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Près de la moitié des patients souffrant de migraines signalent aussi des troubles du sommeil. Loin d’être le fruit du hasard selon des chercheurs. Selon les résultats d’une nouvelle étude parue au sein de la revue scientifique Neurology, les troubles du sommeil ne seraient pas étrangers à l’apparition de migraines.

Les troubles du sommeil concernent plus d’un Français sur deux. Parmi eux, on retrouve les insomnies, hypersomnies, apnée du sommeil, narcolepsie (extrême fatigue au quotidien), somnambulisme ou encore les terreurs nocturnes.

Ces derniers ne sont pas sans répercussion sur notre santé. Surpoids, AVC, infarctus, troubles cognitifs... Le manque de sommeil favorise toutes sortes de maladies. Et il se trouve qu’il pourrait aussi causer la migraine.

Les chercheurs du Brigham and Women's Hospital et du Beth Israel Deaconess Medical Center ont mené une étude consacrée au sommeil. Les résultats de la recherche nous amènent à considérer les troubles du sommeil comme déclencheurs de migraines.

"Je me suis intéressée à ce sujet parce que les patients souffrant de migraine sont fréquemment référés à la clinique du sommeil pour traiter leur insomnie", a déclaré l'auteure principale de l’étude, Suzanne Bertisch, MD, MPH, médecin et chercheuse clinique à la Division des troubles du sommeil et des troubles circadiens du Brigham.

Les volontaires portaient une actigraphie au poignet pendant la nuit

L’étude a été menée sur 98 adultes souffrant de migraines épisodiques, signalant des maux de tête réguliers. Les participants ont été invités à compléter des journaux électroniques deux fois par jour, en recensant diverses informations sur leur sommeil, leurs maux de tête et leur hygiène de vie des six dernières semaines.

Durant la période de l’étude, les volontaires portaient une actigraphie au poignet durant leurs nuits. Il s’agit d’une méthode fiable indicatrice de la qualité du sommeil (fragmentation du sommeil, temps passé éveillé au cours de la nuit…).

D’autres données ont été prises en compte pendant la période de l’étude comme la consommation quotidienne de caféine, d’alcool, l’activité physique ou encore le stress, tous des déclencheurs potentiels de migraines.

Les réveils nocturnes en cause

En six semaines, 870 maux de tête ont été signalés par les volontaires. En moyenne, une durée de sommeil de 6 heures et demie (par nuit) était recensée par l’actigraphie. Pour les chercheurs, c’est la fragmentation du sommeil qui serait associée au risque de migraine. Ce phénomène se caractérise par plusieurs micro-réveils durant la nuit.

"Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les implications cliniques et neurobiologiques de la fragmentation du sommeil sur le risque de migraine", indiquent néanmoins les chercheurs.

Troubles du sommeil : des conséquences plus graves

Les troubles du sommeil peuvent avoir des conséquences irréversibles sur notre santé. Ils nuisent à notre système cardiovasculaire, à notre cerveau et peuvent même être à l’origine de surpoids.

Prise de poids : l’équilibre alimentaire est perturbé

Les troubles du sommeil amènent à manger plus. On va être tenté de grignoter pendant la nuit si on souffre d’insomnie. Et le lendemain, on passe notre journée à somnoler, voire à dormir, pour récupérer. Tout l’équilibre alimentaire est alors perturbé, ce qui est propice à la prise de poids.

En effet, le sommeil et la prise de poids sont étroitement liés. Le manque de sommeil influe sur de nombreux aspects métaboliques et notamment sur plusieurs hormones impliquées dans la régulation de notre poids. Une privation de sommeil entraînerait une augmentation de tes taux d’insuline et de cortisol. Et l’augmentation du cortisol, hormone du stress, induite par le manque de sommeil, a tendance à élever l’appétit, notamment pour les aliments sucrés.

Infarctus et AVC : attention à l’apnée du sommeil

Votre cœur profite de la nuit pour avoir du répit et battre plus lentement. Si vous ne dormez pas, vous risquerez de vous sentir fatigué durant la journée.

Les victimes d’apnée du sommeil doivent être particulièrement vigilantes. Les perturbations qu’elle implique peuvent générer des poussées hypertensives pendant la nuit. Alors qu’ils dorment, les patients ne peuvent pas mesurer leur tension et risquent de passer à côté de cet épisode d’hypertension. Ce phénomène va donc pouvoir intervenir de façon chronique.

L’hypertension multiplie les risques d’infarctus et d’AVC. En effet, lorsque la pression est élevée dans les vaisseaux sanguins, elle peut favoriser une hémorragie par rupture du vaisseau ou la formation de la plaque d’athérome (caillots) qui va boucher le vaisseau et provoquer un infarctus ou AVC.

L’apnée du sommeil se caractérise par une suspension momentanée de la respiration durant la nuit. En France, le syndrome touche 4 % de la population. Selon une étude menée en 2016 par des chercheurs allemands, 60 % des patients victimes d’AVC souffraient aussi d’apnée du sommeil.

Dépression et problèmes cognitifs : les victimes souffrent psychologiquement

En plus des problèmes cardiovasculaires qu’ils engendrent, les troubles du sommeil perturbent aussi les fonctions cognitives. Une étude parue en 2013 dévoilait déjà qu’une privation de sommeil altérait les capacités de mémoire, d’attention et d’éveil. Leurs travaux semblaient même indiquer que les personnes (sans problèmes de mémoire) qui dorment mal auraient des plaques amyloïdes dans le cerveau, ce qui est l’un des signes cliniques de la maladie d’Alzheimer.

En outre, les troubles du sommeil ont une aussi des conséquences sur l’humeur, l’équilibre psychologique et peuvent mener à la dépression.

Sources

Nightly sleep duration, fragmentation, and quality and daily risk of migraine, Neurology, 16 décembre 2019

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