Obésité : la moitié des Français pense qu’elle est due à un manque de volonté

Si médecins, journalistes et même influenceuses travaillent à déconstruire les stéréotypes au sujet de l’obésité, force est de constater que les préjugés ont la vie durent. C’est ce que révèle une étude qui vient d’être réalisée par des chercheurs français et publiée dans l'American Journal of Preventive Medicine.

Cette étude de grande ampleur a été produite par un consortium de chercheurs de l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN) de l’Université Sorbonne Paris Nord et Université Paris Cité, Inserm, INRAE, CNAM, le Centre de Recherche en Épidemiologie et Statistiques (CRESS) et des services de Nutrition de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et de l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP). Elle a été réalisée auprès de près de 34 000 adultes français. Parmi eux, 35% étaient en situation de surpoids ou d'obésité.

Des préjugés qui persistent

Les résultats de l’étude sont éloquents et montrent à quel point les idées reçues sur le surpoids sont toujours très ancrées dans la société. 55% des participants à l’enquête ont avoué se préoccuper de manière excessive de leur poids. Tandis que 45% pensent que l’obésité est due à “un manque de volonté“ des personnes concernées.

Les personnes qui ont ce préjugé, qui rappelons-le, est totalement erroné, avaient un poids normal, un faible niveau d’éducation et un revenu élevé. Il est donc important d’accroître les connaissances de la population dès l’école, afin de lutter efficacement contre la grossophobie. Car ce que met en lumière cette étude, c’est la profonde méconnaissance des Français sur les causes réelles de l’obésité.

Les conséquences de ces préjugés sont désastreuses. Non seulement ils stigmatisent les personnes touchées par le surpoids et l’obésité, mais retardent leur prise en charge médicale. Les personnes concernées ressentent parfois une forte culpabilité qui les empêche de se tourner vers des professionnels de santé. De plus, elles sont victimes de discrimination et parfois même de harcèlement, que ce soit à l’école ou au travail. Leur santé mentale en est directement impactée puisqu’elles sont plus susceptibles de développer de l’anxiété voire de la dépression.

Les causes réelles de l’obésité

L’obésité est en constante augmentation. Près d’un français sur deux serait touché par le surpoids. Un chiffre qui a doublé en près d’un demi-siècle, selon une étude de l'Inserm et du CHU de Montpellier. Un adulte est considéré comme étant en surpoids lorsque son indice de masse corporelle est égal ou supérieur à 25, et obèse quand celui-ci est égal ou supérieur à 30.

Mais qui est donc le véritable coupable de cette flambée de surpoids ? Si la génétique joue un rôle important, cette augmentation est due à des facteurs environnementaux et à l'alimentation. Celui qu'il faut accuser, c’est le système alimentaire lui-même. En effet, les produits que nous consommons sont de plus en plus transformés. Les sucres y sont présents en forte quantité, et bien souvent cachés des consommateurs qui ne se doutent pas qu’en achetant un plat tout préparé au supermarché ils avalent des blocs entiers de sucre raffiné.

Lutter contre les préjugés a donc deux intérêts. Le premier, prévenir les discriminations et le harcèlement et donc les dommages sur la santé mentale. Le second, mieux informer la population des véritables causes du surpoids et donc mieux prévenir cette pathologie.