Infection urinaire : bientôt un vaccin pour la soigner ? Adobe Stock

Les infections urinaires sont très courantes chez les femmes, qui sont les plus touchées par cette affection. En effet, une femme sur deux est concernée par la cystite au moins une fois dans sa vie. En France, ce sont près de 2 millions d'entre elles qui sont sujettes à ce trouble, dont plusieurs symptômes doivent vous alerter.

Selon l’American Urological Association, plus de 150 millions d’infections urinaires sont déclarées chaque année dans le monde. Dans neuf cas sur dix, c'est une infection bactérienne qui en est à l'origine. "Les germes en cause sont des germes intestinaux, le plus courant est l'Escherichia Coli", confie à Medisite la Dr Nathalie Berrogain. Si des traitements naturels préventifs existent pour les éviter, c’est une affection récurrente pour de nombreuses femmes.

"Même si vous éliminez les bactéries de la vessie, les populations persistent ailleurs et deviennent généralement résistantes à l'antibiotique utilisé", explique Nicole De Nisco, professeure adjointe de biologie, dans la revue scientifique ACS NANO. Selon la scientifique, c’est ainsi que "lorsque les patients accumulent des résistances aux antibiotiques, ils finiront par manquer d'options". C’est pour venir en aide à ces personnes que Nicole De Nisco s’est lancée dans le développement d’un vaccin contre les infections urinaires.

Un vaccin innovant, dit à "cellule entière"

"La vaccination en tant que voie thérapeutique pour les infections urinaires récurrentes est à l'étude car les antibiotiques ne fonctionnent plus", assure la chercheuse. "Les patients perdent leur vessie pour sauver leur vie parce que les bactéries ne peuvent pas être tuées par les antibiotiques ou à cause d'une allergie extrême aux antibiotiques, qui est plus fréquente chez les personnes âgées que les gens ne le pensent", s'insurge-t-elle.

Une infection urinaire n’est pas toujours anodine. Si elle n'est pas traitée avec succès, elle peut entraîner une septicémie, qui peut être mortelle. Pour rappel, les vaccins agissent en introduisant dans le corps une petite quantité de germes pathogènes tués ou affaiblis, ou certains de leurs composants. Ces antigènes incitent ensuite le système immunitaire à produire des anticorps contre une maladie particulière. Mais créer des vaccins contre les bactéries pathogènes est en soi beaucoup plus difficile, car les bactéries sont beaucoup plus grandes et plus complexes que les virus.

La sélection des composants biologiques à utiliser pour créer des antigènes a été un défi majeur. Par conséquent, le Dr Jeremiah Gassensmith, co-auteur de l’étude, a précisé qu’ils ont trouvé préférable d'utiliser la cellule entière plutôt que de ne choisir qu'un morceau de bactérie. Les chercheurs ont donc créé un vaccin innovant, dit à "cellule entière", en enfermant des bactéries Escherichia Coli inactivées dans une coque biodégradable constituée d'une "structure métallo-organique".

Afin d’y parvenir, les scientifiques ont dû utiliser à une méthode appelée dépôt d’antigènes MOF qui "permet à un agent pathogène intact et mort d'exister dans les tissus plus longtemps, comme s'il s'agissait d'une infection, afin de déclencher une réponse à grande échelle du système immunitaire".

Le cadre métallo-organique développé par l'équipe de chercheurs encapsule et immobilise une cellule bactérienne individuelle dans une matrice polymère cristalline, qui non seulement tue la bactérie, mais préserve et stabilise également la cellule morte contre les températures élevées, l'humidité et les solvants organiques.

Une efficacité démontrée sur les souris

Au cours de cette expérience, les chercheurs ont utilisé une souche d'Escherichia coli, à l'origine d'environ 80% de toutes les infections urinaires. "Lorsque nous avons administré une injection létale de bactéries aux souris, après qu'elles aient été vaccinées, presque tous nos animaux ont survécu, ce qui est une bien meilleure performance qu'avec les approches vaccinales traditionnelles", a déclaré le co-auteur de l’étude, le Dr Jeremiah Gassensmith. Il ajoute que "ce résultat a été répété plusieurs fois" et que les chercheurs ont été "assez impressionnés par sa fiabilité".

Selon Nicole De Nisco, auteure principale de l’étude, bien que cette méthode n’ait pas encore été testée sur l’homme, elle a selon elle le pouvoir d’aider des millions de patients. "Cette étude sur les infections urinaires est une preuve que les vaccins à cellules entières sont plus efficaces dans ce modèle de septicémie mortelle extrême", a déclaré le Dr De Nisco.

Elle estime que "montrer que cela fonctionne contre les infections urinaires récurrentes serait une avancée significative". Ce vaccin pourrait être un traitement prometteur contre les infections urinaires.

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