Votre visage a tendance à rougir lorsque vous buvez de l’alcool ? Ce phénomène, connu sous le nom de “syndrome du rougissement asiatique”, peut augmenter vos risques de développer la maladie d’Alzheimer, révèle une étude de la Stanford University School of Medicine, publiée le 12 décembre dans la revue Acta Neuropathologica Communications.
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Cette rougeur, que l’on surnomme également “Asian flush” ou Asian glow”, est causée par une mutation du gène de l'aldéhyde déshydrogénase mitochondriale 2 (ALDH2). Celle-ci réduit considérablement l’activité de cette enzyme, ce qui entraîne l’accumulation d'acétaldéhyde, un produit toxique produit par la métabolisation de l’alcool.
Le corps réagit à la présence de cette toxine par des rougeurs cutanées et une inflammation. Mais outre les rougeurs, la mutation de l’ALDH2 entraîne aussi des changements biochimiques dans le cerveau, qui peuvent conduire à la maladie d’Alzheimer.
Syndrome du rougissement asiatique : 560 millions de personnes en souffrent
Ce syndrome touche environ 560 millions de personnes dans le monde, soit environ 8 % de la population. Soit autant d’individus potentiellement plus à risque face au déclin cognitif. Les populations d'Asie de l’Est sont particulièrement concernées, d’où le nom attribué à ce syndrome.
“Comprendre la relation entre l'alcool et les gènes liés à la maladie d'Alzheimer aura un gros impact, dans la mesure où un grand nombre de personnes peuvent, sans le savoir, nuire à leur santé future en consommant régulièrement de l’alcool”, souligne le Dr Daria Mochly-Rosen, professeure de biologie chimique et systémique et auteure principale de l’étude.
L’Asian flush augmente le risque de développer la maladie d’Alzheimer
© CC / Brooks PJ, Enoch M-A, Goldman D, Li T-K, Yokoyama A - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/2.5/deed.en
“Nos données suggèrent que l'alcool et les gènes sujets à Alzheimer peuvent exposer les humains à un risque accru face à cette maladie, tant au niveau de son apparition que de son développement”, précise le Dr Mochly-Rosen. "Celles-ci sont basées sur nos études menées sur des cellules humaines et sur des animaux. Il faudrait donc désormais réaliser une étude épidémiologique sur l'homme”.
La mutation génétique entraîne la formation de radicaux libres
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont notamment examiné des cultures cellulaires prélevées sur 20 patients atteints de la maladie d’Alzheimer. L’une de ces cultures était sujette à la mutation de ALDH2 - ou ALDH2*2.
Comparée aux cellules normales, les protéines mutantes ne possédaient qu’une fraction de la capacité à décomposer l’acétaldéhyde. Elles enregistraient également un taux plus élevé de radicaux libres et de 4-HNE, une autre substance chimique toxique normalement traitée par l’ALDH2.
L’accumulation de radicaux libres conduit à la mort des neurones
“Les radicaux libres se forment lorsque nous avons de la fièvre, une maladie chronique ou lorsque nous sommes stressés”, explique le Dr Mochly-Rosen. “Ces radicaux libres forment des aldéhydes toxiques, et le travail d'ALDH2 est d'éliminer ces produits chimiques toxiques. Lorsque ces aldéhydes s’accumulent, les premiers organites qu’ils endommagent sont ceux qui contiennent l’enzyme censée s’en débarrasser : les mitochondries”.
Ce cercle vicieux conduit finalement à une activité mitochondriale réduite, une formation accrue de radicaux libres par les mitochondries endommagées et, dans le cas de la maladie d'Alzheimer, à la mort des neurones.
Alcohol, ‘Asian glow’ mutation may contribute to Alzheimer’s disease, study finds, Stanford Medicine, 11 décembre 2019.
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