Peut-on manger du poisson sans risque ?
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PCB, dioxines dans le poisson : toxiques pour la thyroïde

Les PCB (polychlorobiphényles) et dioxines sont parmi les premiers polluants qui contaminent nos poissons. Ces sous-produits de processus industriel, utilisés notamment comme lubrifiants persistent dans l’environnement et s’accumulent dans la chaîne alimentaire… en particulier chez les poissons d’eau douce.

Toutefois certains poissons de mer sont aussi touchés, y compris sauvages. "Le saumon sauvage de la Baltique est 5 fois plus contaminés par les dioxines et les PCB que le saumon d’élevage," explique Claude Aubert, ingénieur agronome et auteur de "Poissons bio, guide d’achat et recettes".

PCB, dioxine : quels sont les poissons les plus à risque ? "Les PCB et les dioxines se retrouvent préférentiellement dans les poissons les plus gras (anguilles) ainsi que dans certains poissons bio-accumulateurs (anguille, barbeau, brème, carpe, silure)", prévient l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments).

PCB et dioxines : quels sont les risques santé ?L’Afssa explique que pour des niveaux d'exposition chroniques, on constate des effets neuro-comportementaux (troubles de l’attention, aphasie…) chez le jeune enfant ainsi que des perturbations métaboliques et des effets sur la thyroïde chez l’adulte.

"Ces polluants organiques ont un effet promoteur du cancer et sont également mis en cause dans la baisse du système immunitaire", complète l’Association Santé Environnement France (ASEF).

PCB et dioxines : le poisson que vous mangez est-il à risque ?

Les PCB et dioxines contaminent prioritairement les cours d’eau et estuaires. Le bassin Rhin-Meuse, les bassins Artois-Picardie, Rhône Méditerranée Corse et Seine-Normandie sont les plus concernés par cette pollution selon l’étude des Agences de l’eau de 2007 (1).

PCB et dioxines : qui sont les consommateurs les plus à risque ? Toute personne qui consomme des variétés de poissons à risque, fréquemment (plus de deux fois par semaine) et plus encore parmi elles, les femmes enceintes et les jeunes enfants.

Les pêcheurs amateurs de poissons d’eau douce et leurs familles sont aussi concernés. L’Afssa conseille de "penser à varier les espèces et les provenances et à limiter sa consommation de poissons bio-accumulateurs de PCB (anguille, carpe, silure)".

Mercure : espadon, thon, saumon, raie sont les plus contaminés

Le mercure qui pollue les océans provient essentiellement des rejets de l’industrie (exploitation minière, combustion de déchets…) Dans le milieu aquatique, on le retrouve surtout sous la forme de méthylmercure.
"Le taux de pollution d’un poisson dépend essentiellement de sa longévité. Les carnassiers sont ainsi les plus atteints suivant le principe d’accumulation de polluants le long de la chaine alimentaire," explique Claude Aubert, ingénieur agronome et co-auteur de "Poissons bio Guide d’achat et recettes."

Mercure : quels sont les poissons les plus concernés ? Surtout les poissons de mer comme l’espadon, le thon, le saumon, la raie ou la lotte.

Mercure : quels sont les risques santé ? "Ce contaminant, sous la forme de méthylmercure, présente une toxicité particulière pour le système nerveux central en cours de développement," avance L’Afssa. Les fœtus et les jeunes enfants exposés à de fortes doses de ce métal lourd peuvent présenter un retard psychomoteur et mental.

Mercure : le poisson que vous mangez est-il à risque ?

Le mercure se retrouve principalement dans les zones maritimes. La Manche, l’Atlantique Nord mais aussi la Seine et le Rhône sont les plus contaminées selon l’étude OSCAR de 2000 (2).

Mercure : qui sont les consommateurs les plus à risque ?Les personnes consommant beaucoup de poisson originaire des zones citées. Les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de 6 ans sont tout particulièrement sensibles au mercure.

L'EFSA (European Food Safety Authority) conseille d’alterner les poissons prédateurs (thon, bar…) avec des poissons en bas de la chaîne alimentaire (maquereau, sardine..) pour limiter l’exposition au mercure.

Pesticides : les poissons gras sont les plus contaminés

Les pesticides qui peuvent se concentrer dans le foie et les parties grasses des poissons occasionnent des problèmes de santé.Le DDT (Dichlorodiphényltrichloroéthane) ou le HCB (Hexachlorobenzene) utilisés jusque dans les années 70-80 en agriculture, se retrouvent en grande quantité dans les cours d’eau suite au lessivage des sols par la pluie.

