Attention à la pollution intérieure des produits ménagers. Selon une nouvelle étude publiée le 25 février dans la revue Science Advances, quelques minutes de nettoyage à l'intérieur avec un produit ménager parfumé peuvent générer autant de particules en suspension dans l'air que les véhicules dans une rue très fréquentée.
Une découverte qui tend à alerter les personnes qui nettoient leurs maisons, mais surtout les professionnels du secteur de l'entretien qui risquent de subir des effets sur leur santé en raison de leur exposition fréquente à ces minuscules particules en suspension, appelées aérosols.
"J'ai été absolument stupéfait de constater que le passage de la serpillière produisait des aérosols potentiellement dangereux à des taux similaires à ceux générés par la circulation dans une rue animée", déclare Nicola Carslaw, de l'Université de York, qui étudie la pollution de l'air intérieur, mais n'a pas participé à l'étude.
"Les personnes qui devraient prêter une attention particulière à cet article sont le NIOSH, l'Institut national pour la sécurité et la santé au travail", ajoute Glenn Morrison, spécialiste de l'environnement à l'Université de Caroline du Nord, Chapel Hill, qui n'a pas non plus participé à l'étude.
Pollution : des niveaux similaires à ceux des pots d'échappement
L'air des maisons, des écoles et des bureaux peut parfois être plus pollué que l'air extérieur, même dans les villes qui connaissent des problèmes de pollution. En pratique, toute forme de combustion, bougies, encens ou cigarettes, entraîne une pollution intérieure dans nos maisons.
Selon l’étude, le nettoyage des surfaces à l'aide de désinfectants commerciaux, qui s'est récemment intensifié depuis la pandémie de coronavirus, peut également générer des polluants intérieurs secondaires, tant en phase gazeuse qu'aérosol. Les produits ménagers parfumés peuvent être nocifs pour la santé.
Selon l’étude dirigée par Colleen Rosales de l'Université de Californie à Davis, les produits ménagers contenant des monoterpènes pourraient exposer à des niveaux de pollution similaires ou supérieurs à ceux de la pollution des pots d'échappement. Les monoterpènes sont des produits chimiques utilisés dans les produits ménagers pour leur donner un parfum (comme les agrumes, le pin…).
"L'une des perturbations que les humains introduisent dans l'environnement intérieur est l'utilisation de produits de nettoyage et de désinfection ménagers, dont certains ont des parfums dits naturels, comme les agrumes ou le pin", mettent en garde les auteurs de cette étude.
1 à 10 milliards de nanoparticules inhalées par minute
En pratique, les chercheurs ont nettoyé le sol d'une salle de bureau de 50 mètres cubes ventilée mécaniquement à l'aide d'un nettoyant commercial, tout en mesurant simultanément les molécules en suspension dans l'air. Dans le détail, les scientifiques ont nettoyé le sol pendant 12 à 14 minutes avec un nettoyant à base de terpène. Ils ont ensuite utilisé des instruments de pointe pour surveiller la réaction des molécules et des particules au cours des 90 minutes suivantes.
Résultat, après avoir recueilli les données de la pièce, les chercheurs ont calculé combien de particules inférieures à un demi-micron une personne présente dans la pièce inhalerait pendant le nettoyage.
À l'aide d'un modèle informatique standard, l'équipe de scientifiques a révélé dans Science Advances qu'une personne moyenne inhalerait entre 1 et 10 milliards de nanoparticules par minute. C'est l'équivalent de la circulation automobile dans une rue animée d'une ville américaine ou européenne typique. C'est aussi à peu près la même chose que de cuisiner avec une cuisinière à gaz ou d'allumer une bougie.
"C'est la première étude qui a vraiment examiné l'ensemble du processus chimique dans des conditions intérieures réalistes", explique le coauteur de l’étude Philip Stevens, chimiste de l'atmosphère à l'université d'Indiana, à Bloomington, aux États-Unis. Selon Colleen Rosales, principale auteure de l’étude, "plus les particules sont petites, plus elles pénètrent profondément dans les poumons". Or, la scientifique explique que "les particules plus petites causent de graves problèmes respiratoires, comme l'inflammation. Ils peuvent également introduire des produits chimiques dans la circulation sanguine".
Mopping can create air pollution that rivals city streets, science.org, 25 février 2022.
https://www.science.org/content/article/mopping-can-create-air-pollution-rivals-city-streets
Chemistry and human exposure implications of secondary organic aerosol production from indoor terpene ozonolysis, Sciences Advances, 25 février 2022.
https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abj9156
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