Sommaire
- Qu'est-ce qu'une fracture de la hanche, exactement ?
- Pourquoi cette fracture est-elle si fréquente chez les personnes âgées ?
- Est-ce que les hommes sont concernés au même titre que les femmes ?
- Quels sont les signes qui doivent alerter ?
- Est-ce qu’une opération est toujours nécessaire ?
- Peut-on vraiment remarcher après une fracture de la hanche ?
- Qu’est-ce que l’orthogériatrie et pourquoi est-elle importante ?
- Comment prévenir une fracture de la hanche avant qu’elle ne survienne ?
La fracture de la hanche est l’un des accidents les plus redoutés chez les personnes âgées. Pourtant, on connaît mal ce type de blessure jusqu’au jour où un proche – ou soi-même – en est victime. Que se passe-t-il exactement lorsqu’on se fracture la hanche ? Est-ce toujours lié à l’âge ? Peut-on s’en remettre totalement ? Ce guide répond à toutes les questions que l’on peut se poser face à cette blessure souvent lourde de conséquences.
Qu'est-ce qu'une fracture de la hanche, exactement ?
On parle de fracture de la hanche lorsqu’il y a rupture de la partie haute du fémur, l’os de la cuisse qui s’emboîte dans le bassin. C’est une articulation vitale pour la mobilité. Il existe plusieurs types de fractures selon la localisation : certaines touchent le col du fémur, d’autres se situent un peu plus bas, autour ou sous les trochanters. D’un point de vue clinique, ces fractures sont classées en intracapsulaires (col fémoral) ou extracapsulaires (zones pertrochantérienne ou subtrochantérienne). Cette distinction influence directement la stratégie thérapeutique.
Pourquoi cette fracture est-elle si fréquente chez les personnes âgées ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les données du Manuel MSD et de l’Assurance maladie, près de 75 000 fractures de la hanche sont recensées chaque année en France, dont plus de 85 % concernent des personnes de plus de 75 ans. L’ostéoporose joue un rôle clé. Cette maladie fragilise l’os sans provoquer de symptômes visibles, jusqu’au jour où un traumatisme minime provoque une cassure. En parallèle, les troubles de la marche, les déficits visuels, ou encore la polymédication augmentent le risque de chutes.
L’étude menée par la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2017 souligne que la majorité des patients hospitalisés pour fracture de la hanche présentent au moins une comorbidité lourde (insuffisance cardiaque, troubles cognitifs, etc.), ce qui complique leur prise en charge.les hommes qui souffrent de fractures de la hanche présentent un taux de mortalité plus élevé que les femmes à un an post-fracture.
Une étude publiée par la société canadienne de radiologie médicale (Radiology.ca) rappelle que les hommes qui souffrent de fractures de la hanche présentent un taux de mortalité plus élevé que les femmes à un an post-fracture.
Est-ce que les hommes sont concernés au même titre que les femmes ?
Bien que les femmes soient les plus touchées (notamment à cause de la perte osseuse post-ménopause), les hommes ne sont pas épargnés. Une étude publiée par la société canadienne de radiologie médicale (Radiology.ca) rappelle que les hommes qui souffrent de fractures de la hanche présentent un taux de mortalité plus élevé que les femmes à un an post-fracture. Cela s'expliquerait par un diagnostic d’ostéoporose souvent tardif chez les hommes, combiné à une prise en charge moins ciblée. En d'autres termes, ils sont moins nombreux à être dépistés à temps et à bénéficier de traitements préventifs adaptés.
Quels sont les signes qui doivent alerter ?
La douleur est souvent immédiate, localisée au niveau de la hanche ou de l’aine, et rend tout mouvement quasiment impossible. Une déformation de la jambe, raccourcie et tournée vers l’extérieur, est aussi un signe évocateur. Les médecins s’appuient généralement sur une radiographie du bassin pour confirmer le diagnostic, mais un scanner ou une IRM peuvent être nécessaires pour les fractures non déplacées, parfois invisibles sur les premiers clichés.
Est-ce qu’une opération est toujours nécessaire ?
