Sommaire
Définition
L’oesophage est un organe situé ente le larynx et l’estomac, de forme tubulaire, permettant le passage du bol alimentaire (volume maché, imprégné de salive avalé) de la bouche, où il est mastiqué, à l’estomac.
Il mesure 25 à 30 cm de long. Il est tapissé intérieurement d’une muqueuse et d’une paroi musculaire dont les contractions aident à la descente du bol alimentaire dans l’estomac. Son abouchement à l’estomac est constitué d’un muscle, le cardia, dont le rôle est d’éviter la remontée du bol alimentaire, alors acidifié dans l’estomac, par l’oesophage.
Lorsque le cardia est déficient, il existe un reflux gastro oesophagien et l’acidité irrite la muqueuse oesophagienne. Sa chronicité constitue un facteur de risque du cancer d l’œsophage.
Le cancer de l’œsophage correspond à la multiplication de cellules anormales, au niveau de la muqueuse. Il en existe principalement deux types :
- Le carcinome épidermoïde qui se développe aux dépens des cellules squameuses qui tapissent la paroi interne de l’œsophage. Il touche préférentiellement le tiers supérieur de l’œsophage.
- L’adénocarcinome qui se développe aux dépens des cellules glandulaires, qui sont à l’origine de la fabrication de mucus. Il se développe préférentiellement au niveau du tiers inférieur de l’œsophage.
Schéma : oesophage humain
Crédit : Khayil — Travail personnel © CC/Domaine publique - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:OesophageFr.jpg
Chiffres
En France, le cancer de l’œsophage se situe au quinzième rang des cancers, avec 4 800 nouveaux cas en 2017, dont les trois quarts sont des hommes.
Des études ont montré que l’incidence du cancer de l’œsophage est inégale sur le territoire français, avec une incidence plus élevée dans le nord-ouest et un pic pour le département du Calvados.
Depuis quelques années, l’incidence du cancer de l’œsophage se modifie avec une augmentation chez les femmes, en raison probablement de l’obésité et d’une augmentation du reflux gastro-oesophagien, et avec une légère baisse chez les hommes qui pourrait être liée à une diminution de la consommation d’alcool et à une modification des comportements alimentaires.
Les carcinomes épidermoïdes sont en baisse alors que les adénocarcinomes, localisés au tiers inférieur de l’estomac voient leur incidence augmenter.
Symptômes
Comme de nombreux cancers, au début de son évolution, le cancer de l’oesophage ne provoque pas de symptômes. Lorsque ceux-ci commencent à apparaître, ils ne sont pas spécifiques, mais leur chronicité doit faire envisager un cancer et organiser des examens complémentaires, notamment une fibroscopie oeso-gastrique. Ces symptômes sont :
- Une déglutition douloureuse et difficile, notamment pour les aliments solides.
- Une perte de poids inexpliquée.
- Une perte d’appétit.
- Des douleurs au niveau du thorax.
- Des brûlures d’estomac récurrentes associées à des remontées acides.
- Un enrouement persistant de la voix.
- Une toux sèche chronique.
- Des nausées et des vomissements.
- Des régurgitations sanglantes.
- Des infections broncho-pulmonaires à répétition.
- Des difficultés à respirer.
Causes
Les causes du cancers de l’oesophage sont souvent liées au mode d’alimentation et à l’hygiène de vie. Les fumeurs et les sujets consommant trop d’alcool sont plus à risque de développer un cancer de l’oesophage, de même que ceux qui consomment des boissons très chaudes ou de la viande rouge en grande quantité.
Toutes les lésions bénignes de l’oesophage peuvent dégénérer en cancer comme les cicatrices d’oesophagite, l’endobrachyoesophage, le méga-oesophage ou les tumeurs bénignes.
Les autres causes identifiées sont la toxicomanie inhalée à l’opium ou à l’héroïne et l’infection par le papillomavirus humain (HPV).
Photo : les fumeurs sont plus à risques de cancer de l'oesophage
Facteurs de risques
Les facteurs de risque du cancer de l’oesophage sont :
- L’obésité.
- Le tabagisme et la consommation de tabac à chiquer.
- La consommation excessive d’alcool.
- Un antécédent de radiothérapie au niveau du thorax pour un cancer.
