Définition de l'épilepsie

La maladie "épilepsie" et les crises d’épilepsie sont deux choses différentes. L’épilepsie désigne une maladie chronique, caractérisée par des dysfonctionnements temporaires, provoquant des crises d’épilepsie.

Définition de l'épilepsie© Fotolia

"Ces crises surviennent quand il y a une activité électrique anormale des neurones. Ce sont des événements considérés comme critiques, car les convulsions peuvent affecter toutes les fonctions coordonnées par le cerveau", explique le docteur Olivier Rouaud, neurologue, adjoint à la direction du Centre Leenaards de la mémoire.

Les symptômes de l’épilepsie sont divers, c’est pourquoi il n’y a pas une, mais plusieurs formes d’épilepsies. Il s’agit de la troisième maladie neurologique la plus fréquente, derrière la migraine et les démences.

Chez 6 personnes atteintes sur 10, on ne connaît pas la cause : c’est épilepsie idiopathique. "Lorsqu’on peut en déterminer la cause, par exemple des toxines (prise d’alcool…), une chute du taux de sucre ou des médicaments qui modifient le seuil épileptogène, on parle alors d’épilepsie structurelle ou métabolique", précise le médecin. Le risque de décès prématuré est jusqu’à trois fois plus élevé chez les personnes épileptiques que dans la population générale, il est donc important de bien la prendre en charge.

Chiffres

Environ 50 millions de personnes vivent actuellement avec l’épilepsie dans le monde. Chaque jour, 100 personnes présentent une première crise, soit près de 40 000 par an. « L’épilepsie représente 0,6% de la charge mondiale de morbidité », selon l’OMS. En France, 600 000 personnes en sont atteintes selon l’Inserm. La moitié d’entre elles est âgée de moins de 20 ans. 5 % de la population est ainsi susceptible de faire une crise d’épilepsie un jour. Il s’agit de la deuxième maladie neurologique après la migraine. Chez les patients diagnostiqués, un tiers ne trouve pas de traitement efficace.

Signes et symptômes de l'épilepsie

On distingue différents types de crises d’épilepsie, dont les manifestations cliniques sont variables en fonction de la localisation de la perturbation dans le cerveau et de sa propagation. En effet, chaque partie du cerveau est spécialisée dans différentes tâches. Certaines nous aident à parler, à coordonner nos mouvements…

Chacune de ces fonctions peut être altérée ou perturbée pendant une crise d'épilepsie. Voilà pourquoi une crise peut prendre différentes formes, comme:

  • un regard vide,
  • des mouvements incontrôlés ou involontaires,
  • une altération de la conscience,
  • des convulsions, etc.

Les crises d’épilepsie généralisées

Une crise est dite « généralisée » lorsqu’elle lorsqu’il y a une excitation simultanée des neurones de plusieurs zones réparties dans les deux hémisphères cérébraux. Différents symptômes peuvent avoir lieu, ensemble ou séparément :

  • Une perte de conscience de quelques secondes à quelques minutes
  • Des contractions musculaires, des secousses musculaires, voire les deux en même temps
  • Des hallucinations

Crise généralisée tonico-clonique

Parmi ce type de crise, la plus connue est la crise généralisée tonico-clonique, que l’on a longtemps appelée "grand mal". Elle est assez impressionnante : il s’agit d’une crise qui touche l’ensemble du corps, "les membres se raidissent brutalement et se tendent, avant d’être pris de mouvements incontrôlés, comme des secousses, pendant quelques minutes. Ce sont des convulsions. Le patient perd alors conscience", écrit le médecin.

Absence

Une autre crise généralisée est très connue : elle est appelée "absence". Le patient subit une rupture brutale de la conscience, qui peut survenir avec de légères contractions musculaires des membres ou des paupières.

