"35% des plus de 60 ans souffrent de constipation", indique le Dr William Berrebi, gastro-entérologue, hépatologue et auteur du podcast "Merci Docteur !" et de la chaîne YouTube "Docteur William Berrebi". "Mais les jeunes le sont de plus en plus", nuance le médecin. Les causes sont multiples et les conséquences très différentes selon l’origine de la constipation et l’âge du patient. L’examen clinique et l’entretien avec le malade sont essentiels pour établir un diagnostic. "Ce qui inquiète un médecin, c’est lorsque la constipation survient brutalement", précise le Dr William Berrebi. "Il y a des personnes qui ont toujours eu du mal à exonérer. Ce n’est pas pour cela que c’est grave. En revanche, lorsque cela est récent et que ça dure, il faut consulter".
La constipation, de quoi parle-t-on ?
"La constipation se définit par une diminution de la fréquence des selles associée à une difficulté pour les évacuer", explique le Dr William Berrebi. "En pratique, on considère qu’une personne est constipée lorsqu’elle ne va pas aux toilettes pendant deux ou trois jours".
Mais il faut savoir que la fréquence normale des selles varie d’un individu à l’autre. Il est donc important de bien connaître son corps. Rien ne sert, en effet, de s’alarmer lorsque la constipation est passagère ou qu’elle intervient après un voyage. "Il faut, en revanche, être particulièrement attentif au changement de rythme et si cela dure. Il convient également de consulter lorsqu’il y a du sang dans les selles ou si la personne maigrit", souligne le gastro-entérologue.
La constipation peut être en effet occasionnelle et passagère ou chronique. On parle d’une constipation chronique lorsque les symptômes persistent depuis plus de six mois. L’amélioration de l’hygiène de vie peut, dans certains cas, contribuer à un retour à la normale.
"Les causes de la constipation sont multiples. La constipation peut être organique en rapport avec une cause métabolique ou un obstacle sur le côlon ou le rectum ou fonctionnelle", distingue le spécialiste.
Les causes de la constipation organique
Les causes organiques de la constipation impliquent des pathologies spécifiques, de plusieurs ordres. "il faut toujours avoir à l’esprit la possibilité d’un polype ou d’un cancer du côlon ou du rectum", indique le Dr William Berrebi qui assure que les tumeurs colorectales sont de plus en plus fréquentes chez les jeunes patients.
La raison ? "Ce type de constipation est lié aux facteurs environnementaux, au tabac, à l’alcool, à l’alimentation (additifs, émulsifiants) à la pollution". Le gastro-entérologue alerte : "Il m’arrive de détecter des cancers du côlon chez des personnes d’une trentaine d’années même si cela est rare". Le médecin appelle donc à la plus grande prudence. "Il ne faut pas hésiter à faire une coloscopie lorsqu’un changement de rythme de selles survient et / ou s’il y a un terrain de cancer dans la famille".
Parfois, la constipation n’est pas due à un obstacle, mais à la prise de certains médicaments, notamment de certains antitussifs, antidouleurs contenant des opiacés, antidépresseurs. Elle peut également révéler un diabète, une insuffisance thyroïdienne (hypothyroïdie) ou un excès de calcium. "Pour en déterminer la cause, il convient de réaliser un examen clinique et une prise de sang", précise le Dr William Berrebi.
Parfois la constipation est fonctionnelle
La constipation fonctionnelle peut être liée à différents facteurs :
- une alimentation ultra-transformée, pauvre en fibres, fruits et céréales (pain complet, riz complet…) ;
- un changement dans les habitudes quotidiennes : voyage, stress, immobilisation, alimentation ;
- la sédentarité ;
- le manque d’activité physique.
Si la constipation fonctionnelle est bénigne, il convient toutefois de la traiter pour éviter des complications telles qu’une fissure anale, qui se révèle être particulièrement douloureuses.
