Dysfonction érectile : les facteurs psychologiques trop négligésAdobe Stock
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Les troubles de l’érection concernent un peu plus d’un homme sur dix au cours de sa vie. Cette dysfonction érectile survient plus fréquemment après 50 ans. Distincte d’une simple panne d’érection ponctuelle, la dysfonction érectile renvoie à une incapacité constante ou récurrente à obtenir ou à maintenir une érection suffisante pour avoir une relation sexuelle satisfaisante. On parle de troubles érectiles (ou dysfonction érectile) quand ces difficultés durent plus de trois mois ou lorsqu’ils se répètent à chaque relation sexuelle, rappelle l’Assurance maladie.

Dysfonction érectile : un phénomène de plus en plus courant

Loin d’être marginale, cette difficulté intime, qui altère la vie sexuelle, serait un phénomène de plus en plus fréquent. Sa prévalence a augmenté ces quinze dernières années, affectant des hommes de plus en plus jeunes, révélait une enquête Ifop pour Charles.co parue en 2019.

Pour les hommes concernés, ces troubles érectiles constituent un sujet de préoccupation hautement tabou, source de complexe, propice à altérer l’estime de soi. Problème, peu osent en parler et encore moins franchir le pas de consulter un professionnel de santé : seuls 26% d’entre eux le font. Seulement 9% se tourneraient vers un urologue, 5% un sexologue, 2% un psychologue, et 19% un médecin généraliste, toujours d’après l’enquête Ifop.

Troubles de l’érection : un problème parfois multifactoriel

Comprendre l’origine de ces troubles de l’érection facilite la prise en charge de ce problème sexuel. Parmi les causes physiques, l’âge représente un facteur de risque connu de ce dysfonctionnement. Le vieillissement s'accompagne d'une baisse du niveau de testostérone et de troubles de santé plus fréquents, qui peuvent effet se répercuter sur l’érection.

Les troubles cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle, le diabète, un taux de cholestérol trop élevé, le tabac, le surpoids et l’obésité, constituent autant de facteurs de risque cardiovasculaires qui peuvent être à l’origine de troubles de l’érection.

Dysfonction érectile : un volet psychologique sous-estimé

Les troubles hormonaux (hypothyroïdie, etc) mais aussi des maladies chroniques comme l’insuffisance cardiaque, l’apnée du sommeil, ou la détérioration des nerfs du pénis à la suite d’une chirurgie de la prostate par exemple, peuvent aussi affecter la qualité de la fonction érectile. La prise de médicaments, une blessure, l’usage de drogues ou l’alcool, peuvent également expliquer une impuissance sexuelle.

Mais ce volet physique à l’origine de ce dysfonctionnement ne saurait suffire à expliquer cette affection. Car les troubles de l’érection peuvent également résulter de facteurs psychologiques. Qu’elle soit seule en cause ou qu’elle se greffe aux sources physiques, cette dimension psychologique se révèle actuellement insuffisamment prise en compte dans la prise en charge des hommes qui souffrent de dysfonction érectile. C’est ce qu’avancent des chercheurs de l’Université de Leeds et de l’Université de Derby, au Royaume-Uni.

Dysfonction érectile : mieux intégrer la dimension multifactorielle

En rappelant que cette affection touche "jusqu'à 80 % des hommes de plus de 60 ans", les auteurs de l’étude affirment que les causes psychologiques et leurs traitements sont souvent négligés au profit des composantes biologiques de la dysfonction érectile. Or le stress, la dépression et les pensées intrusives font partie des facteurs psychologiques courants qui peuvent perturber le processus érectile.

Autre cause psychologique relevée par les chercheurs : selon des études, les hommes ayant un score élevé de neuroticisme (tendance à ressentir des émotions négatives) et un score faible d'extraversion courent un risque accru de dysfonctionnement érectile. "Ces hommes sont également plus susceptibles d'adopter des comportements malsains tels que le tabagisme et l'inactivité physique, des comportements [associés à la dysfonction érectile]", relève Mark Allen, chercheur en santé et en psychologie à la Leeds Trinity University.

Dans leur étude parue dans la revue Current Directions in Psychological Science, ils appellent leurs pairs et les professionnels de santé à mieux considérer les traits de personnalité et la santé mentale dans la prise en charge de la dysfonction érectile. L’objectif étant de "mieux intégrer les composantes biologiques et psychologiques des troubles de l'érection et de leurs traitements", pointent les chercheurs.

Repenser les stratégies de traitement

L’enjeu dépasse la sexualité. Les conséquences de ce trouble peuvent imprégner le bien-être psychologique de l’homme concerné, en plus de sa vie de couple. "Les personnes souffrant de dysfonction érectile peuvent se sentir émasculées, honteuses et humiliées. Nombre d'entre eux peuvent retirer leur intimité à leur partenaire qui, à son tour, peut se sentir rejeté(e)" poursuivent les chercheurs.

Les chercheurs plaident pour la mise en place de nouvelles recherches destinées à mieux "comprendre comment les facteurs psychologiques contribuent et peuvent être impliqués dans le traitement" de la dysfonction érectile. "L'intégration de traitements psychologiques tels que la thérapie de couple [ou les thérapies cognitivo-comportementales, les thérapies de groupe notamment] dans le régime de traitement pourrait vraiment être bénéfique pour traiter la dysfonction érectile et améliorer l'état psychologique des personnes touchées et de leurs partenaires", concluent-ils.

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