L’histoire de Robert Glynn, un soudeur anglais de 51 ans, apporte son lot d’espoir. A l’aube de ses 49 ans, après s’être plaint d’une douleur très intense à l’épaule, le symptôme l’empêchant même de dormir, Robert Glynn s’est décidé à consulter un spécialiste. C’est là que le malheureux verdict est tombé : l’anglais vivant dans le Grand Manchester, s’est vu diagnostiquer un cancer des voies biliaires intrahépatiques. Très agressif et découvert à un stade avancé, le cancer ne laissait que peu de chances de survie.
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Combien de temps restait à Robert Glynn, avant de succomber des suites de la maladie ? Diagnostiqué au stade 4, à un stade si avancé que l’affection touchait désormaisle foie, en plus des glandes surrénales, les chances de survie n’étaient devenues que très minces. "J'ai demandé à mon docteur d'être honnête avec moi, et de me dire combien de temps il me restait si je continuais dans cet état. Elle m'a dit 12 mois", a partagé le patient, dans les colonnes du Guardian.
Le cancer des voies biliaires, également appelé cholangiocarcinome, touche en moyenne 2 personnes sur 100 000. Rare et encore mal connue, cette pathologie semble affecter plus souvent les hommes que les femmes. Les causes et les facteurs qui favorisent la maladie sont encore, à ce jour, entourés de zones d’ombres, même si certaines maladies congénitales des voies biliaires pourraient justifier le développement du trouble, selon certains spécialistes.
Immunothérapie : un essai clinique proposé en dernier recours
Robert Glynn a non seulement eu le malheur d’être affecté par la maladie, mais il a également pâti d’un diagnostic tardif. Lorsque l’affection lui a été diagnostiquée, le cancer des voies biliaires s’était déjà étendu jusque dans le foie et au niveau des glandes surrénales, situées au-dessus des reins. Dans les cas comme celui du quinquagénaire où l’affection touche d’autres organes, seuls 2 %, soit une personne sur cinquante, des patients survivent au moins cinq années après le diagnostic.
Si la pilule a été dure à avaler pour le patient vivant près de Manchester, en Angleterre, il restait une dernière chance, une ultime solution à exploiter. L’équipe médicale a donc dirigé Robert Glynn vers la Fondation Christie, qui représente l’un des plus grands centres de traitement du cancer à travers l’Europe. Estimant que les conditions étaient réunies pour faire de lui un bon candidat, les spécialistes ont proposé au soudeur de l’inclure dans un essai clinique pratiquantl’immunothérapie.
Une rémission complète grâce à l’immunothérapie
Le traitement d’immunothérapie dont a profité Robert Glynn avait déjà été approuvé dans le cadre d’une utilisation pour le cancer du rein, du poumon et de l’œsophage. L’immunothérapie est depuis quelques années utilisée dans la lutte contre les cancers, notamment. Cette stratégie thérapeutique vise à stimuler le système immunitaire naturel et les défenses qui y sont associées, pour que l’organisme reconnaisse de lui-même les cellules cancéreuses et finisse par les détruire. Le traitement médicamenteux utilisé au sein de cet essai clinique précisément, et administré par perfusion, a été accompagné d’une chimiothérapie.
Finalement, après l’administration du traitement, l’équipe médicale a pu constater que la tumeur était passée de 12 à 2,6 centimètres au niveau du foie, et de 7 à 4,1 centimètres sur les glandes surrénales. Face à ces surprenants mais édifiants résultats, Robert Glynn a pu subir une intervention, dans le but de retirer les tumeurs restantes.
A la suite de l’opération, "ils n'ont trouvé aucune cellule cancéreuse active. Ils ont testé les tumeurs deux fois parce qu'ils n'arrivaient pas à y croire. Une des infirmières a dit que c'était un miracle. Je n'aime pas ce mot – je ne suis qu'un type ordinaire – mais c'est définitivement remarquable. Sans cet essai clinique, je ne serais pas là", a conclu le miraculé.
Pourquoi certains cancers résistent à l’immunothérapie ?
En 2020, une équipe du Centre de recherche en cancérologie de Toulouse a révélé pourquoi certains cancers résistent à l’immunothérapie. Leur étude a révélé qu’une molécule clé du système immunitaire pouvait manquer à la surface des lymphocytes T de certains patients sous immunothérapie, et ainsi rendre moins efficace le traitement. Dans le cadre de l'étude publiée dans la revue scientifique Immunity, les chercheurs toulousains ont travaillé sur des échantillons chez des patients atteints de myélome, un type de cancer qui débute dans la moelle osseuse et qui affecte les plasmocytes, un genre de globules blancs.
"Chez ces patients,CD 226 n’était pas présente sur une partie des lymphocytes infiltrant la tumeur. Nous avons identifié le même phénomène dans d’autres pathologies ainsi que dans des modèles murins", explique le chercheur qui a croisé ses résultats avec différents collègues. L’équipe de recherche internationale, dirigée par le Dr Ludovic Martinet et le Pr Hervé Avet-Loiseau, a ainsi identifié cette molécule, indispensable pour les fonctions des lymphocytes tueurs : le CD226. Elle permet aux lymphocytes tueurs de reconnaître les cellules cancéreuses, une étape nécessaire pour les détruire.
Selon un communiqué du CHU de Toulouse, en collaboration avec des chercheurs australiens, l’équipe de chercheurs toulousaine a ainsi pu démontrer que la molécule CD226 était nécessaire pour permettre aux immunothérapies de réactiver les lymphocytes tueurs. On en déduit ainsi que l’absence de CD226 représente un mécanisme clé de résistance des tumeurs au système immunitaire. Comprendre ce mécanisme ouvre donc des perspectives pour des thérapies qui rendraient l’immunothérapie plus efficace. Cette découverte pourrait en effet conduire à créer de nouveaux traitements afin de rendre plus performante l’action des immunothérapies et de guérir un plus grand nombre de patients atteints de cancers.
https://www.theguardian.com/science/2022/dec/30/man-year-to-live-now-cancer-free-after-immunotherapy-trial
https://www.chu-lyon.fr/cholangiocarcinome-ou-cancer-des-voies-biliaires#:~:text=qu'un%20cholangiocarcinome%20%3F-,Le%20cholangiocarcinome%20est%20une%20tumeur%20maligne%20d%C3%A9velopp%C3%A9e%20%C3%A0%20partir%20des,situe%20vers%20la%20septi%C3%A8me%20d%C3%A9cennie.
https://www.fondation-arc.org/traitements-soins-cancer/immunotherapie
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