- Une irritation régulière de l’oesophage par absorption répétée de liquides trop chauds.
- Le reflux gastro-oesophagien* chronique non traité.
- La consommation de maté (fréquente en Amérique du Sud).
- La consommation de chique de bétel (répandue en Asie du Sud).
Cancer de l'oesophage : 1 cas sur 5 pourrait être lié aux reflux
*Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est une affection courante qui implique souvent des brûlures d’estomac. Le reflux acide pourrait être un facteur de risque de cancer du larynx et de l'œsophage, souligne une équipe du National Cancer Institute, une entité des National Institutes of Health (NIH). Ces conclusions, issues de l'analyse des données de près de 500.000 participants, documentées dans Cancer, la revue de de l'American Cancer Society, incitent au traitement du RGO et à la surveillance des personnes qui en souffrent.
Selon les scientifiques, l'acide gastrique est susceptible d'endommager les tissus et être un facteur de risque d’adénocarcinome de l'œsophage.
Il se trouve que 24% des participants à la recherche ont des antécédents de RGO ; au cours des 16 premières années de suivi, 931 patients (soit 2 ‰ ) ont développé un adénocarcinome de l'œsophage. D'après les chercheurs, les personnes victimes de reflux présentent un risque environ 2 fois plus élevé de développer ce type de cancer. L’analyse estime que près d’un cancer du larynx et de l'œsophage sur 5 pourrait être liés au RGO.
Personnes à risque
Les hommes sont plus à risque que les femmes de développer un cancer de l’oesophage. Parmi les sujets à risque, on retrouve :
- Les personnes souffrant de reflux gastro-oesophagien chronique : les remontées acides chroniques provenant de l’estomac irritent les cellules de la paroi interne de l’oesophage qui se transforment en cellules glandulaires et provoque un syndrome de Barrett (maladie liée au reflux gastro-oesophagien prolongé ou encore, d'oesophagite -inflammation de l'oesophage). Ces cellules sont à risque de se transformer en cellules cancéreuse et d’être à l’origine d’un adénocarcinome.
- Les sujets âges de plus de 50 ans.
- Les personnes ayant subi une brûlure de l’oesophage par l’ingestion de produits caustiques, par exemple.
- Les personnes souffrant d’obésité.
- Les personne tabagiques et alcooliques chroniques.
- Les sujets ayant subi une radiothérapie pour un autre cancer.
- Les personnes souffrant de kératodermie palmo-plantaire (affections dermatologiques caractérisée par un épaississement de la peau des paumes des mains et des plantes des pieds) diffuse.
- Les personnes atteintes du syndrome de Plummer-Vinson (pathologie rare touchant surtout les femmes autour de la quarantaine. Elle associe les signes suivants : anémie ferriprive, dysphagie et présence de lésions buccales).
Durée
Plutôt que de durée, on parlera de pronostic (cf plus bas).
Qui consulter ?
Lorsque des symptômes évocateurs de lésion œsophagienne surviennent, il est nécessaire de consulter son médecin traitant. Celui-ci procédera à un interrogatoire et organisera la réalisation éventuelle d’une fibroscopie oesogastrique. Il prescrira également un traitement anti-reflux pour soulager le patient dans l’attente des résultats.
Lorsque le diagnostic de cancer de l’oesophage est établi, la prise en charge se fait auprès d’un cancérologue et d’un chirurgien digestif. Un nutritionniste et un psychologue participent également au suivi du sujet atteint d’un cancer de l’oesophage.
Examens et analyses
Les examens complémentaires à effectuer en cas de suspicion de lésion oesophagiennes ont pour objectif de confirmer ou non le diagnostic de cancer de l’oesopahge, de réaliser le bilan d’extension (pour évaluer le développement du cancer à disance de l'organe d'origine) et évaluer l’état général du sujet, afin d'envisager le traitement optimal. Ces examens sont :
- La fibroscopie peso-gastrique : elle constitue l’examen de référence car elle permet de visualiser la paroi interne de l’oesophage et de réaliser des biopsies en cas de lésions tumorales. Les cellules prélevées seront ensuite analysées par un médecin antomo-pathologiste qui confirmera ou non leur caractère cancéreux.