La crise d’épilepsie partielle (ou focale)

Lors d’une crise d'épilepsie partielle ou focale, il y a un foyer épileptique. Ce peut être un groupe de neurones qui connaissent un dysfonctionnement dans une zone particulière du cerveau. Les manifestations de la crise d’épilepsie peuvent alors être nombreuses :

  • "Une d écharge électrique au niveau du cortex moteur peut engendrer un raidissement ou des secousses des doigts, selon les neurones incriminés, et peut même se propager au bras puis au reste du corps", explique le neurologue.
  • De la même façon, la crise épileptique peut engendrer des fourmillements dans un membre
  • Si la décharge électrique touche une région sensitive, auditive ou visuelle, il peut y avoir des hallucinations auditives ou des hallucinations visuelles
  • "S i la crise survient dans la zone motrice, cela peut provoquer une crise tonique : des mouvements du membre supérieur, le bras qui se lève, qui se tend, qui devient rigide…", décrit le spécialiste
  • Si la crise survient sur la partie postérieure du cerveau, alors cela va engendrer des crises sensitives (pariétales) : cela va donner des impressions de picotements sur la peau (paresthésies) qui peuvent gagner le bras, la jambe et le visage très progressivement

Il peut y avoir pendant tout le temps de la crise une rupture de contact : il s’agit d’une altération de la conscience, puis un retour progressif plus ou moins rapide.

L'épilepsie du sommeil

L'épilepsie constitue l’une des principales maladies neurologiques après la maladie d’Alzheimer. Parmi ses nombreuses formes, il en est une qui est particulièrement méconnue : l’épilepsie du sommeil. Si on sait que les crises d'épilepsie peuvent avoir des effets sur le sommeil, l'inverse est également vrai. En effet, il existe une épilepsie du sommeil. En effet, les crises d'épilepsie peuvent se déclencher la nuit. Ces épilepsies nocturnes se traduisent par la survenue de crises comitiales, et ce, uniquement au cours du sommeil. "Au réveil, ils constateront un endolorissement des muscles ou une morsure à la langue", indique la Fondation Sommeil.

"Faire une crise est le résultat d’un dérèglement du système électrique qui fait fonctionner notre cerveau. Pendant une minute ou deux, ce dérèglement modifie la manière dont notre cerveau contrôle le reste de notre corps". En pratique, la personne qui subit une crise d'épilepsie pendant son sommeil peut tomber et se mettre à trembler, perdre connaissance, être prise de secousses incontrôlables ou de spasmes musculaires soudains.

Pour savoir si vous êtes victimes d'épilepsie du sommeil, il existes des symptômes à repérer :

  • de simples parasomnies, c’est-à-dire des comportements anormaux à l'endormissement ou pendant le sommeil
  • de véritables convulsions, qui restent rares
  • une hypersalivation ou encore des bruits de gorge caractéristiques

Causes des crises d'épilepsie

Il y a plusieurs causes possibles à une crise d’épilepsie. La nouvelle classification internationale permet de se repérer dans les différents syndromes épileptiques selon les causes structurelles. On distingue les causes idiopathiques, qui sont globalement d’origine génétique et les causes symptomatiques, qui sont la conséquence d’une atteinte cérébrale. Certaines épilepsies restent inclassables.

Causes des crises d'épilepsie© Fotolia

L’épilepsie symptomatique

"Lorsque le cerveau a été agressé par une maladie, un accident vasculaire ou une tumeur, le cortex cérébral devient beaucoup plus sensible dans la zone touchée", explique le neurologue. Cela va créer un dysfonctionnement qui peut irriter les neurones, ce qui va déclencher un phénomène électrique. C’est à ce moment-là que la crise d’épilepsie survient. Les causes symptomatiques de l’épilepsie sont nombreuses :

  • Des infections
  • De la fièvre
  • Une origine métabolique (un taux de sodium trop bas par exemple, car les neurones ont besoin de sodium, et certains médicaments peuvent causer une baisse de sodium)
  • Une hypoglycémie, chez les diabétiques notamment
  • Des maladies immunologiques qui vont générer des anticorps attaquant certains neurones, ce qui va les irriter et causer l’épilepsie.

L’épilepsie idiopathique ou héréditaire

L’épilepsie idiopathique peut avoir des causes génétiques : des maladies génétiques vont créer des modifications cérébrales par anomalie du développement neuronal, ce qui va engendrer plus de risques d’avoir une maladie épileptique au cours de sa vie. Néanmoins, le caractère héréditaire de l’épilepsie est très complexe, peu de personnes sont concernées.

Épilepsie : quelles sont les conséquences de ces crises ?

Lors des crises d'épilepsie, il existe un risque de traumatisme et de blessures corporelles du fait des mouvements incontrôlables et de la perte de conscience. Les circonstances de survenue de la crise entraînent des complications selon la situation. C’est pourquoi les sports en hauteur, en eau profonde, la conduite automobile sont à discuter avec le médecin en fonction de la fréquence des crises, de l’encadrement des activités.

