Sommaire
- Définition : qu’est-ce que l’énurésie nocturne ?
- Quelle est la fréquence de ce trouble de la miction ?
- Quels sont les symptômes de l’énurésie nocturne ?
- Les causes de ce dysfonctionnement
- Ses facteurs de risques
- Les personnes à risque
- Combien de temps dure l’énurésie nocturne ?
- Est-elle contagieuse ?
- Qui, quand consulter en cas d’énurésie nocturne ?
- Les complications de l’énurésie nocturne
- Les examens et les analyses à pratiquer en cas d’énurésie
- Quel est le traitement de l’énurésie nocturne ?
- Énurésie nocturne : comment la prévenir ?
- Sites d’informations et associations
Définition : qu’est-ce que l’énurésie nocturne ?
L’énurésie désigne une miction répétée, involontaire, incontrôlable et inconsciente qui survient à partir de 5 ans. Avant cet âge, l’immaturité de la fonction urinaire ne permet pas toujours l’acquisition de la propreté pendant la nuit. L’énurésie disparait le plus souvent spontanément, mais elle doit être prise en charge pour empêcher un retentissement négatif sur l’enfant et sa famille.
Quelles sont les différentes formes d’énurésie nocturne ?
L’énurésie peut se présenter sous différentes formes :
- L’énurésie primaire est de loin la plus fréquente. Elle n’a pas été précédée d’une période d’au moins 6 mois durant laquelle l’enfant a été "propre".
- L’énurésie secondaire débute le plus souvent entre 5 et 7 ans. Elle apparait alors que l’enfant a déjà connu une période de propreté d’au moins 6 mois.
L’énurésie nocturne peut aussi être :
- Une énurésie totale, si l’enfant urine toutes les nuits.
- Une énurésie clairsemée, lorsqu’il est possible de relier les nuits humides aux événements de la journée précédente.
- Une énurésie intermittente, si les accidents n’interviennent qu’à certaines périodes.
- Une énurésie épisodique : les accidents sont exceptionnels, lors d’un événement particulier comme une maladie, un déménagement, etc.
Quelle est la fréquence de ce trouble de la miction ?
On estime que l’énurésie concerne environ 10% des enfants de 5 à 10 ans. Le pourcentage d’enfants ou d’adolescents se réduit nettement avec l’âge :
- 49% entre 3 et 4 ans font encore pipi au lit, sans que l'on parle d'énurésie.
- 11% entre 5 et 7 ans.
- 2 à 3% à l’adolescence.
Quels sont les symptômes de l’énurésie nocturne ?
L’enfant ou l’adolescent qui présente une énurésie mouille son lit sans en avoir aucune conscience, toutes les nuits ou de manière épisodique. Ce symptôme est souvent isolé, mais il peut aussi s’associer à des signes urinaires diurnes : mictions fréquentes et impérieuses, fuites urinaires, brûlures en urinant, difficultés à uriner, mictions et soif abondantes. Ces signes doivent faire rechercher des causes organiques.
Les causes de ce dysfonctionnement
Différentes hypothèses sont évoquées pour expliquer l’énurésie, même si tout n’est pas encore clair. Le "pipi au lit" est complexe et multifactorielle.
Une immaturité de la vessie
Elle pourrait être à l’origine de l’énurésie primaire. L’immaturité vésicale est un retard des réflexes neuromusculaires contrôlant la vessie.
Une production d’urine trop importante au cours de la nuit
L’énurésie pourrait également être le résultat d’un trouble de la sécrétion nocturne de l’Hormone Antidiurétique (ADH) censée ralentir la production d’urine par le rein au cours de la nuit.
Un seuil d’éveil plus élevé
Dans cette autre hypothèse, l’enfant énurétique pourrait avoir un seuil d’éveil plus élevé qui perturberait la réaction normalement provoquée par le remplissage de la vessie. L’enfant non énurétique se réveille, tandis que l’enfant énurétique poursuivrait sa nuit.
