Produits ménagers, de soins personnels, pesticides… Les substances per- et polyfluoroalkylées, plus connues sous le nom de PFAS, sont très présentes dans notre quotidien. On pourrait même les retrouver dans les emballages alimentaires.
Une récente étude s’est penchée là-dessus et a découvert que les PFAS pouvaient contaminer notre alimentation. La recherche, menée par des scientifiques de l'université Notre-Dame (États-Unis), a été publiée le 6 mars dans la revue Environmental Science & Technology Letters.
PFAS : de quoi s’agit-il ?
"Plus connues sous le nom de PFAS, les per- et polyfluoroalkylées sont des substances aux propriétés chimiques spécifiques, utilisées dans de nombreux domaines industriels et produits de la vie courante", explique le ministère de la Transition énergétique.
Les PFAS sont une grande famille constituée de plus de 4000 composés chimiques aux propriétés très diverses (antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs…). Ces substances se dégradent très lentement à cause de leur teneur en liaisons carbone-fluor (parmi les liaisons chimiques les plus stables). Ainsi, elles sont parfois appelées produits chimiques éternels. Parmi les PFAS les plus connus, on retrouve :
- le PFOA (acide perfluorooctanoïque)
- le PFOS (sulfonate de perfluorooctane)
Ces substances sont largement utilisées depuis les années 1950, que ce soit dans les domaines textile, cosmétique, phytosanitaire ou dans les emballages alimentaires.
C’est ce dernier domaine qui a principalement intéressé les chercheurs, qui ont voulu savoir si les PFAS pouvaient contaminer l’alimentation. Pour cette recherche, les scientifiques ont effectué des expériences de lixiviation sur des contenants en plastique fluoré en polyéthylène à haute densité (HDPE). Le procédé de lixiviation consiste à extraire des substances solubles par un solvant. Cette extraction a permis de relever les concentrations de PFAS présentes dans les produits observés.
Des PFAS détectés dans des solvants et produits alimentaires
Les résultats ont révélé que des milliards de PFAS pouvaient se propager dans les solvants, mais également dans certains produits alimentaires, en seulement une semaine.
"Non seulement nous avons mesuré des concentrations importantes de PFAS dans ces contenants, mais nous pouvons aussi estimer que les PFAS qui se sont lixiviés ont créé une voie d'exposition directe", a déclaré Graham Peaslee, professeur de physique au Département de physique et d'astronomie de Notre Dame et auteur de l’étude.
"Notre estimation des PFAS rejetés dans les aliments variait de 0,77 à 2,68 ng/kg de poids corporel par semaine, ce qui montre que l'ingestion d'aliments stockés dans ces contenants pourrait être une source importante d’exposition", ajoutent les auteurs de l’étude. Cette quantité de PFAS est suffisante pour présenter un risque pour la santé.
"Il est important de noter que ces types de contenants ne sont pas destinés au stockage des aliments, mais rien n'empêche de les utiliser pour cela pour le moment. De plus, il est quasiment impossible pour un consommateur de savoir si un récipient a subi ce traitement", précisent les chercheurs.
PFAS : un risque pour la santé qui doit être surveillé
"Nous avons mesuré des concentrations d'APFO (acide perfluorooctanoïque qui fait partie des PFAS) qui dépassent considérablement la limite fixée par les limites d'avis de santé 2022 de l'EPA (Agence de protection de l’environnement)", préviennent les auteurs de l'étude.
De plus, les PFAS peuvent polluer sur le long terme. "Maintenant, considérez que non seulement nous savons que les produits chimiques migrent dans les substances qui y sont stockées, mais que les contenant eux-mêmes retournent dans l'environnement via les décharges. Le PFAS ne se désintègrent pas. Une fois que ces produits chimiques sont utilisés, ils pénètrent dans les eaux souterraines et dans nos systèmes biologiques . Ainsi, ils causent des problèmes de santé importants", alertent les scientifiques.
Parmi ces nombreux problèmes de santé, on note des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, des problèmes de fertilité et des cancers. "L'observation de la migration des PFAS suggère que des réglementations d'utilisation sont justifiées et que des études futures devraient explorer leur devenir lorsqu'ils sont éliminés ou recyclés", concluent les scientifiques.
https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.estlett.3c00083
https://news.nd.edu/news/plastic-containers-can-contain-pfas-and-its-getting-into-food/
https://www.ecologie.gouv.fr/plan-daction-ministeriel-sur-pfas
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