“En France, avec 43 336 nouveaux cas et 17 117 décès en 2018, le cancer colorectal fait partie des cancers les plus fréquents (3e rang chez l'homme et 2e chez la femme)”, alerte Santé publique France. Dans le monde, 1 million de nouveaux cas ont été estimés en 2018. Partant de ce constat, des chercheurs de l’Université de Médecine Washington à Saint-Louis, aux États-Unis, ont cherché à mieux comprendre les premiers signes de la maladie.
Ils ont ainsi découvert 3 symptômes qui montrent un risque non négligeable de cancer colorectal chez les adultes de moins de 50 ans. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Journal of the National Cancer Institute le 4 mai 2023.
Cancer colorectal : la diarrhée chronique doit alerter
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les profils de plus de 5000 personnes ayant développé un cancer colorectal de façon précoce (avant 50 ans). Ils ont en effet eu accès à la base de données “IBM MarketScan Commercial”, un outil qui fournit des informations anonymes sur la santé de plus de 110 millions de personnes âgées de 18 à 64 ans. Les scientifiques ont ainsi découvert qu’avant le diagnostic (entre 3 mois et 2 ans), les personnes atteintes de cancer colorectal précoce souffrent de douleurs abdominales, de diarrhées et de carence en fer, d’où une anémie.
Plus précisément, les auteurs de l’étude ont réalisé qu’avoir un seul de ces symptômes fait presque doubler le risque ; en avoir 2 multiplie ce risque par plus de 3,5 ; avoir les 3 symptômes le multiplie par 6,5.
“Le cancer colorectal n’affecte pas seulement les personnes âgées. Nous voulons que les jeunes adultes en soient conscients, et fassent attention à ces signes potentiellement très révélateurs et à ces symptômes. Particulièrement ceux qui ont moins de 50 ans et qui sont considérés comme à faible risque, car ceux-ci ne bénéficient pas de dépistages de routine du cancer colorectal”, a réagi la professeure de chirurgie Yin Cao, l’une des autrices de l’étude.
“Il est également crucial de sensibiliser à cette pathologie chez les médecins généralistes. À ce jour, de nombreux cancers colorectaux précoces sont détectés alors que le patient est soigné en urgence, et on constate beaucoup de retards de diagnostic pour ce cancer”, poursuit la médecin.
“Certains jeunes adultes présentent des symptômes jusqu’à 2 ans avant le diagnostic”
La chirurgienne précise que 2 symptômes en particulier - les saignements rectaux et l'anémie ferriprive - doivent faire comprendre qu’une endoscopie et un suivi sont nécessaires.
“Un patient attend en général environ 3 mois avant de recevoir un diagnostic à partir du moment où il s’est rendu chez un médecin à cause d’au moins un des signaux listés”, indique la professeure de médecine Cassandra Fritz, également autrice de l'étude.
“Seulement, notre analyse montre que certains jeunes adultes présentent des symptômes jusqu’à 2 ans avant le diagnostic. Cela peut être l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de ces jeunes adultes sont déjà à un stade plus avancé de la maladie au moment du diagnostic que ce que l’on voit chez les personnes âgées qui sont régulièrement dépistées”, explique la professeure.
Cancer colorectal : les personnes nées dans les années 1990 plus à risque
Les personnes nées en 1990 ont 2 fois plus de risques de développer un cancer du côlon et 4 fois plus de risques de développer un cancer du rectum que les personnes nées en 1950 quand elles étaient de jeunes adultes. Cette tendance inquiétante a encouragé les institutions spécialisées américaines, dont le National Cancer Institute, à baisser l’âge recommandé pour le dépistage du cancer colorectal : il est passé de 50 à 45 ans.
“Étant donné que la majorité des cancers colorectaux précoces sont diagnostiqués et continueront d’être diagnostiqués après l’apparition des symptômes, il est primordial de reconnaître ces signaux et ces symptômes rapidement et d’établir un diagnostic le plus tôt possible”, affirme Yin Cao.
Qui conclut : “Ainsi, nous pourrons diagnostiquer la maladie plus tôt, d’où, possiblement, un besoin moindre de traitements agressifs, ce qui améliorera la qualité de vie des patients et leurs chances de survie.”
Mise à jour du 9 mai 2023 : l'alimentation en cause ?
Une alimentation pauvre en fibres et riches en graisses animales pourrait également favoriser l'apparition de ce cancer. On note aussi l'obésité, le tabagisme et la consommation d'alcool. "Plusieurs études scientifiques ont démontré que certaines habitudes de vie augmentaient le risque de développer un cancer colorectal", affirme l'Institut national du cancer. Parmi elles :
- une alimentation trop calorique
- une consommation importante de viande rouge
- une alimentation riche en graisses animales
- la consommation d'alcool
- la consommation de tabac
- l’inactivité physique et le surpoids
“Red-flag Signs and Symptoms for Earlier Diagnosis of Early-Onset Colorectal Cancer”, une étude dans la revue Journal of the National Cancer Institute le 4 mai 2023.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37138415/
“Cancer du côlon rectum”, une fiche de Santé publique France.
https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-colon-rectum/donnees
"Le cancer colorectal", une fiche de l'Institut national du cancer.
https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Les-chiffres-du-cancer-en-France/Epidemiologie-des-cancers/Les-cancers-les-plus-frequents/Cancer-colorectal#:~:text=Le%20cancer%20colorectal%2C%20ou%20cancer,et%20finit%20par%20devenir%20canc%C3%A9reuse.
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