Cancer de la tête et du cou : plus de risques de stades avancés chez ceux ayant vécu des traumatismes de l'enfanceIstock

De l'importance de ne pas négliger les ressentis de l'enfant, car leur impact peut être grave à l'âge adulte. Dans une étude menée par Daniel Bernabé, chercheur à l'université de São Paulo au Brésil, et publiée dans la revue CANCER le 6 août 2018, une équipe de scientifiques a démontré que les traumatismes vécus pendant l'enfance pouvaiten être à l'origine du développement d'un cancer de la tête et du cou à un stade avancé. Ce lien pourrait également avoir un effet néfaste sur l'efficacité de son traitement.

Un lien entre cancer en stade avancé et négligence émotionnelle

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les dossiers cliniques de 110 patients souffrant de ce type de cancer, après avoir été diagnostiqués et avant qu'ils n'entament leur traitement. Ils ont pu observer que parmi les malades, 105 (soit 95,5%) ont fait face à au moins un type de traumatisme pendant l'enfance. Le plus commun était la négligence émotionnelle (43,8% - manque de démonstrations affectives, absence d'écoute, etc.), suivie de la maltraitance physique (30,5%), de la violence psychologique (15,2%) et finalement de la négligence physique (8,6% - besoins physiques importants pour être en bonne santé non pris en compte). Deux patients (soit 1,9%) ont confié avoir été victimes de violence sexuelle.

Grâce au profil des patients, les chercheurs ont ainsi pu dégager des tendances et conclure que la négligence affective était liée à un stade avancé de cancer de la tête et du cou mais également à une plus grande consommation d'alcool. La négligence physique était quant à elle liée à un risque accru d'anxiété chez ces patients. De plus, ceux qui avaient le plus de traumatismes liés à l'enfance avaient environ 12 fois plus de risques de souffrir de dépression avant le début du traitement.

Traumatismes de l'enfance : des effets délétères sur le traitement du cancer

Ces tendances comportementales sont d'autant plus importantes à prendre en compte qu'elles auraient un effet sur l'efficacité du traitement, comme le note Daniel Bernabé : "Evaluer les traumatismes pendant l'enfance peut être très important pour comprendre les mécanismes neuropsychologiques liés à l'abus d'alcool et aux symptômes de l'anxiété et de la dépression chez les patients souffrant d'un cancer. L'histoire du patient, notamment ses souvenirs traumatiques et les sentiments qui en sont dérivés, devraient être prise en considération par l'équipe de soins pendant le traitement des patients atteints de cancer".

Qu'est-ce que le cancer de la tête ou du cou ?

Tous les cancers touchant les voies aérodigestives supérieures sont considérés comme des cancers de la tête et du cou. En général, un cancer de la tête et du cou se développe sur leurs organes (langue, amygdales, pharynx, larynx) ou au niveau des ganglions du cou dans le cas du lymphome. Les symptômes vont d'un gonflement des ganglions (du cou ou au niveau de l'aine) à une perte d'appétit et de poids en passant par une excroissance au niveau de la bouche. Selon Fonds Anticancer et European Society for Medical Oncology, les cancers de la tête et du cou représentent 4% de tous les cancers dans le monde entier.

Sources

"Childhood Trauma Is Predictive for Clinical Staging, Alcohol Consumption, and Emotional Symptoms in Patients With Head and Neck Cancer". CANCER. 6 août 2018.

"Cancers de la tête et du cou". Fonds Anticancer et European Society for Medical Oncology. 

Vidéo : Cancer de la bouche les signes d’alerte

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