Fabriquer ses cosmétiques soi-même, est-ce une bonne idée ?Istock
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Lorsque l’on achète ses cosmétiques au supermarché ou bien en boutique spécialisée, il n’est pas toujours évident de décrypter les étiquettes. La liste des composants est bien souvent à rallonge et les termes employés ne sont pas des plus courants. Difficile de comprendre véritablement ce qu’on applique sur sa peau. Certains consommateurs sautent le pas et se tournent vers le fait-maison. Selon un sondage I Make, réalisé par Toluna, une Française sur trois aurait déjà fabriqué un produit cosmétique elle-même.

Cosmétiques faits-maison : la qualité des matières premières est peu évidente à contrôler

Il existe deux catégories de cosmétiques faits-maison. Les puristes en la matière ne vont utiliser que des ingrédients trouvés dans la cuisine : du lait, du concombre, de l’amidon de maïs, de la fécule de pomme de terre, des huiles, des épices… Et puis, certains consommateurs souhaitant se rapprocher au plus de procédés réalisés en laboratoire se tournent vers des fournisseurs d’ingrédients comme Aroma-Zone.

Mais commander ses matières premières auprès de fournisseurs comporte un risque, dans la mesure où l’on ne peut pas vérifier ce qui nous est envoyé. « Lorsque l’on reçoit les matières premières chez soi, bien souvent, on va être dans l’incapacité de savoir si le produit reçu est bien le produit qui a été commandé. On reçoit des sachets qui contiennent de la poudre blanche, il est indiqué que c’est de l’amidon par exemple, mais comment parvenir à distinguer un produit d’un autre puisqu’à la maison on ne dispose pas des moyens d’identification des laboratoires ? Ce n’est pas possible », explique Céline Couteau. « Lorsqu’un fabricant de cosmétiques reçoit ses matières premières, celles-ci sont systématiquement contrôlées pour en vérifier l’identité mais aussi la qualité. On sait, par exemple, qu’il y a un certain nombre d’huiles végétalesqui peuvent être adultérées. Une huile noble peut être coupée par une huile bon marché… »

Cosmétiques faits-maison : un dosage peu précis

Outre la problématique liée au contrôle de l’identité et de la qualité des matières premières, celle du dosage est également avancée par notre experte. A la maison, les mesures d’ingrédients à mélanger pour obtenir un cosmétique ne sont pas aussi précises que celles effectuées en laboratoire. « C’est un gros souci. Après avoir réalisé plusieurs études de mon côté, en suivant plusieurs recettes de cosmétiques disponibles sur la toile, j’ai constaté que les mesures se font avec des cuillères à soupe, à dessert, etc. Or, on sait qu’avec des designs de cuillères assez variés, on ne va pas être d’une grande précision. »

Cela peut ensuite poser problème au moment de l’application cutanée, notamment dans le cas de formules un peu plus complexes qu’un simple mélange citron-huile d’olive, qui n'est pas conseillé par ailleurs. « Lorsque l’on est en train de formuler des produits plus élaborés et que l’on a commandé les matières premières chez un fournisseur, plusieurs ingrédients sont présentés comme étant des conservateurs. Ceux-ci doivent être employés en respectant des doses d’emploi. Il ne faut pas les multiplier. Ceci est également valable pour certains actifs comme les acides de fruits. Ils ne doivent pas être utilisés à la louche. Enfin, en laboratoire, on mesure le pH (acidité ou alcalanité) du produit finit. Si on est sur un produit qui est trop acide, cela va générer des brûlures au niveau cutané. Cette mesure nécessite l’emploi d’un pH-mètre, outil dont on ne dispose pas chez soi », explique la docteure en pharmacie.

Les cosmétiques faits-maison sont-ils aussi efficaces que les cosmétiques conventionnels ?

L’experte se dit être plus favorable aux produits que l’on trouve dans le commerce pour des raisons de sécurité, mais également d’efficacité. « J’aime bien faire la comparaison avec la gastronomie : ce qu’on est capable de faire c’est du fast-food, on ne va pas comparer cela à des plats qui ont été préparés par un cuisinier étoilé. Il y a cette notion de penser que chacun est capable de mettre au point une crème hydratante. Même si en laboratoire ce n’est pas quelque chose de difficile, il y a un certain savoir-faire et un nombre de règles à respecter », détaille Céline Couteau.

Des formules qui peuvent poser un problème de santé publique

Dans le domaine bucco-dentaire, un véritable problème de santé publique peut se poser d’après la spécialiste. « On ne peut pas vendre à un particulier des sels fluorés qui sont indispensables à la santé bucco-dentaire. Les produits à usage bucco-dentaire seront alors peu efficaces. »

Il en va de même pour le domaine de la protection solaire. « On voit des choses complètement folkloriques. Certaines bloggeuses vantent les mérites d’huiles végétales qui seraient censées être photoprotectrices avec des valeurs de SPF présumées qui sont fausses. Selon les auteurs, l’huile de pépin de framboise aurait des valeurs de SPF comprises entre 30 et 50. Cela peut encourager les personnes à appliquer seulement cette huile, au lieu d’un produit solaire qui contient de vrais filtres UV tel qu’imposé par la réglementation cosmétique. Or si on est mal protégé des rayons UV, on peut développer à long terme des cancers cutanés », déplore Céline Couteau.

Fabriquer ses cosmétiques soi-même ne garanti pas une hygiène optimale

Lorsque l’on fabrique ses produits cosmétiques chez soi, les règles d’hygiène strictes imposées en laboratoire sont difficilement respectables. « Chez soi, on ne travaille pas dans des conditions aseptiques. Et donc finalement, dans ces cosmétiques, on a un milieu de culture tout à fait favorable au développement de tous les germes que l’on retrouve sur la peau de la personne qui les a réalisés ou dans le milieu ambiant », conclut Céline Couteau.

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