- L'écho-endoscopie haute : cet examen correspond à l’association de l’échographie et de l’endoscopie. L’écho-endoscopie permet de préciser le degré d'envahissement de la paroi de l’œsophage et l’extension de la tumeur.
- Le scanner thoracique, abdominal et pelvien explore l'extension de la tumeur à distance.
- Une fibroscopie bronchique pour visualiser une atteinte bronchique par contiguïté.
- Un bilan ORL complet, à la recherche d’une atteinte du nerf récurrent (c'est un nerf mixte issu du nerf vague), qui provoque des modifications de la voix.
- Un bilan biologique complet pour évaluer l’état général du sujet.
Pronostic
Le cancer de l’œsophage est un cancer qui s’étend facilement aux organes de voisinages, que sont les bronches et les poumons en créant des fistules peso-bronchiques (communication anormale entre les bronches et l’œsophage), qui peuvent être à l’origine d’infections graves.
Le pronostic du cancer de l’oesophage reste assez sombre avec une taux de survie à 5 ans de 25% si le cancer n’est pas étendu. Plus il sera diagnostiqué tôt, plus les chances de survies errons importantes. L’amélioration des traitements a cependant permis de diminuer le taux de mortalité par cancer de l’oesophage.
Si des ganglions sont déjà envahis au moment du diagnostic, les chances de survie à 5 ans passent à 10%.
Photo : localisation des groupes ganglionnaires
Crédit : NIH nicobzz — Source=NIH (a US government agency) image, http://www.cancer.gov/images/Documents/6b08d7cc-2a8f-4d32-9a38-a5433aaf0794/lymph.gif © CC/Domaine publique - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Zones_ganglions_principaux.png
Traitements
Le traitement du cancer de l’œsophage est choisi lors de réunions de concertations pluridisciplinaires, en présence du gastro-entérologue, du chirurgien digestif, du cancérologue et de tout autre professionnel de santé susceptible d’apporter son expertise. Le traitement optimal sera choisi en fonction du stade de la tumeur, de son extension, de l’âge et de l’état général du sujet.
La chirurgie
La chirurgie, lorsqu’elle est possible, reste le traitement de choix du cancer de l’oesophage. En fonction de la localisation de l a tumeur, le chirurgien réalise une oesophagectomie (ablation) totale ou partielle. Les ganglions lymphatiques voisins seront également enlevés. Si la tumeur est située assez bas dans l’œsophage, une partie de l’estomac peut aussi être enlevée.
Le rétablissement de la continuité se fait par une anastomose oeso-gastrique, reliant l’estomac à ce qu il reste d’oesophage. Lorsque celui-ci est enlevé en totalité, il peut être remplacé par un morceau d’intestin.
Il s’agit d’une intervention chirurgicale très lourde qui peut nécessiter de passer quelques jours en soins intensifs et d’être nourri par voie parentérale (voie autre que le tube digestif) avant de pouvoir reprendre une alimentation orale.
En cas de petite tumeur très superficielle, celle-ci peut perte enlevée au cours d’une fibroscopie et éviter alors le recours à la chirurgie.
En cas de tumeur très évoluée, sténosant (rétricissant) l’oesophage, c’est-à-dire bloquant le passage des aliments, le chirurgien peut mettre en place une endoprothèse oesophagienne, qui permet de conserver un calibre suffisant à l’oesophage. Il s’agit le plus souvent d’un traitement palliatif (destiné à soulager et non soigner) pour les cas inopérables.
La chimiothérapie
La chimiothérapie peut être utilisée avant la chirurgie pour réduire la taille de la tumeur ou après la chirurgie pour limiter le risque de récidive. La chimiothérapie est effectuée par cycles, sur plusieurs semaines ou mois, car ses effets secondaires sont très importants : nausées , vomissements, perte d’appétit, chute des cheveux, infections à répétition…
La radiothérapie
Comme la chimiothérapie, a radiothérapie peut être effectuée avant la chirurgie, pour réduire la taille de la tumeur, ou après la chirurgie pour limiter le risque de récidive. Elle peut également être employée en soins palliatifs pour améliorer les douleurs et le confort du patient.
Il est possible de combiner la chimiothérapie et la radiothérapie pour espérer une plus garde efficacité, tout en sachant que l’association de ces traitements augment le risque d’effets secondaires importants.