Des facteurs psychologiques
Certains facteurs psychologiques ou socio-éducatifs pourraient jouer un rôle dans la survenue de l’énurésie, entretenir ou aggraver ce trouble. Il peut être le reflet d’un épisode dépressif ou douloureux dans la vie de l’enfant ou de l’adolescent. "Les facteurs psychologiques jouent notamment un rôle prépondérant dans la survenue des énurésies secondaires", confirme le Dr Christophe Philippe, pédiatre.
Une infection ou une maladie
L’énurésie secondaire peut être provoquée par une infection urinaire ou un diabète de type 1.
Ses facteurs de risques
Plusieurs facteurs peuvent ralentir l’acquisition de la propreté nocturne, ou favoriser l’énurésie secondaire. On note :
- Un stress important, comme la naissance d’un autre enfant, des difficultés familiales ou scolaires.
- Des troubles du sommeil.
- Des troubles du comportement et du langage, ou encore des troubles psychomoteurs.
- Des parents trop contraignants ou trop passifs par rapport à l’apprentissage de la propreté.
Les personnes à risque
Le facteur familial est important dans l'énurésie. Un enfant dont l'un des parents a été énurésique présente un risque nettement accru de l'être aussi.
Combien de temps dure l’énurésie nocturne ?
Même si elle guérit toujours tôt ou tard, l’énurésie est très variable d’une personne à l’autre. Elle peut disparaître en quelques jours, comme perdurer plusieurs années.
Est-elle contagieuse ?
L’énurésie est un trouble qui n’a rien à voir avec une maladie virale ou bactérienne, elle n’est donc pas contagieuse.
Qui, quand consulter en cas d’énurésie nocturne ?
L’énurésie peut être d’autant plus compliquée à traiter qu’elle a été prise en charge tardivement. Les parents doivent consulter le médecin généraliste ou le pédiatre immédiatement si :
- L’enfant présente des troubles urinaires dans la journée, comme une impossibilité de se retenir, un besoin d’uriner fréquemment, des brûlures en urinant, ou une fièvre associée.
- D’autres symptômes sont apparus récemment, notamment un besoin de boire très souvent, ce qui peut faire penser à un diabète.
Les parents peuvent prendre rendez-vous sans urgence avec le pédiatre dans les cas suivants :
- L’enfant continue à faire pipi dans son lit après 6 ans.
- Il recommence à le faire alors qu’il a été "propre" pendant une période d’au moins 6 mois.
- En plus de l’énurésie, l’enfant souffre de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité.
- L’enfant souffre d’une baisse d’estime de soi.
- Son énurésie perturbe la vie familiale ou sa vie sociale.
Les complications de l’énurésie nocturne
Faire pipi au lit ne donne lieu à aucune complication physiologique. En revanche, un phénomène de culpabilité et une mauvaise estime de lui-même peuvent se développer puis s’aggraver chez l’enfant, surtout si ses parents le punissent ou se focalisent démesurément sur son trouble.
Quelles sont les conséquences de l’énurésie ?
L’énurésie peut avoir d’importantes répercussions sur la vie familiale et sociale de l’enfant ou de l’adolescent. Elle peut le conduire à l’isolement, voire à l’exclusion. Une enquête réalisée en 2007 a ainsi démontré que :
- 86% des parents déclarent être gênés par l’énurésie de leur enfant.
- 80% des enfants déclarent également être gênés.
- 63% n’en ont jamais parlé à leurs amis.
- 13% des enfants énurétiques disent avoir déjà refusé de participer à un séjour en collectivité pour cette raison.
- 45% des parents pensaient que l’énurésie avait un impact sur la vie sociale de l’enfant.
Les examens et les analyses à pratiquer en cas d’énurésie
Le médecin pratique un simple examen clinique. Il pose plusieurs questions aux parents afin de repérer la présence éventuelle de troubles de l’attention, d’une perte d’estime de lui-même, ou encore d’une maladie sous-jacente. Il peut aussi avoir recours à un entretien en tête à tête avec l’enfant, notamment pour lui expliquer ce qui se passe dans son corps, et ce qui pourrait l’aider à aller mieux. Des examens complémentaires ne sont réalisés que si le médecin soupçonne une cause organique à l’énurésie, avec des signes diurnes associés.