Les zones maritimes et fluviales concentrant le plus de pesticides en France se trouvent dans le bassin parisien, en Adour-Garonne, le long du Rhône et en Méditerranée (4).

Pesticides : quels sont les poissons les plus concernés ? les poissons gras d’eau douce et de mer de type anguille, saumon, thon…

Pesticides :quels sont les risques santé ? Les DDT et HCB sont des perturbateurs endocriniens. Selon, L’ASEF (Association Santé Environnement France) plusieurs études européennes (5) (6) indiquent qu’une exposition à ces pesticides entraîne "une chute de la production spermatique, une augmentation des cancers testiculaires ainsi que des malformations des parties génitales."

Pesticides : qui sont les consommateurs les plus à risque ?

Toute personne consommant plus de deux fois par semaine des poissons gras pêchés dans les zones citées (hors poissons de mer, ce sont souvent les pêcheurs). Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont tout particulièrement sensibles aux pesticides.

Antibiotiques : poisson d’élevage traditionnel à risque

Des résidus d’antibiotiques, administrés aux poissons d’élevage (oxytétracycline, sulfadiméthoxine,tétracycline) en traitement de certaines maladies, peuvent ensuite migrer chez l’homme lors de leur consommation.

Résidus d’antibiotiques : quels sont les poissons concernés ? Tous les poissons d’élevage traditionnel (saumon, bar, dorade, truite de mer…)

Résidus d’antibiotiques : quels sont les risques santé ? Selon le rapport "Médicaments et environnement" de l’Académie nationale de pharmacie (3), "l’excès d’utilisation des antibiotiques en aquaculture engendre (…) une altération potentielle de la flore intestinale normale, augmente la susceptibilité aux infections et la présence de bactéries antibio-résistantes. Cette consommation "aveugle" d’antibiotiques dans l’alimentation augmente aussi les risques de problèmes allergiques."

Résultat : un risque de résistance du système immunitaire aux antibiotiques et par conséquent une guérison plus difficile en cas de maladie infectieuse.

Résidus d’antibiotiques : qui sont les consommateurs les plus à risque ? Les personnes qui consomment des poissons d’élevage plus de deux fois par semaine.

Radioactivité : le poisson que vous mangez est-il contaminé ?

Peu connue, la radioactivité est aussi un élément de contamination des poissons. Vingt ans après Tchernobyl, un rapport d’institutions des Nations Unies (7) fait le point : "en raison de la bio-accumulation dans la chaîne alimentaire aquatique, on a trouvé des concentrations élevées de radiocésium dans des poissons provenant de lacs d’Allemagne et de Scandinavie."

Des rejets ponctuels de tritium en France dans les cours d’eau par les centrales nucléaires, comme fin novembre 2010 à Saint-Maur-des-Fossés (94), sont aussi parfois déplorés par des associations de riverains et surveillées par l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).

Radioactivité : quels sont les poissons les plus concernés ? Les poissons plats de mer (sole, turbot, flétan) et d’eau douce à proximité des centrales nucléaires et les poissons d’eau douce de lacs fermés d’Allemagne et Scandinavie.

Radioactivité : quels sont les risques santé ? Le radiocésium se concentre sur les arrêtes des poissons et non les muscles, le risque ne serait donc pas significatif pour les hommes.

Concernant le tritium, l'ASN (l'Autorité de sûreté nucléaire) revoit actuellement les risques qualifiés auparavant de "peu radio-toxique" car même s’il n’est que modérément radiotoxique, il représente en France l’un des radionucléides prépondérants en terme d’activité.En cas d’apparition de troubles digestifs, hématologiques et nerveux, il est conseillé de consulter un médecin.

Radioactivité : qui sont les consommateurs les plus à risque ? Tout ceux consommant régulièrement du poisson originaire des zones citées. Les femmes enceintes, les jeunes enfants et les personnes âgées sont plus sensibles à une exposition à la radioactivité.

Parasites : les poissons crus pas assez frais sont à risque

Le poisson cru, très en vogue notamment dans les restaurants japonais, peut cacher une menace : le parasite Anisakis. Ce ver se développe en particulier chez les poissons carnassiers lorsqu’ils sont trop peu frais.

Selon un guide de l’Offimer (office national interprofessionnel des produits de la mer et de l'aquaculture) (8), le merlan, par exemple, aurait une forte fréquence de parasitage (70 à 100 %) etle maquereau une fréquence moyenne (30 à 50 %).