Les crises d'épilepsie prolongées peuvent engendrer de fortes séquelles neurologiques à tout âge. En effet, durant une crise prolongée, certaines zones du cerveau manquent d’oxygène.

Des absences chez l’enfant non traitées peuvent avoir un retentissement scolaire avec des troubles de l’apprentissage. L’état de mal épileptique est une crise qui dure plus de 10 minutes ou 3 crises qui se suivent sans retour a une conscience normale entre chaque crise.

Personnes à risque

Crise d'épilepsie chez les bébés et les enfants

Les enfants sont les premiers concernés par l’épilepsie : la moitié des personnes touchées par des crises ont moins de 20 ans.

La maladie se déclare essentiellement entre 0 et 1 an et le r isque reste très important jusqu’à 10 ans. En effet, le cerveau étant en plein développement, cela peut causer des dysfonctionnements. Par la suite, certaines épilepsies vont disparaître spontanément à l’adolescence.

L’épilepsie chez l’enfant est souvent accompagnée de troubles du développement cognitif, de difficultés d’apprentissage ou de troubles du comportement. Certains types de crises d’épilepsie ne surviennent que chez les enfants :

  • Le syndrome de West, qui engendre des spasmes et des troubles du développement psychomoteur, apparaît dès les premiers mois de l’enfant
  • Le syndrome de Dravet, une épilepsie myoclonique sévère, apparaît aussi dès les premiers mois du nourrisson
  • Le syndrome de Lennox-Gastaut engendre des absences et des crises toniques durant les jeunes années de vie
  • L’épilepsie-absence est une forme très fréquente de la maladie chez les enfants, qui survient souvent entre 5 et 7 ans. Elle se caractérise par des absences de quelques dizaines de secondes, dont l’enfant n’a pas mémoire. Elle disparaît souvent spontanément à l’adolescence.

Crise d'épilepsie chez les personnes âgées

Si le risque de faire une crise d’épilepsie diminue après la vingtaine, il remonte très significativement après 75 ans. Ainsi, entre 60 et 80 ans, le risque s’est multiplié par deux pour les femmes et par trois pour les hommes, selon une étude de la Clinique de neurologie des hôpitaux universitaires de Genève. La majorité de ces crises sont des crises symptomatiques aiguës, c'est-à-dire en rapport avec une affection neurologique ou systémique récente.

Crise d'épilepsie chez les personnes atteintes de maladies neurodégénératives

Certaines personnes sont plus à risques de développer la maladie d’épilepsie, notamment les personnes atteintes de maladies neurodégénératives. "Avec le vieillissement, les maladies neurodégénératives peuvent être un risque d’épilepsie. Par exemple, dans la maladie d’Alzheimer ou apparenté, on trouve assez fréquemment des crises d’épilepsie, parfois avant l’apparition des symptômes de la maladie et parfois au cours de la maladie", explique le neurologue Olivier Rouaud. À partir du moment où "le cerveau est agressé par une lésion vasculaire, tumorale, infectieuse ou inflammatoire et que cela concerne le cortex cérébral, il y a un risque de faire une crise", précise-t-il.

Durée

"Cela dépend de la nature de la crise, mais en général, la durée d’une crise d’épilepsie est de quelques minutes. Ensuite, elles cèdent dans la majorité des cas", nous explique le neurologue.

En revanche, si une crise dure plus de 10 minutes ou se répète de manière rapprochée "à ce moment-là, les personnes ne reviennent pas à un état normal entre les crises. C’est un état de mal épileptique qui nécessite d’être pris en charge en urgence", insiste le médecin.

Qui, quand consulter ?

Lorsqu’on a fait une crise d’épilepsie, si c’est la première, il est important d’appeler les secours et de se rendre aux urgences. Un bilan auprès d’un neurologue sera réalisé, Ce dernier pourra pratiquer les examens nécessaires pour détecter l’origine de la maladie, et ensuite prescrire le médicament le plus adapté et vérifier s’il est efficace.

Qui, quand consulter ?© Creative Commons

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Complications

Une des complications de la crise d’épilepsie est l’état de mal épileptique. Les crises d’épilepsie sont longues et peu espacées, ce qui ne laisse pas le temps au patient de revenir réellement à la conscience entre les deux crises. Cet état de mal épileptique constitue une urgence thérapeutique, car il traduit une souffrance cérébrale focale ou généralisée. La prise en charge doit être très rapide.