La thérapie ciblée par anticorps monoclonaux
Ces traitements sont encore à l’étude et ont pour objectif d’inactiver les molécules permettant la croissance des cellules cancéreuses. Leurs effets secondaires seraient moins importants que ceux de la chimiothérapie. Ces techniques semblent très prometteuses.
Les autres traitements
Des mesures indispensables doivent accompagner le traitement du cancer de l’oesophage pour optimiser l’effet du traitement et améliorer le confort du malade. Il s’agit de :
- L’arrêt total et définitif de la consommation de tabac et d'alcool. Pour cela, des spécialistes exerçant dans des centres d’addictologie peuvent prendre en charge le malade.
- Le traitement des maladies associées. Les sujets atteints de cancers de l’oesophage ont souvent des pathologies associées, cardiovasculaires ou respiratoires, qu’il convient de traiter pour améliorer leur état général et leur tolérance au traitement, notamment chirurgical.
- Les soins de support, qui visent à améliorer la qualité de vie du sujet : l’accompagnement social, l’aide psychologique pour le patient et son entourage, les soins à visée esthétique, la lutte contre la douleur, la rééducation orthophonique.
- La prise en charge nutritionnelle, indispensable.
- La prise en charge des effets secondaires des traitements.
Cancer de l'œsophage : l'exercice pendant une chimiothérapie augmente les chances de survie
Selon une étude publiée dans la revue British Journal of Sports Medicine le 2 février 2022, les malades atteint d'un cancer de l'œsophage qui ont une activité physique durant leur chimiothérapie répondent mieux au traitement.
Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion après avoir suivi 40 patients qui avaient des séances de sports hebdomadaires avant et pendant leur traitement de chimiothérapie ainsi qu'un programme d'exercice à faire chez eux. Leur tumeur a davantage diminué par rapport à celle de patients ne faisant pas de sport. De plus, les volontaires étaient plus susceptibles de voir leur statut de cancer déclassé, ce qui signifie qu'il était moins avancé.
Il a également été démontré que l'exercice modéré réduit certains des effets négatifs de la chimiothérapie sur la condition physique.
"Il s'agit d'une petite étude, mais prometteuse, car elle montre comment un programme d'exercices modérés pourrait contribuer à améliorer le succès du traitement de chimiothérapie", a déclaré le responsable de l'étude Andrew Davies, consultant en chirurgie gastro-intestinale supérieure au Guy's and St. Thomas' NHS Foundation Trust.
Prévention
Comme pour de nombreux cancers, les mesures préventives d’hygiène de vie et d’hygiène alimentaire sont la meilleure prévention contre le cancer de l’oesophage. Il s’agit de :
- Consommer, régulièrement et suffisamment, des fibres, des fruits et des légumes.
- Arrêter le tabagisme.
- Ne pas consommer d’alcool de manière excessive.
- Eviter le surpoids et l’obésité.
- Traiter le reflux gastro oesophagien (RGO).
- Assurer un suivi régulier en cas d’oesophagite ou de toute autre pathologie de l’oesophage.
Un reflux gastro eosophagien donne-t-il le cancer de l'oesophage ?
Mon conseil de médecin généraliste :
"Il est recommandé de ne jamais négliger un reflux oesophagien et de le traiter rapidement, car lorsqu’il persiste, il peut provoquer des lésions oesophagiennes susceptibles de se transformer en lésions cancéreuses. En effet, 10% des sujets ayant un reflux gastro-oesophagien vont développer un syndrome de Barrett qui dans quelques cas, peut se transformer en adénocarcinome."
Le docteur Béguier insiste sur les mesures d’hygiène alimentaires comme moyen de prévention de l’ensemble des cancers digestifs, notamment celui de l’oesophage.
Sites d’informations et associations
Des sites d’informations sur le cancer de l’oesophage sont consultables sur internet ainsi que des forums d’entraides pour les patients atteints. Il s’agit :
- du site Guerir.org
- du site du Centre international de Recherche sur le Cancer
- du site de l’European Society for medicaloncology
https://www.ameli.fr/loire-atlantique/assure/sante/themes/cancer-voies-aerodigestives/traitement
https://www.snfge.org/content/1-cancer-de-loesophage
https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-254/Cancer-de-l-oesophage-traitement-multidisciplinaire
https://acsjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.33427