- 1 - Peut-on développer une addiction à tout âge ?
- 2 - Pourquoi les addictions sont alors moins “visibles” ?
- 3 - Etre addict est plus grave quand on vieillit ?
- 4 - Quelles situations peuvent pousser vers l'addiction quand on vieillit?
- 5 - Comment repérer une addiction ?
- 6 - Pourquoi faut-il plus particulièrement rester vigilant quand on a souffert d'une addiction plus jeune ?
Alcool, tabac mais aussi écrans ou médicaments, l’addiction peut prendre des visages très différents, voire surprenants. Certaines personnes peuvent ainsi devenir accro au sport (on parle de bigorexie), au sucre, au sexe…
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Dans tous les cas, l'addiction s'immisce toujours sournoisement et quand on s’en rend compte, il est souvent difficile de décrocher.
Le hic ? Les problématiques d'addictions concernent de plus en plus de Français… de tous âges. Et malheureusement pour nous, quand on vieillit les addictions sont encore plus sournoises et difficiles à débusquer.
Spécialisé dans les problématiques d’addiction, psychiatre à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif), animateur du podcast Addiktion (le même qui avait accueilli le chanteur Florent Pagny, on vous en avait parlé ici), auteur du livre Docteur : Addict ou pas ? paru cette année aux éditions HarperCollins et porte-parole de l’association SOS Addictions, le Pr Laurent Karila a accepté de répondre à nos questions.
Peut-on développer une addiction à tout âge ?
Oui, on peut développer une addiction à tout âge si on est porteur de cette vulnérabilité ! Il n’y a pas d’âge pour être addict. La maladie addictive est souvent méconnue, mal repérée chez les sujets âgés.
Pourquoi les addictions sont alors moins “visibles” ?
Prenons l’exemple des consommations d’alcool chez les seniors. Le trouble de l’usage de l’alcool chez les femmes seniors est souvent mis de côté. Ce sujet méconnu est même souvent très tabou alors qu’il est plus fréquent qu’on y pense.
Une étude publiée dans le British Medical Journal en 2015 retrouvait qu’une personne sur 5 de plus de 65 ans consommait de l’alcool de façon excessive. Pour les femmes interrogées, cette consommation se chiffrait à deux bouteilles de vin par semaine.
Un pourcentage élevé de seniors est sous tranquillisants. L’interaction avec l’alcool peut être à l’origine de troubles cognitifs pouvant correspondre à un tableau de démence débutante. Il faut explorer le trouble en question car si l’alcool en est à l’origine, il fluctuera avec les consommations.
Etre addict est plus grave quand on vieillit ?
Il faut agir sur les consommations problématiques d’alcool ou d’autres substances afin de prévenir les risques de décès prématurés, les effets délétères sur la santé, les risques de chutes et ses complications et de confusion induits. Il ne faut pas méconnaitre que ces effets puissent être amplifiés par les autres maladies associées liées à l’âge (physiologiques et non physiologiques) et la polymédication.
Quelles situations peuvent pousser vers l'addiction quand on vieillit?
Différents facteurs entrent en jeu dans l’installation d’une conduite addictive tardive comme l’arrêt de la vie active, la diminution des contacts sociaux, un sentiment d’ennui, d’inutilité, contrer sa solitude, supporter la tristesse de la vie quotidienne, la perte de son ou de sa conjoint(e). Le déni est souvent renforcé chez la personne âgée.
Comment repérer une addiction ?
L’addiction à une substance peut être repérée par la conjonction de différents problèmes à la fois psychologiques (asthénie, anxiété, tristesse, insomnie, trouble du comportement…), physiques (hypertension artérielle, chutes, malnutrition…) et sociaux (isolement, perte d’activités, problèmes d’argent, de logement…).
Pourquoi faut-il plus particulièrement rester vigilant quand on a souffert d'une addiction plus jeune ?
Un ancien addict reste addict même s’il est en rémission longue, abstinent, prévoyant. Le cerveau se rappelle toujours ces consommations mais pour lui ce n’est pas un problème. Donc, prudence !
Si vous repérez un des signes mentionnés par le Dr Laurent Karila, si vous vous sentez dans une situation de fragilité par rapport à une conduite addictive, si vous traversez une période difficile (comme un deuil) et que vous avez déjà souffert d’addictions, ne restez pas seul avec votre problème. Ces sites ou numéro d’appel peuvent vous aider :
Associations france Addictions
Tabac info service : 39 89Du lundi au samedi de 8h à 20h. Appel gratuit.
Alcool Info Service : 0 980 980 930De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Gratuit et anonyme.
Drogues info service: 0 80023 13 13De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel est anonyme et gratuit depuis un poste fixe.Appel depuis un portable au coût d'une communication ordinaire : 01 70 23 13 13
Écoute cannabis: 0980980 940De 8h à 2h, 7 jours sur 7. De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe.
Joueurs info service : 0 974 75 13 13De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et non surtaxé
Interview du Dr Laurent Karila
Docteur : Addict ou pas ? (éditions HarperCollin). Prix : 19,90 euros.
https://www.ameli.fr/indre-et-loire/assure/sante/themes/addictions/suivi
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