Que faire en cas de crise d'épilepsie ?

La répétition des crises d'épilepsie peut parfois entraîner des déficits cérébraux à long terme. Vous assistez à une crise généralisée :

  • Il faut garder son calme, la crise va s’arrêter ;
  • Il faut allonger délicatement la personne et, dès que possible la mettre sur le côté ;
  • Il faut protéger la tête contre les blessures éventuelles ;
  • Il faut s’assurer que la personne respire sans difficulté, particulièrement si son visage bleuit ;
  • Il faut rester avec la personne jusqu’à ce qu’elle ait récupéré, la réconforter et repérer ses éventuelles blessures ;
  • Il ne faut pas empêcher les mouvements et il ne faut rien mettre dans la bouche ;
  • Il ne faut pas déplacer la personne sauf pour la protéger d’éventuelles blessures ;
  • Il ne faut pas appeler systématiquement l’ambulance ni demander du secours, sauf si les crises se succèdent ou si la personne a des difficultés respiratoires ou des blessures ;
  • Il ne faut pas imaginer que la personne a totalement récupéré sitôt la crise terminée, certaines personnes restent confuses et désorientées plusieurs minutes après la fin apparente de la crise.

Les conseils du neurologue, Olivier Rouaud : comment réagir face à une crise d’épilepsie ?

En général, les crises d’épilepsie sont tellement foudroyantes et spectaculaires que l’on reconnaît très bien lorsque quelqu’un en fait une. Si l’on est témoin d’une crise d’épilepsie, il y a quelques comportements à connaître : il faut être attentif à l’environnement dans lequel est la personne et la protéger pour qu’elle ne se blesse pas. L’un des risques de décès lors d’une crise est justement l’environnement : il faut protéger sa tête, au maximum l’éloigner de l’eau par rapport au risque de noyade, écarter tout objet dangereux à proximité . Il ne faut surtout pas lui mettre les doigts dans la bouche, car on peut se les faire couper très facilement puisque la personne ne contrôle plus sa force … Ensuite, bien évidemment, une fois la crise passée, il faut mettre la personne en PLS et appeler les secours.

Diagnostic de l'épilepsie

Diagnostic de l'épilepsie© Istock

Le témoignage du patient

"On diagnostique une épilepsie d’abord par un entretien avec le patient, lors duquel il décrit ce qu’il a ressenti pendant la crise. Si, dans certains cas, la crise n’est pas prévisible, dans d’autres cas le patient sent quelque chose un peu avant", précise le neurologue. Cela va aider à faire le diagnostic. Par exemple, il y a des zones cérébrales, notamment l’hippocampe, qui donnent une sensation désagréable avant la crise, "comme une douleur ventre, un mauvais goût dans la bouche ou une mauvaise odeur dans le nez… et ensuite apparaît la crise", précise le médecin. C’est pour cela que le docteur Rouaud considère qu’il est important de bien interroger la personne et de l’examiner. L’observation des témoins peut aussi aider : ceux-ci pourront dire si les tremblements ont eu lieu plutôt dans le bras, sur le visage (mouvement de mâchonnement)… "Typiquement, si un enfant tourne la tête avec les yeux de l’autre côté, on sait que c’est une crise focale qui touche une région motrice bien précise", ajoute-t-il.

Les examens : électroencéphalogramme (EEG) et IRM

Pour préciser tous ces éléments, le neurologue va faire ensuite un électroencéphalogramme qui permettra de voir s’il y a encore de l’activité anormale dans les neurones. Cela consiste à regarder l’activité sur une longue durée, pour avoir le plus d’informations possibles. L’idéal est de le faire le plus tôt possible après la crise. "Parfois, on peut sensibiliser des épilepsies avec un enregistrement EEG après privation de sommeil, puisque celle-ci est une cause de l’épilepsie. Concrètement, on enregistre les personnes après une privation de sommeil pour voir s’il y a des anomalies électriques, on analyse les différents rythmes neuronaux des différentes régions cérébrales", ajoute le neurologue. Le médecin peut également faire des stimulations lumineuses intermittentes pendant l’enregistrement, qui vont sensibiliser le cerveau et peut activer des crises d’épilepsie.

