Le vin est-il bon pour la santé?Istock
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Le vin protège-t-il de certains cancers?

Oui, il y a bien un effet vin dans la prévention de certains cancers! Et ce même si une extrême modération s’impose chez les femmes surtout après la ménopause (risques accrus de cancer du sein)', selon le Dr Dominique Lanzmann-Petithory, médecin épidémiologiste et chercheur à l’Inra.

Selon elle, le vin diminuerait les tumeurs 'en lien avec la digestion' c’est-à-dire de l’oesophage, de l’estomac et des intestins. 'Si les observations montrent une diminution du risque de développer certains cancers, le problème de l’alcool persiste', souligne cependant le Dr Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS. 10 % des tumeurs en général sont liées à une consommation excessive d’alcool.

Le vin est-il bon pour le coeur et les artères?

Les bienfaits du vin pour le coeur et les artères sont connus du monde entier. Ils 'ne font aucun doute' pour le Dr Dominique Lanzmann-Petithory, médecin épidémiologiste et chercheur à l’INRA. Les polyphénols ou 'tanins' du raisin réduisent, dit-on, les risques d’accidents cardiovasculaires.

Seulement voilà, pour certains chercheurs, il faut nuancer. Selon le Dr Michel de Lorgeril chercheur au CNRS: 'Ces conclusions ne reposent que sur des études d’observations'. Même si en tant que médecin et cardiologue, il conseille au cas par cas à certains patients de boire du vin tous les jours modérément, 'il faut rester prudent dans l’interprétation des résultats'. Le vin est une boisson aux effets nocifs sur le foie, le coeur et les artères! Il ne peut être considéré comme un médicament!

Le vin limite-t-il les risques d’Alzheimer?

Certains travaux scientifiques montrent une baisse des maladies liées à la démence, comme Alzheimer, chez les personnes qui boivent régulièrement du vin.

Attention: rien n’est moins sûr pour nos spécialistes! Selon le cardiologue et chercheur Michel de Lorgeril: 'Les études épidémiologiques à ce sujet restent vagues et les résultats polémiques. 'Pour lui l’alcool est un puissant facteur de dégénérescence vasculaire cérébrale de type Alzheimer.

En clair: les effets délétères de l’alcool sur le cerveau s’opposent aux bienfaits supposés des polyphénols. De son côté, le Dr Lanzmann-Petithory, chercheur à l’INRA préfère ne pas s’avancer. 'Les recherches sont en cours', remarque-t-elle.

Boire du vin prévient-il l’ostéoporose?

Pour le Dr Michel de Lorgeril, médecin cardiologue chercheur au CNRS, il est probable que le vin ait des effets protecteurs indirects contre l’ostéoporose. 'Les alcools polyphénoliques augmentent la proportion des oméga 3 qui protègent les os', dit-il.

Le problème, c’est qu’on ne sait pas si ces bienfaits sont liés à la consommation de vin, ou à celle d’oméga 3 chez les cobayes s’étant prêtés aux études. Les chercheurs ne peuvent donc encore rien affirmer. 'Il est possible qu’il y ait un effet vin contre l’ostéoporose mais les travaux sont encore en cours', confirme le Dr Lanzmann-Petihury, médecin praticien en hôpital et docteur en épidémiologie de la nutrition.

Combien de verres de vin faut-il boire par jour?

On dit qu’il faut boire en moyenne 1 à 3 verres (12 à 36 cl) de vin par jour pour tirer profit de ses polyphénols. Mais ce chiffre ne fait pas l’unanimité. Si 1 à 3 verres est effectivement la quantité idéale pour le Dr Dominique Lanzmann-Petithory, médecin épidémiologiste et chercheur à l’INRA, il faut aussi prendre en compte le poids du consommateur. Plus on est léger, plus la quantité doit être faible...

Mais surtout, selon l’expertise collective de l’Inserm 'Alcool. Effets sur la santé', la limite bénéfique d’un point de vue cardiovasculaire, se situerait autour de 10 ou 20 g d’alcool par jour selon le sexe. Traduction: il ne faudrait pas dépasser 1 à 2 verres si l’on est un homme, et se limiter à un ballon quotidien lorsqu’on est une femme!

Rouge et blanc ont-ils les mêmes vertus?

Il semble que les chercheurs soient d’accord sur ce point! Pour le Dr Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS, le rouge et le blanc ont les mêmes bienfaits pour la santé. 'Il n’existe pas d’études ayant démontré une différence. Le vin rouge est plus consommé que le blanc, c’est tout'.

