Un cœur de porc greffé sur un humain pour la seconde fois Adobe Stock
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Pour l’équipe de chercheurs et cliniciens de l’Université de Maryland Medicine (UMMC), à Baltimore, c’est une prouesse historique. Pour Lawrence Faucette, c’est une seconde chance. A 58 ans, cet homme atteint d’une maladie cardiaque en phase terminale, qui se croyait condamner, est devenu le deuxième patient au monde à bénéficier d'une transplantation réussie d'un cœur de porc génétiquement modifié.

Depuis l’opération réalisée avec succès le 20 septembre 2023, l’homme se rétablit bien et communique avec ses proches, selon un communiqué de l’Université du Maryland Medicine. "Personne ne sait ce qui va se passer à partir de maintenant. Au moins, maintenant, j'ai de l'espoir et j'ai une chance", a affirmé Lawrence Faucette dans sa chambre d’hôpital.

Greffe de coeur de porc : la dernière option disponible

Son épouse savoure le moment présent avec son mari, en plaçant tous ses espoirs dans sa guérison prochaine : "Nous n'avons aucune attente, si ce n'est d'espérer passer plus de temps ensemble. Cela pourrait être aussi simple que de s'asseoir sous le porche et de prendre un café ensemble".

Tous deux ont bien conscience que chaque heure qui s’écoule depuis la réalisation de cette intervention délicate est comme un petit miracle. Le cœur de Lawrence Faucette fonctionne aujourd’hui en autonomie, sans aucune assistance et il peut respirer normalement. Mais pour cet Américain, cette transplantation d’un cœur de porc était la seule option qui lui restait.

Souffrant d’une insuffisance cardiaque et de complications liées à sa maladie cardiaque, ce père de deux enfants était condamné à une mort quasi certaine. En raison de la gravité de son état, ce retraité de la marine, ancien technicien de laboratoire, avait été déclaré inéligible à la transplantation traditionnelle par différents grands hôpitaux dont l’UMMC.

En consentant à passer sur la table d’opération, Lawrence Faucette savait pleinement que cette greffe de coeur, en tant que procédure expérimentale, comporte des risques. A ce titre, nul ne peut anticiper la suite des événements, une fois la xénogreffe réussie.

Un accord en urgence de la FDA à titre "compassionnel"

Une xénogreffe est le nom scientifique donné à cet acte chirurgical par lequel est transplanté un greffon sain, en l’occurrence ici un cœur, d’une espèce biologique distincte du receveur.

La seule certitude entourant cette transplantation, c’est qu’elle a permis de prolonger la vie du patient. C’est d’ailleurs ce qui a conduit la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, l’agence de santé américaine, a donné son feu vert en urgence à cette intervention chirurgicale. L’institution s’est fendue d’une "procédure d'utilisation compassionnelle d'un nouveau médicament d'investigation" pour un seul patient.

"Nous offrons à nouveau à un patient mourant une chance de vivre plus longtemps, et nous sommes incroyablement reconnaissants à M. Faucette pour son courage et sa volonté de faire progresser nos connaissances dans ce domaine", s’est félicité le docteur Bartley Griffith, un des chirurgiens à l’origine de la transplantation de ce cœur de porc génétiquement modifié.

Xénogreffe : les causes du décès du premier patient

"Nous espérons qu'il rentrera bientôt chez lui pour passer plus de temps avec sa femme et le reste de sa famille, a ajouté l’expert, cité par l’Université.

Le Dr Griffith est également l’auteur de la première greffe de cœur de porc génétiquement modifié réalisée en janvier 2022 sur David Bennett, 57 ans. L’homme, atteint d’une insuffisance cardiaque au stade terminal et d’une arythmie, avait survécu deux mois après la transplantation.

Alors que le cœur de porc fonctionnait bien, plusieurs facteurs ont pu expliquer le décès de ce premier patient, dont la dégradation de son état de santé à la suite du rejet chronique de l’organe greffé. Une autre piste évoquée était celle de complication apparue à la suite d’un virus qui aurait infecté le cœur de porc.

La xénogreffe soulève des questions éthiques

Cette dernière hypothèse avait alors soulevé des craintes quant à la possibilité que ces xénotransplantations d’organes animaux vers des humains puissent favoriser l’introduction de virus pathogènes dans la population humaine.

La xénogreffe est considérée aux yeux de certains scientifiques comme une approche d’avenir face à la pénurie d’organes qui sévit de plus en plus depuis la pandémie de Covid-19, aux Etats-Unis mais ailleurs dans le monde.
Mais avant d’être généralisée, de nombreux obstacles restent à soulever pour les chercheurs, notamment sur les moyens d’écarter les risques de rejet du greffon mais aussi celui de contamination par des virus porcins.

En plus des questions sanitaires, s’ajoutent des considérations éthiques concernant l’utilisation d’animaux à des fins de greffes.

Une certitude, cette deuxième transplantation de cœur de porc sur un homme devrait raviver le débat.

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