Démence et apnée du sommeil : les femmes sont plus touchées que les hommes

Vous vous réveillez constamment fatigué ? Vous ronflez ? Vous avez l’impression de vous étouffer pendant la nuit ? Les apnées du sommeil peuvent prendre plusieurs visages. “Je faisais constamment des cauchemars, se souvient Christine, 53 ans, appareillée depuis trois ans, et je dormais vraiment mal, me réveillant en pleine nuit un peu angoissée. Je n’aurais jamais pensé que c’était dû aux apnées du sommeil !”

Ronflements : pourquoi faut-il surveiller ?

Longtemps réduite aux simples ronflements (les apnéiques sont de fait souvent des ronfleurs, mais tous les ronfleurs ne souffrent pas de ce syndrome), l’apnée du sommeil (plus précisément le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil, SAHOS ou SAOS) est en réalité une pathologie qui s’accompagne de symptômes plus larges : la fatigue diurne, les troubles de l’érection, les besoins d'uriner plus fréquents pendant la nuit, les sueurs nocturnes, les maux de tête au réveil…

Si vous avez expérimenté ces symptômes, n’hésitez pas à consulter. Des solutions peuvent être mises en place. Dans un entretien pour l'association Santé Respiratoire France, le Dr Frédéric le Guillou, pneumologue estime que 70 % des apnéiques ne sont pas diagnostiqués, et que “les apnées sont encore moins souvent diagnostiquées chez les femmes”.

Ce déni est aussi parfois un refus de l'appareillage (PCC) qui pour le pneumologue “peut également se révéler un handicap, modifier la perception que la personne peut avoir de son corps et ainsi altérer l’image et l’estime qu’elle a d’elle-même.”

Le hic ? Les conséquences d’un SAOS non traité sont bien réelles et largement documentées par la littérature scientifique.

Apnée du sommeil : quelles conséquences sur la santé ?

Mal dormir, on le sait, peut avoir un impact direct sur notre quotidien mais aussi sur notre santé. Une apnée sévère (indice d’apnée supérieur à 30/heure), quand elle n’est pas traitée, peut ainsi favoriser certaines maladies, notamment cardiovasculaires :

• Hypertension artérielle,
• Coronaropathie (ou maladie coronarienne ou insuffisance coronarienne),
• Troubles du rythme cardiaques,
• AVC (accident vasculaire cérébral).

L’apnée du sommeil augmente le risque de développer la maladie d'Alzheimer

Certaines études indiquent que le SAOS prédispose également à certaines maladies métaboliques comme le diabète ou le syndrome métabolique. On le sait moins, mais l’apnée du sommeil pourrait également être impliquée dans le déclin cognitif. La Fondation France Alzheimer indique ainsi sur son site que “l’apnée du sommeil représente un facteur de risque de démence vasculaire (hypertension artérielle, AVC) et favoriserait le développement de la maladie d’Alzheimer. Deux études américaines ont mis en évidence une corrélation entre un sommeil de mauvaise qualité et l’accumulation de la protéine Tau dans le cerveau. Cette protéine est responsable de la destruction des neurones dans la maladie d’Alzheimer.” Plus étonnant encore, une nouvelle étude publiée le 30 octobre dernier dans la revue Sleep Advance avance que ces effets sont différents chez l’homme et chez la femme.

Les femmes plus à risque de démence en cas de SAOS

C’est une équipe de neurologues et de gériatres de la Michigan Medicine aux Etats-Unis qui a suivi 18 815 femmes et hommes âgés de 50 ans et plus (sans démence au départ) pendant 10 ans et qui en est arrivé à cette étonnante conclusion.

Que dit cette étude ? Que l’apnée du sommeil est bel et bien “associée à une incidence cumulative plus élevée de démence entre 60 et 84 ans pour les femmes et les hommes.”

Plus surprenant, alors que les hommes sont statistiquement plus touchés par l’apnée du sommeil, les résultats pondérés montrent que les femmes sont plus particulièrement touchées. “À l'âge de 80 ans, l'incidence cumulative de démence était respectivement de 4,7 % plus élevée pour les femmes atteintes d'AOS et de 2,5 % pour les hommes atteints d'AOS”. Les auteurs recommandent ainsi un meilleur suivi des femmes les plus âgées, atteintes d’apnée du sommeil.