Idem pour le Dr Lanzmann-Petithory, 'la vinification révèle plus de polyphénols dans le vin rouge que dans le vin blanc.' Mais plus nombreux ne veut pas dire plus efficaces. Les scientifiques pensent que ces micro-nutriments, bien que moins présents dans le vin blanc, peuvent avoir autant d’effets protecteurs sur le système cardiovasculaire que le vin rouge.

Les vins chers sont-ils meilleurs pour la santé?

'Faux', répondent en choeur nos deux chercheurs! Du vin de table bon marché au grand cru d’AOC, tous les vins contiennent des polyphénols. En revanche, le type de raisins utilisés peut faire varier la quantité de polyphénols. 'Les cépages utilisés dans le Sud sont plus riches en polyphénols, parce qu’ils sont plus exposés au soleil', explique le cardiologue et chercheur Michel de Lorgeril.

Les autres alcools ont-ils un intérêt pour la santé?

Les chercheurs ne sont pas d’accord sur la question. Pour le Dr Lanzmann-Petithory, médecin épidémiologiste et chercheur à l’INRA: 'Les études menées sur la bière sont tirées par les cheveux. La bière n’a que des effets négatifs sur la maladie d’Alzheimer et le cancer. Les bénéfices santé sont liés au seul vin, qui reste un jus de fruit fermenté avant d’être une boisson alcoolisée'.

Le cardiologue et chercheur Michel de Lorgeril tempère: 'Si le vin a plus d’avantages que les autres boissons parce qu’il contient des polyphénols, la bière contient, elle, des acides foliques, connus pour leurs vertus anti anémiques et anti infectieuses. De nombreuses études anglo-saxonnes ont par ailleurs montré que la consommation très modérée d’alcool a un impact positif sur la santé.'

Et si le vin n’était pas seul en cause?

Le vin n’est pas un remède miracle, mais s’il est associé à un bon équilibre alimentaire il est profitable pour la santé. Reste à savoir si le vin doit vraiment son efficacité à ses composants ou aux habitudes nutritionnelles qu’il accompagne. 'Il faut noter l’importance dans la diète méditerranéenne des aliments riches en acides foliques (vitamines B9)', souligne le cardiologue et chercheur Michel de Lorgeril.

De son côté, le Dr Lanzmann-Petithory met en avant les qualités culturelles françaises en matière d’alimentation: 'En France, il y a un certain art de vivre et de la table, des bons produits'. Dans ce cadre précis, le vin peut être un complément nutritionnel. Mais là encore, attention: le vin ne corrige pas les méfaits, souvent liés à un régime trop gras

Réels bienfaits ou propagande des lobbies?

Évidemment la question des effets positifs ou négatifs du vin fait débat. D’un côté les alcooliers qui pèsent lourd dans l’économie française. On recense 144 000 exploitations viticoles et vinicoles dans l’Hexagone. La valeur de la production de vin en France était estimée à 8,4 milliards d’euros selon l’Insee en 2002, sans compter les subventions… Ce qui permet aux alcooliers de financer certains travaux de chercheurs.

De l’autre, les associations anti alcool, qui sont pour la prévention des risques liés à l’alcoolémie et qui mettent en avant les effets nocifs de l’alcool. Enfin, il y a les médecins alcoologues et cardiologues qui conseillent le plus souvent une consommation modérée (1 à 3 verres par jour).

Depuis quand parle-t-on des bienfaits du vin?

Au début des années 90, le Professeur Serge Renaud, spécialiste de la recherche en nutrition, a été le premier à envisager un lien possible entre le faible taux de mortalité cardiovasculaire des Français et la consommation quotidienne et régulière de vin (alors que les Français ont à peu prés le même régime alimentaire que les Européens).

Il a donné un nom à ce phénomène: le 'paradoxe français'. Les chercheurs du monde entier poursuivent ces travaux mais l’idée du 'vin-médicament' est loin d’être admise.

Qui finance les recherches de nos intervenants?

Dans le cadre de notre sujet 'Le vin est-il bon pour la santé?', nous avons fait appel aux: - Dr Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS. Il a collaboré directement avec le Pr Serge Renaud.

Ces recherches ont été financées par l’Inserm, le ministère de la Santé, l’industrie pharmaceutique. Il a bénéficié aussi de contrats de subventions européennes et par l’Institut de recherche sur l’alcoolisme (Ireb). - Le Dr Dominique Lanzmann-Petithory, chercheuse à l’Inra qui vient de terminer une étude portant sur les relations entre vin et cancers.

Les résultats sont en cours de publication. Ces recherches sont financées par des associations de viticulteurs comme la CIVB.

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