La chirurgie est quasi systématique, sauf contre-indication majeure. Elle permet de stabiliser l’articulation et de limiter les complications liées à l’alitement prolongé. D’après les recommandations de la HAS, l’intervention doit idéalement avoir lieu dans les 24 à 48 heures après l’admission, car les retards augmentent le risque de décès et de complications (infections, embolies, perte d’autonomie).
Selon le type de fracture, les chirurgiens privilégient soit l’ostéosynthèse (vis, clous, plaques), soit la pose d’une prothèse partielle ou totale. Cette décision dépend de l’état osseux, de l’âge du patient, et de sa capacité à retrouver une autonomie fonctionnelle.
Peut-on vraiment remarcher après une fracture de la hanche ?
La récupération est possible, mais elle demande une prise en charge globale. Une étude multicentrique publiée dans The Lancet Healthy Longevity en 2021 montre que la mobilisation précoce, dès le lendemain de l’opération, améliore significativement les chances de retour à domicile et réduit le taux de complications. C’est pourquoi les équipes médicales s’efforcent de faire lever les patients au plus tôt, avec l’aide de kinésithérapeutes.
Mais tout dépend aussi du point de départ. Une personne âgée déjà en perte d’autonomie avant la fracture aura plus de mal à retrouver sa mobilité. Dans tous les cas, la rééducation est essentielle, souvent en centre spécialisé.
Qu’est-ce que l’orthogériatrie et pourquoi est-elle importante ?
L’orthogériatrie, c’est la convergence entre deux spécialités : l’orthopédie et la gériatrie. Cette approche intégrée est désormais recommandée par la HAS, notamment dans son rapport méthodologique de 2017. En coordonnant les soins chirurgicaux, médicaux, nutritionnels et sociaux, cette filière vise à éviter l’effet domino d’une fracture : perte d’autonomie, hospitalisations prolongées, isolement… Les hôpitaux qui ont mis en place cette prise en charge pluridisciplinaire constatent une réduction de la mortalité hospitalière et un meilleur taux de retour à domicile.
Vient ensuite la prévention des chutes. Cela passe par un aménagement du domicile : éliminer les tapis glissants, améliorer l’éclairage, installer des barres d’appui dans la salle de bain, ou encore éviter les obstacles au sol.
Comment prévenir une fracture de la hanche avant qu’elle ne survienne ?
Agir avant la chute, c’est possible — et même indispensable. La prévention des fractures de la hanche repose sur une combinaison de mesures simples mais souvent négligées. D’abord, tout commence par le dépistage de l’ostéoporose. Trop peu de personnes, surtout les hommes de plus de 65 ans, bénéficient d’un test de densité osseuse (ostéodensitométrie), alors qu’il permettrait de détecter une fragilité avant qu’un accident ne se produise.
Vient ensuite la prévention des chutes. Cela passe par un aménagement du domicile : éliminer les tapis glissants, améliorer l’éclairage, installer des barres d’appui dans la salle de bain, ou encore éviter les obstacles au sol. Des bilans de marche ou d’équilibre peuvent être réalisés en consultation de gériatrie ou chez un kinésithérapeute.
L’activité physique joue également un rôle central. Des exercices doux mais réguliers, comme la marche, le tai-chi ou la gymnastique adaptée, renforcent les muscles, améliorent l’équilibre, et entretiennent la densité osseuse. L’alimentation, enfin, ne doit pas être négligée. Un apport suffisant en calcium (produits laitiers, légumes verts, eaux minérales riches en calcium) et en vitamine D (via l’alimentation, l’exposition au soleil ou la supplémentation) contribue à la solidité osseuse.
Mais la prévention, c’est aussi une vigilance médicale : revoir régulièrement les traitements en cours, notamment ceux qui augmentent les risques de chute (somnifères, antihypertenseurs), corriger les troubles de la vue, et surveiller les pertes de poids ou les états de fatigue chronique.
Prévenir une fracture de la hanche, ce n’est donc pas une action unique. C’est un ensemble de gestes et de décisions qui, mis bout à bout, peuvent faire la différence.