Le diagnostic de la cause de l’épilepsie se fera au moyen de techniques neuroradiologiques comme le scanner et l’imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM) et autres. "O n fait une IRM cérébrale, pour voir s’il a une lésion, une malformation, un problème de développement, mais cela dépend du type de crise", précise notre neurologue.

Traitement des crises d'épilepsie

Le traitement est essentiellement celui des crises, les faire disparaître ou diminuer la fréquence. Le traitement de la cause est limité à quelques indications : traitement chirurgical d’une tumeur cérébrale, d’une malformation ou correction d’un trouble métabolique ayant entraîné une crise. Traiter un épileptique revient à évaluer le rapport entre la diminution ou la suppression des crises et les effets secondaires.

La plupart des crises surviennent de façon inattendue, sont de courtes durées et s’arrêtent d’elles-mêmes. La majorité des malades ne se blessent pas au cours de la crise et n’ont pas besoin d’hospitalisation ou d’intervention médicale sauf en cas de première crise, si elle dure longtemps ou si elles se succèdent rapidement.

Traitement médicamenteux

Il existe aujourd’hui une vingtaine de médicaments qui peuvent réduire la fréquence et l’intensité des crises. Le traitement de la maladie épileptique est basé sur le type d’épilepsie, généralisée ou focale, idiopathique ou symptomatique.

"Selon l’épilepsie, on va utiliser des médicaments qui agissent sur certains récepteurs de canaux", explique le médecin. En effet, un traitement anti-épileptique non approprié peut aggraver une épilepsie.

En général, il faut essayer plusieurs médicaments en augmentant peu à peu les doses, pour en trouver un qui soit efficace, ou faire des associations de médicaments. Néanmoins, aujourd’hui encore, un tiers des patients environ ne trouve pas de médicament efficace. L’épilepsie est alors qualifiée de "pharmacorésistante".

Chirurgie

Dans des cas bien particuliers de patients ne répondant pas aux médicaments, la chirurgie peut être envisagée dans certaines conditions. Elle consiste à retirer la zone responsable des crises, si cela n’entraîne pas de conséquences sur la vie du patient. Cela signifie que, pour pouvoir être pratiquée, toutes les crises du patient doivent venir de la même zone cérébrale. Cette opération délicate doit être faite par des centres spécialisés.

Épilepsie : une opération chirurgicale pourrait améliorer la santé du cerveau

Une récente étude menée par des chercheurs de l’université de Liverpool (Royaume-Uni) a mis en évidence les bienfaits d’une opération du cerveau chez les personnes atteintes d'épilepsie.

Afin de prouver leurs dires, l’équipe scientifique a rassemblé 48 volontaires atteints d’épilepsie du lobe temporal, dont 25 femmes, avec une moyenne d’âge de 39 ans.

Les participants ont été soumis à une IRM cérébrale. Les résultats ont été comparés à ceux de personnes n’étant pas atteintes par la maladie. Ces examens révèlent qu’une personne atteinte d’épilepsie du lobe temporal a un cerveau plus vieux de sept ans, par rapport à un individu sain.

Une seconde IRM réalisée après l’opération du cerveau tend à démontrer que cet écart se réduit.

Le docteur Christophe de Bezenac, auteur principal des travaux publiés en juillet 2021 dans Neurology, explique “De nombreux cliniciens hésitent encore à orienter les patients atteints d'épilepsie du lobe temporal (ELT) réfractaire vers la chirurgie, malgré une sécurité et une efficacité connues. Nous fournissons ici des preuves d'imagerie qui suggèrent qu'elle peut améliorer la santé globale du cerveau."

Traitement de l'état de mal épileptique

Il y a une grande famille de traitements anticonvulsivants. "Il faut absolument arrêter la crise, donc parfois en cas d’état de mal épileptique réfractaire aux premières lignes de traitement, on peut aller jusqu’à utiliser des anesthésiants en milieu de réanimation", précise le médecin.

