pourquoi le cancer du corps de l'utérus est-il si présent dans le Grand-Est ?
Le cancer du corps de l’utérus est particulièrement présent au niveau du Grand-Est, dévoile encore l’étude de Santé Publique France. A ne pas confondre avec le cancer du col de l’utérus, le cancer du corps de l’utérus touche en moyenne 6 951 femmes chaque année. En effet, le cancer du col de l’utérus se développe à partir des cellules du col utérin, alors que le cancer du corps utérin se forme généralement aux dépens de la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus (l’endomètre).
Cancer du corps de l'utérus : quelles sont les personnes à risques ?
"Les cancers du corps utérins surviennent principalement chez des femmes ménopausées et sont le plus souvent diagnostiqués sur des signes cliniques à un stade localisé, détaille Santé Publique France. Les principaux facteurs de risque sont l’hyperoestrogénie endogène (puberté précoce, ménopause tardive) et exogène (traitement hormonal)".
Mais ill existe également des facteurs de risque métaboliques. On pense à l'obésité notamment ou au diabète. Et selon les chiffres du Centre européen d’étude du Diabète (CEED), le Grand-Est est la région de France qui connaît la plus forte mortalité liée au diabète. "Chaque année, dans la région, entre 2011 et 2013, plus de 4 000 décès sont liés à cette pathologie chronique"
La région Grand-Est présente l'incidence la plus élevée des régions métropolitaines
La région Grand-Est présente une sur-incidence de 17 % par rapport à la moyenne nationale pour le cancer du corps utérin. "Le nombre moyen de nouveaux cas diagnostiqué annuellement est estimé à 715, précise l’étude. Le taux régional est de 12,5 pour 100 000 habitants, représentant le taux le plus élevé des régions métropolitaines". Une fois encore, les scientifiques ne sont pas en mesure de justifier clairement cette sur-incidence.
Merci au Dr Olivier Dubreuil, cancérologue rattaché au Groupe Hospitalier Diaconesses-Croix Saint Simon à Paris
Estimations régionales et départementales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France, Santé Publique France, Juin 2019
Observatoire des cancers du rein, de la vessie et des leucémies aigües chez l’adulte, dans le département des Bouches-du-Rhône, Santé Publique France, juillet 2019
Étude comparée sur les cancers de la peau en Bretagne et en Paca, SMPF, 7 juin 2016
Nouvelles données relatives aux cancers, ARS Bretagne, 30 janvier 2019
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