Que faire quand son enfant fait pipi au lit ?
Les parents doivent d’abord garder en tête que l’enfant ne fait pas exprès de mouiller son lit, et qu’il est essentiel de lui redonner confiance en lui, sans l’humilier ni le punir. Quelques mesures simples peuvent parfois suffire à régler le problème :
- Expliquer les causes à l’enfant avec des mots qu’il comprend. Ne pas dramatiser et chercher à le déculpabiliser en lui disant que plein d’autres enfants font pipi au lit.
- L’inciter à aller aux toilettes dans la journée sans se retenir trop longtemps.
- L’habituer à vider sa vessie juste avant d’aller au lit.
- L'inviter à boire de l'eau dans la journée même s'il n'a pas soif.
- Essayer de limiter la quantité de liquide qu’il boit dans la soirée, notamment les boissons gazeuses, sans pour autant le priver d’eau s’il manifeste de la soif.
- Installer une veilleuse dans le couloir pour qu’il puisse facilement aller aux toilettes pendant la nuit.
- Placer une housse en plastique sous le drap, et utiliser des draps qui ne se repassent pas.
- Impliquer l’enfant dans son traitement, et notamment dans le nettoyage, sans en faire une punition.
Faut-il faire un journal des pipis aux lit ?
Le conseil du Dr Christophe Philippe, pédiatre :
"Je ne propose pas de calendrier où l’enfant doit pointer les nuits mouillées par des nuages et les nuits sèches par des soleils. Cela n’a aucun sens pour lui puisque tout se passe durant son sommeil. Le récompenser d’un soleil pour une nuit sèche reviendrait à le punir pour une nuit mouillée, alors qu’il n’y est pour rien".
Quel est le traitement de l’énurésie nocturne ?
Les traitements ne sont envisagés que si les mesures générales mises en place à la maison n’ont pas donné de résultat.
Les médicaments
Si rien ne fonctionne et que l’énurésie est un vrai problème pour l’enfant et sa famille, le médecin peut prescrire :
- De la desmopressine. Ce médicament reproduit le comportement de l’hormone antidiurétique pendant la nuit.
- De l’oxybutinine. Cet anti-cholinergique permettrait le relâchement des muscles de la vessie, et augmenterait donc ses capacités.
Tous les médicaments sont cependant susceptibles de générer des effets secondaires qui doivent être immédiatement rapportés au médecin.
L’alarme "pipi"
Un dispositif déclenche une alarme lorsque l’enfant commence à uriner. L’objectif est de lui apprendre à se réveiller quand il a besoin d'uriner. Ces appareils sont cependant souvent mal tolérés par les enfants et les familles.
Photo : le dispositif d'alarme "pipi au lit"
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Les approches complémentaires
Si les parents le souhaitent, certaines thérapies complémentaires peuvent être essayées en parallèle de la prise en charge classique, notamment l’hypnothérapie ou l’acupuncture. Elles ont pu montrer parfois des résultats intéressants, mais la preuve scientifique de leur efficacité reste à démontrer.
Énurésie nocturne : comment la prévenir ?
Il est impossible de prévenir l’énurésie. On sait cependant qu’il vaut mieux éviter de trop mettre en évidence les progrès ou non dans l’acquisition de la propreté.
Sites d’informations et associations
Enquêtes TNS Healthcare (2007) : Lottmann H. Observatoire français sur les répercussions et la prise en charge de l'énurésie nocturne chez l'enfant et l'adolescent. Médecine & Enfance 2009;29:298-302
Moutard M-L. Traitement de l'énurésie. Médecine thérapeutique / Pédiatrie, vol. 1, no 5, France, 1998, p. 453 à 457