Réduire les crises en régénérant ses neurones perdus

C'est une découverte incroyable pour les patients qui souffrent d'épilepsie. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Cell Stem Cell le 29 septembre dernier, des chercheurs sont parvenus à "transformer des cellules non-neuronales présentes dans le cerveau en nouveaux neurones inhibiteurs qui permettent de diminuer de moitié l’activité épileptique chronique". C’est ce qu’explique le communiqué de l’Inserm, qui révèle que des chercheurs sont parvenus à régénérer des neurones endommagés ou perdus grâce à la technique de la reprogrammation cellulaire directe afin de "reprogrammer" l’identité de certaines cellules non-neuronales présentes au sein même du cerveau malade pour les transformer en neurones. Résultat, "en quelques semaines, la grande majorité de ces cellules gliales ayant reçu les gènes s’étaient transformées en nouveaux neurones" chez les souris. Ces nouveaux neurones créés avaient "des caractéristiques moléculaires similaires à celles des neurones qui avaient été perdus à cause de la maladie". Ils ont ainsi inhibé les neurones voisins qui étaient responsables des crises d’épilepsie. Les souris ont ainsi vu leurs épisodes épileptiques divisés par deux. C'est également un espoir thérapeutique pour d'autres maladies neurodégénératives comme Parkinson ou Alzheimer.

Comment prévenir les crises d'épilepsie ?

Conseils préventions avant l’apparition de l’épilepsie

Selon l’OMS, "25% des cas pourraient être évités", notamment dans les pays sous-développés. Elle concerne l’épilepsie secondaire, puisque la prévention est impossible pour l’épilepsie idiopathique. Ces mesures sont les suivantes :

  • Le dépistage des complications de la grossesse et l’accouchement dans une structure qualifiée, ce qui prévient les traumatismes périnatals
  • La vaccination contre la pneumonie et la méningite
  • Les mesures visant à prévenir l’hypertension, le diabète et le tabagisme
  • Enfin, la prévention des accidents de la route et des chutes, qui engendrent des traumatismes pouvant déclencher une crise d’épilepsie

Conseils pour éviter les crises d'épilepsie chez les malades

Une fois que la maladie est connue et que le patient fait des crises régulières d’intensité variables, il y a quelques conseils à appliquer :

  • Éviter les carences de sommeil
  • Éviter la fièvre prolongée en prenant du paracétamol
  • Éviter les prises d’alcool

Une fois ces situations évitées au maximum, le rythme des crises d'épilepsie devrait diminuer.

Écouter Mozart réduit les crises d’épilepsie de 32%

Selon une nouvelle étude présentée lors du 7e congrès de l'Académie européenne de neurologie (EAN) qui s’est tenu du 19 au 22 juin 2021, la musique de Mozart a un effet antiépileptique sur le cerveau. Elle réduirait les crises.

L’équipe du professeur Ivan Rektor du centre d’épilepsie du Hospital St Anne et du CEITEC Masaryk University (République tchèque), a comparé les effets de l'écoute de la Sonate pour deux pianos K448 de Mozart avec la Symphonie n° 94 de Joseph Haydn. L’activité cérébrale des participants épileptiques était mesuré par des électrodes intracérébrales qui avaient été implantées dans leur cerveau.

"À notre grande surprise, il y avait des différences significatives entre les effets de l'écoute du K448 de Mozart et du No 94 de Haydn", a expliqué le professeur Rektor. "Écouter Mozart a entraîné une diminution de 32 % des décharges épileptiformes (ED), en revanche écouter le No 94 de Haydn a conduit à une augmentation de 45 %".

Les chercheurs avancent que “l'effet Mozart” chez les épileptiques était lié aux effets émotionnels de la musique, car la dopamine (les principaux neurotransmetteurs du système de récompense du cerveau) est libérée lors de l'écoute de musique. Mais, il n'y a pas de preuve directe de ce mécanisme. "Nos patients n'étaient pas des connaisseurs de musique et se disaient émotionnellement indifférents aux deux morceaux de musique. Il n'y avait donc aucune raison de croire que le K448 suscitait plus de plaisir que le n° 94", reconnaît l’expert.

Si les causes de cet effet antiépileptique ne sont pas encore comprises et connues, les experts pensent que leurs travaux peuvent ouvrir la voie au développement de thérapies musicales individualisées pour prévenir et contrôler les crises d'épilepsie.

Alors certes, écouter du Mozart permet de réduire la fréquence des crises chez les épileptiques. Toutefois jusqu'à présent, on ignorait pourquoi et plus précisément pourquoi la sonate pour deux pianos en ré majeur (K448) était la musique la plus efficace. Une étude publiée ce jeudi 16 septembre dans la revue Scientific Reports révèle comment la musique du prodige autrichien du XVIIIème influence le cerveau des épileptiques. Selon l'étude, écouter la sonate K448 de Mozart pendant une durée comprise entre 30 et 90 secondes entraîne une réduction moyenne de 66,5% du nombre de pics d'activité électrique liés à l'épilepsie dans le cerveau des patients. Les auteurs nous révèlent également les zones du cerveau dans lesquelles les pics électriques ont le plus chuté. Il s'avère qu'il s'agit des cortex frontaux gauche et droit du cerveau, où les réponses émotionnelles sont régulées.