Parasite : quels sont les poissons les plus concernés ? Le hareng, le maquereau, le saumon, le merlan ou encore la morue

Parasite : quels sont les risques santé ? L’absorption d’un poisson infecté peut causer des douleurs à l’estomac, nausées, vomissements voire diarrhée. Dans de rares cas, on constate une inflammation aiguë ou des troubles digestifs pouvant se transformer en occlusion intestinale ou en péritonite.

En cas d’apparition de ces symptômes, il est conseillé de consulter un médecin. Mais une congélation à moins 20 degrés pendant 24 heures ou une cuisson du poisson élimine tout risque.

Parasite : qui sont les consommateurs les plus à risque ? Tous ceux qui consomment du poisson pas assez frais mais les plus fragiles sont les femmes enceintes ainsi que les personnes exposées fréquemment au parasite et qui développent une sensibilité accrue avec des symptômes qui s’accentuent.

Poisson bio : y a-t-il des risques de contamination ?

Le poisson bio, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas un poisson sauvage mais un poisson d'élevage. Les antibiotiques et stimulants de croissance sont bannis des cahiers des charges et la densité de poissons dans les cages est inférieure à la pisciculture traditionnelle.

Quels poissons peuvent être bio ? Le saumon, le bar, la dorade royale, la truite…

Poissons bio : quels sont les risques santé ?" Toutefois, bio ou pas, les poissons carnivores – c’est-à-dire tous les poissons de mer certifiés bio – ont pour nourriture principale des farines et des huiles de poissons sauvages qui ne sont pas à l’abri des pollutions", souligne Claude Aubert, ingénieur agronome dans son livre "Poissons bio, guide d’achats et recettes".

Surpêche : le thon rouge, la lotte et la sole en danger !

La surpêche entraînerait la disparition complète du poisson de mer pour 2048 selon un rapport publié en novembre 2006 dans la revue "Science" (9).

Déjà certaines espèces sont en voie d’extinction. Des associations environnementales comme Greenpeace tirent la sonnette d’alarme en demandant aux consommateurs de ne plus acheter ces types de poissons et aux pêcheurs de limiter leurs prises afin de permettre aux stocks de se reconstituer.

Poissons à ne pas acheter selon Greenpeace : Flétan de l’atlantique, cabillaud, églefin, saumon atlantique, sole, lotte, bar, raie, thon rouge (10).

Alternative aux espèces de poissons menacées : Greenpeace recommande de "consommer des espèces herbivores d'élevage comme le Tilapia ou le Pangasius ou des espèces comme le bar de ligne."

Dans le cas des premiers, leur élevage est plus écologique. Pour le bar, la méthode de pêche est plus respectueuse de l'environnement. On peut aussi privilégier les produits portant le label MSC qui garantit un contrôle des stocks.

Sources

- "Poissons bio, guide d’achat et recettes", de Claude Aubert et Lionel Goumy, éd. Terre vivante, 2010.

- "Consommer sans risque les aliments sauvages", d’Henri Benech, Fabrice Bruneel et David Duputel, éd. Gerfaut, 2010

- "Les incroyables vertus du poisson", d’Emmanuelle Jumeaucourt, éd. Jouvence, 2010

- ASEF (Association Santé Environnement France)

- EFSA (European Food Safety Authority) 

- ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) ex Afssa (Agence Française de sécurité sanitaire des aliments) 

- IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).

(1)    Etude  sur la "Contamination des sédiments fluviaux et estuariens par les PCB" par les agences de l'Eau, BD Carthage 2007.

(2)    Etude Oscar (Ospar background document on Mercury), 2000
(3)    Rapport "Médicaments et environnement" de l’Académie nationale de pharmacie de septembre 2008.

(4)    Etude  sur la "concentration totale en pesticides dans les cours d’eau, moyenne annuelle 2007" par les agences de l'Eau – Meeddm, BD Carthage 2008.

(5)    Etude sur "Les signatures chimiques spécifiques de composés environnementaux persistants dans le lait maternel", de Krysiak-Baltyn K, Toppari J, Skakkebaek NE and co, Center for Biological Sequence Analysis, Technical University of Denmark, Lyngby, Denmark, 2010.

(6)    Etude  sur "Les expositions maternelles aux produits chimiques de type perturbateurs endocriniens et malformation hypospadias chez l’enfant", de Giordano F, Abballe A, De Felip E, di Domenico A, Ferro F, Grammatico P,  ans co, Res A Clin Mol Teratol. 2010
(7)    Rapport  EFSA0

(8)   EFSA1 (office national interprofessionnel des produits de la mer et de l'aquaculture) sur les principaux dangers sanitaires

(9) Rapport EFSA2, Science, Novembre 2006

(10)   EFSA3 guide à l’usage du consommateur responsable, Greenpeace

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