Que ce soit pour détecter les drogues ou certaines maladies, le flair des chiens est mis à contribution depuis quelques années déjà. Et la véritable raison n’est un secret pour personne : la truffe des canidés est indéniablement supérieure à l’odorat humain, en ce qu’elle perçoit ce que l’homme est incapable de sentir. Un constat déjà établi que ne manque pourtant pas d’appuyer une nouvelle étude.
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Publiée dans la revue PLOS ONE, cette récente recherche fait état d’une découverte assez surprenante : les chiens seraient en capacité de sentir lorsqu’une personne se trouve dans un état de stress psychologique. Sentir, et non pas ressentir ! Parce qu’il s’agit bien ici du flair, au sens propre du terme, donc de l’odorat. En effet, selon les travaux de ces chercheurs, le stress « négatif » induirait une modification des composés organiques volatils (COV) libérés par le corps.
Pour parvenir à ce constat, les auteurs de l’étude ont analysé des échantillons d’haleine et de sueur - biais par lesquels les COV seraient exhalés - provenant de personnes non-fumeuses n’ayant ni bu, ni mangé, récemment. Les participants ont ensuite été soumis à une activité induisant du stress. La fréquence cardiaque et la tension artérielle ont elles aussi été observées et accompagnées de questionnaires d’auto-évaluation afin de quantifier le degré de stress ressenti.
Comment l’organisme répond face au stress
Le stress n’étant « pas mesurable directement ou de manière fiable », les experts sont obligés de s’appuyer sur des marqueurs physiologiques comme le rythme des battements du cœur et la pression relevée dans les artères.
« Les réponses négatives au stress se produisent lorsqu'un individu ne croit pas avoir les ressources nécessaires pour surmonter un facteur de stress et s'accompagnent d'une augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle, tandis qu'une réponse positive au stress se produit lorsqu'un individu croit qu'il dispose des ressources ou de la capacité adéquates pour surmonter un facteur de stress et s'accompagne souvent d'une diminution de la pression artérielle », expliquent les auteurs de l’étude. Aussi, ces mesures cardiovasculaires ont permis de valider les échantillons prélevés, confirmant ainsi l’état de stress de la personne concernée.
A l’étape suivante, les participants ayant subi le stress le plus intense ont été présentés à différents types de chien, dans les trois heures qui ont suivi l’expérience.
Les chiens au service de la biodétection
Ces chiens avaient spécialement été entraînés pour détecter le stress, grâce à une méthode de récompense. Lors de leur entraînement, les canidés avaient été exposés à des échantillons biologiques humains et des odeurs « cibles » ont été associées à des mécanismes de récompense (comme des croquettes, notamment). Ainsi, les animaux ont été entraînés à distinguer ces odeurs cibles, des autres. Finalement, les chercheurs ont observé un taux de précision de 93% de la détection de stress au moment du test.
Il a été constaté que « la sueur recueillie auprès des participants lorsqu'ils subissaient un stress contenait plus de substances volatiles que la sueur recueillie dans des conditions neutres. [Les chercheurs] ont émis l'hypothèse que les personnes souffrant de stress psychologique aigu respirent plus rapidement, que leur pouls et leur tension artérielle augmentent, ce qui entraîne probablement une modification de leur profil de COV. Six COV importants associés au stress ont été trouvés », argumentent-ils.
Jusqu’ici, les chiens étaient plus largement entraînés à détecter des signaux d’ordre visuel ou émotionnel, et non olfactif. Cette découverte constitue une véritable avancée en matière de santé et de prévention. « La détection par les chiens des états psychologiques humains a, jusqu'à présent, été principalement évaluée par contagion émotionnelle. La contagion émotionnelle décrit un processus par lequel les états émotionnels ou d'excitation entre les individus se reflètent », précisent les auteurs des travaux.
Les chiens « détecteurs de stress » : une découverte à exploiter plus largement
Si cette étude démontre officiellement que les chiens sont capables de faire la distinction entre les odeurs d'haleine et de sueur prélevées sur les humains avant et après une tâche stressante, « cette découverte nous indique qu'une réponse de stress psychologique aiguë et négative modifie le profil olfactif de notre haleine/transpiration, et que les chiens sont capables de détecter ce changement d'odeur », expliquent-ils.
Toutefois, ce type d’atout chez un chien pourrait être grandement utile si les capacités allaient au-delà. Idéalement, la détection d’un stress accru par le chien serait réellement efficace s’il était en mesure ensuite de lui apporter des médicaments, d’appeler de l’aide ou bien d’exercer une thérapie de pression profonde sur son maître pour l’apaiser en cas de crise.
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0274143
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