Que valent vraiment les cosmétiques qui contiennent des probiotiques ?Istock
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Vous connaissez certainement les probiotiques contenus dans les yaourts ou encore sous forme de compléments alimentaires. Les consommer permet de contribuer à améliorer la santé de notre appareil digestif, en ayant une action bénéfique sur notre microbiote intestinal (population de microorganismes indispensables au bon fonctionnement de notre corps). Mais saviez-vous que les probiotiques peuvent également avoir une action sur notre microbiote cutané ?

C’est quoi les probiotiques ?

Au même titre que le microbiote intestinal, il existe un microbiote vaginal, buccal ou encore cutané. Pour préserver ces microbiotes et favoriser leur action bénéfique sur le corps, il est important de leur fournir des probiotiques. « La définition des probiotiques provient du domaine alimentaire. Les probiotiques sont des microorganismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantité adéquate, confèrent un bénéfice pour la santé de l’hôte », explique Céline Couteau. Finalement, l’intérêt des probiotiques est d’utiliser de bons microorganismes non pathogènes, qui vont se multiplier, dans le but d’apporter un équilibre à la flore en éliminant tous les germes indésirables.

Probiotiques, prébiotiques : quelle différence ?

Bien souvent, les probiotiques et les prébiotiques sont confondus car il s’agit de termes assez similaires. Pourtant, leur nature et leur rôle n’est pas tout à fait le même comme le détaille la docteure en pharmacie : « Les prébiotiques correspondent à des substrats utilisés sélectivement par les microorganismes hôtes conférant un bénéfice pour la santé. Cela permet aux microorganismes de se multiplier. En d’autres termes, il s’agit du carburant des probiotiques. »

Probiotiques : quel est l’intérêt de les inclure à des formules cosmétiques ?

Le microbiome cutané, tout comme intestinal, nécessite un certain équilibre afin de pouvoir préserver la peau des agressions extérieures et empêcher le développement de germes. Cette idée développée en direction de la flore intestinale est aujourd’hui exploitée au niveau cutané. « Au niveau intestinal, plus il y a de probiotiques, plus le microbiote sera capable de se défendre. Au niveau cutané, si les bons microorganismes sont en quantité suffisante, la peau saura se défendre et les mauvaises bactéries ne pourront pas se développer », explique l’experte. Les bons microorganismes capables d’empêcher les germes de se développer au niveau cutané sont donc les probiotiques, apportés par le biais de cosmétiques.

Microbiote cutané et utilisation de cosmétiques : un équilibre fragile

Le microbiote cutané altéré aurait donc besoin de probiotiques contenus dans certains cosmétiques pour repeupler la surface de la peau dans le but de regagner du terrain face aux germes envahisseurs. Mais c’est un peu le serpent qui se mord la queue d’après notre experte : « Le microbiote cutané peut être altérée par toutes sortes de facteurs, mais en particulier par les cosmétiques. Par exemple, lorsque l’on se lave, si on utilise un savon détergeant, cela va avoir pour effet de décaper la peau et d'éliminer le film hydrolipidique dans lequel se trouvent des bons microorganismes. On élimine donc le microbiote. » Le microbiote cutané peut également être altéré par certains cosmétiques qui renferment des conservateurs antimicrobiens, nécessaires à la préservation de la formule. Trouver un bon équilibre entre utilisation de cosmétiques et préservation du microbiote cutané n’est donc pas évident. « Trouver un cosmétique qui est finalement respectueux du microbiote cutané serait ce qu’il y a de mieux. On voit que cela commence à faire partie des allégations d’un certain nombre de cosmétiques », note l’experte.

Les cosmétiques à base de probiotiques contiendraient en réalité des prébiotiques

Les probiotiques font figure de solution idéale pour l’équilibre cutané. Néanmoins, Céline Couteau note les limites de la tendance émergeant dans l’industrie cosmétique. « Il y a un problème de vocabulaire. On parle de probiotiques mais cela n’est pas correct. On ne retrouve jamais de probiotiques dans les cosmétiques puisqu’il s’agit d’organismes vivants. Il est aujourd’hui impossible de les inclure dans les formulations », explique-t-elle. « Cela le sera peut-être d’ici 10 ou 15 ans. D’ailleurs, récemment, L’Oréal a fait l’acquisition d’une société basée au Danemark dont l’activité principale est la recherche sur les probiotiques. »

Un problème réglementaire est également soulevé par l’experte. Les cosmétiques mis en vente sur le marché doivent être propres d’un point de vue microbiologique. Un dénombrement des microorganismes composants la formule doit être réalisé. « Actuellement, dans les bonnes pratiques de fabrication, tout est fait pour que le nombre de microorganismes soit le plus réduit possible. Si on décide d’incorporer des organismes vivants, on va changer la donne. Toute une partie de la réglementation devra être révisée… », détaille la docteure en pharmacie.

Quelle est l’efficacité des cosmétiques « à base de probiotiques » actuellement sur le marché ?

Les cosmétiques contenant des probiotiques actuellement disponibles à la vente ne peuvent pas contenir réellement des probiotiques comme l’a expliqué l’experte. Mais que contiennent-ils alors ? « Différents termes sont employés. On va utiliser des prébiotiques, le carburant des probiotiques. On amène de la nourriture aux bons microorganismes présents sur la peau que pour l’équilibre de la flore cutanée soit préservé », déclare Céline Couteau. Finalement, à regarder la composition de ces produits à base de prébiotiques, des ingrédients déjà connus depuis de nombreuses années sont employés. La révolution des probiotiques dans les cosmétiques est bien en marche. Reste aux industriels à réussir de développer des produits respectueux de la réglementation, contenant des organismes vivants. Un pari un peu fou pour Céline Couteau mais prometteur sur le papier.

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