"Notre prochaine étape serait de tester si nous pouvions détecter d'autres stimuli musicaux avec ces propriétés préexistantes, comme le tempo ou le timbre, ou ajouter ces propriétés par altération du signal. Nous pourrons éventuellement, espérons-le, définir un genre antiépileptique, alors peut-être qu'écouter de la musique de cette liste de lecture réduira les risques de crise", assure auprès de Stat Robert Quon, auteur principal de l'étude.

Sites d’informations et associations

  • Ligue française contre l'épilepsie (LFCE)

https://www.epilepsie-info.fr/

  • Épilepsie France

http://www.epilepsie-france.com/

  • Fondation française pour la recherche sur l'épilepsie (FFRE)

http://www.fondation-epilepsie.fr/

  • Fédération française de neurologie

https://www.ffn-neurologie.fr/

  • Alliance canadienne de l’épilepsie

http://www.canadianepilepsyalliance.org/?lang=fr

  • International League Against Epilepsy

https://www.ilae.org/

FAQ Épilepsie

L’épilepsie est-elle une maladie mentale ?

NON. Selon la FFRE : "C’est une maladie neurologique. Les symptômes et formes des crises font parfois croire à une maladie mentale, préjugé qu’il faut combattre".

Peut-on guérir de l'épilepsie ?

Selon la FFRE : "Certaines épilepsies guérissent spontanément et d’autres peuvent être opérées, même si ce n’est pas la majorité des cas".

Peux-tu vivre avec l'épilepsie ?

OUI. "Sous réserve du respect de quelques règles d’hygiène de vie simples (éviter le manque de sommeil, le stress, l’alcool…) et d’une stricte observance du traitement, l’épileptique, dont le traitement est bien équilibré, peut mener une vie normale", précise la FFRE.

Épilepsie et grossesse : une femme épileptique peut-elle avoir des enfants ?

OUI. "Une surveillance particulière sera nécessaire avant et pendant la grossesse".

Une personne épileptique peut-elle conduire en France ?

"Des dispositions légales précisent les conditions d’obtention du permis pour lesquelles l’avis du neurologue est indispensable". La conduite automobile a longtemps été interdite aux patients souffrant d'épilepsie en France. Depuis récemment, les progrès dans la prise en charge thérapeutique permettent à des personnes épileptiques d'obtenir le permis de conduire.

Des professions sont-elles interdites pour les personnes souffrant d'épilepsie ?

OUI. Compte tenu des conséquences liées aux crises (perte partielle ou totale de conscience, risques de blessures ou de chute, mouvements incontrôlés...), certaines professions ne peuvent pas être exercées par des personnes épileptiques comme:

  • Les conducteurs d'autobus, d'engins et de poids lourds
  • Les chirurgiens
  • Les maîtres nageur, plongeurs sauveteurs
  • Les policiers
  • Les pompiers
  • Les ambulanciers
  • Les militaires
  • Le personnel navigant aérien

Il est nécessaire de demander l'avis du médecin du travail ou du neurologue / médecin traitant.

Plus d'informations sur l'épilepsie en téléchargeant le document de la FFRE.

Sources

Organisation mondiale de la Santé, Épilepsie, [Consulté le 12/11/2019]

Organisation mondiale de la Santé, L’OMS attire l’attention sur le fait que le traitement de l’épilepsie est très rarement disponible dans les pays à revenu faible, Communiqué de presse, 20/06/2019 [Consulté le 12/11/2019]

Assurance Maladie, Traitement de l'épilepsie, 08/07/2019 [Consulté le 12/11/2019]

FFRE, Comprendre l'épilepsie [Consulté le 12/11/2019]

Epilépsie France, Permis de conduire [Consulté le 12/11/2019]

Fédération française de neurologie, Qu'est-ce que l'épilepsie ? [Consulté le 12/11/2019]

K Stillova et al. Mozart effect in epilepsy: Why is Mozart better than Haydn? Acoustic quality-based analysis of stereo electroencephalography. 

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33527581/

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