Dans tous les cas, il faut, autant que cela est possible, éviter de se retenir : "Les femmes sont beaucoup plus touchées par la constipation", remarque le Dr William Berrebi. "La raison ? Elles ont tendance à se retenir quand elles ne sont pas chez elle. Et cela ne fait qu’aggraver le problème". Le médecin rappelle, au passage, que les personnes âgées sont, elles aussi, particulièrement touchées par la constipation. "Et ce, pour plusieurs raisons : elles ont une dysbiose (déséquilibre du microbiote), ne boivent pas suffisamment d’eau et sont généralement sédentaires".
Comment traiter la constipation fonctionnelle ?
Sur le plan hygiéno-diététique, en cas de constipation, il convient de :
- bien s’hydrater avec une eau minérale riche en magnésium ;
- manger des légumineuses comme les lentilles ;
- consommer des fruits riches en pectine comme la pomme, l’abricot et la groseille ;
- manger des légumes riches en cellulose comme le brocoli, le chou, l’asperge
- manger du pain et du riz complet, des céréales de blé ;
- prendre son temps à table et de bien mastiquer "Trente minutes, c’est parfait", convient le médecin ;
- faire du sport.
Le Dr William Berrebi livre quelques petites astuces : "pour aider mes patients, je leur recommande de se lever lorsqu’ils sont aux toilettes et de se rasseoir à deux reprises. La position assise n’est pas physiologique", admet-il.
"Si ces mesures ne suffisent pas, la deuxième étape consiste à mettre en place un traitement", indique le gastro-entérologue.
Plusieurs options s’offrent au patient :
- Un traitement par mucilage appelé "laxatif de lest" comme le Psyllium (ispaghul) en sachets pharmaceutiques. Elle fait partie des plantes médicinales utilisées par les Égyptiens. Ses graines minuscules sont enveloppées d’une cosse de fibres solubles capables de retenir l’eau. Le Dr William Berrebi recommande de prendre trois sachets par jour.
- Un traitement probiotique : bifidobactéries, lactobacilles... ces micro-organismes vivants, aussi appelés "bonnes bactéries", rééquilibrent le microbiote intestinal. Le médecin préconise une cure de trente jours.
- Utiliser des laxatifs dits "osmotiques" qui ramollissent les selles en créant un appel d’eau dans l’intestin et facilitent leur exonération et qui ne créent pas de dépendance, tel que Forlax ou MOVICOL.
- Utiliser des laxatifs lubrifiants qui facilitent l’émission des selles en facilitant le glissement et en ramollissant le contenu de l’intestin, tels que Paraffine liquide, mais à ne pas utiliser chez la personne âgée.
L’automédication est à bannir
Le Dr William Berrebi alerte sur l’utilisation de certains laxatifs ou de plantes vendues, sans ordonnance, en pharmacie. "Certaines plantes sont vendues comme étant des produits miracles. Au début, cela se révèle être efficace mais, au fur et à mesure, cela ne fait qu’aggraver le problème", estime le Dr William Berrebi.
Le séné, la bourdaine, le suc d’aloe vera, le cassier, le cascara, le nerprun, le tamarin ou encore la racine de rhubarbe sont à proscrire. De même que l’utilisation de certains laxatifs comme le Contalax ou le Dulcolax sont à éviter. Leur consommation conduit à la dépendance avec un besoin régulier d’augmenter les doses. Or, ces laxatifs agissent en stimulant les nerfs du côlon. Au fil du temps, ces substances vont progressivement diminuer les contractions du côlon.
"Le côlon est comme paralysé. Plusieurs mois sont nécessaires pour rétablir les dégâts", indique le médecin avant de conclure : "Dans tous les cas l’utilisation de ce type de plantes est à proscrire".
Merci au Dr William Berrebi, gastro-entérologue, hépatologue et auteur du podcast "Merci Docteur !" et de la chaîne YouTube "Docteur William Berrebi".
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