Définition

L’œsophagite est une inflammation de la muqueuse de l’œsophage, cette partie du tube digestif qui propulse les aliments depuis le fond de la gorge jusque dans l’estomac.

Chiffres

Le reflux gastro-œsophagien touche 5 à 10 % de la population adulte selon la Société Nationale Française de Gastroentérologie.

Environ 20 à 40 % des personnes qui souffrent d’un RGO ont une œsophagite toujours selon la SNFG.

Symptômes

Les symptômes de l'œsophagite sont ceux de tout reflux de type RGO. Il s’agit de :

  • Brûlures d'estomac.
  • Remontées acides qui peuvent atteindre la gorge avec une amertume de type "vinaigre" dans la bouche.
  • Régurgitations en particulier quand la personne se couche ou se penche en avant.

Les autres symptômes de l'œsophagite moins fréquents sont :

  • Des éructations trop abondantes.
  • Une irritation chronique de la gorge.
  • Une toux sèche régulière qui se manifeste volontiers la nuit.
  • Des douleurs au creux de l'estomac.

Oesophagite : quels sont les signes qui ne trompent pas ?

Réponse du Dr Philippe Godeberge :

"Certains symptômes sont mis en avant par les patients, mais leur lien avec un RGO est très incertain (boule dans la gorge, nausées, vomissements, difficulté de digestion, ballonnements). Ces symptômes ne "signent" pas l'œsophagite. En revanche, d'autres symptômes doivent rendre très vigilant et imposent une consultation. C’est le cas des difficultés à avaler (dysphagie), de la déglutition douloureuse, de la perte de poids, de l’anorexie (chez le sujet âgé notamment), d’une anémie et de la présence de sang dans des vomissements."

Causes

L'inflammation de la muqueuse en cas d'œsophagite peut avoir plusieurs origines :

  • La remontée du contenu de l'estomac dans l'œsophage :

C’est la cause la plus fréquente. Ce reflux est physiologique, mais quand il est responsable de symptômes ou de lésions (œsophagite par reflux) on parle d'une maladie : le reflux gastro-œsophagien (RGO).

  • L'ingestion de produits caustiques ou acides :

« Les œsophagites sont beaucoup plus rarement et dans un contexte bien particulier, provoquées par l'ingestion d’un produit caustique ou acide dans le cadre d'un accident domestique (particulièrement chez l’enfant), ou d'une tentative de suicide. La situation est souvent dramatique », note le Dr Philippe Godeberge, Gastro-entérologue et auteur de "Qu'est-ce que tu as dans le ventre" (Ed. Hachette).

  • La prise de certains médicaments :

« Certains médicaments comme les anti-inflammatoires, dont l'aspirine, ou certains antibiotiques peuvent provoquer une œsophagite. Surtout quand ces médicaments sont avalés le soir au coucher avec très peu d'eau. On ne répètera jamais assez de ranger les médicaments et les produits ménagers hors de portée des enfants et de ne pas stocker les produits caustiques dans des bouteilles de sodas ! », rappelle le Dr Philippe Godeberge.

  • Certains microbes :

C’est un champignon – le candida albicans – exceptionnellement un virus (herpès, CMV) qui provoquent ces formes d’Œsophagites. Elles sont en général la conséquence d'une baisse de l'immunité liée au diabète, d'un traitement à base de corticoïdes, d'une chimiothérapie ou du SIDA.

  • « L'œsophagite à éosinophiles, qui était rare, voit aussi ces dernières années sa fréquence augmenter chez des adultes jeunes.

On ignore son mécanisme exact. On sait juste qu'elle s'accompagne d'une infiltration de la paroi de l'œsophage par un type particulier de globules blancs, les éosinophiles, qui sont impliqués par ailleurs dans les mécanismes de type allergique (comme l'asthme ou l'urticaire). La piste d’une allergie alimentaire, difficile à prouver, est fortement évoquée », note le Dr Philippe Godebege.

Facteurs de risques

Certains facteurs peuvent aggraver ou déclencher un reflux gastro-œsophagien et donc l’œsophagite. Il s’agit de :

  • L’alcool.
  • Le tabagisme.
  • Le diabète.
  • Le surpoids ou l’obésité.
  • Les repas riches et les aliments gras.
  • Les boissons gazeuses.
  • Le café et le chocolat, mais cela reste à valider scientifiquement.

Personnes à risque

Certaines personnes sont plus susceptibles d’être soumises à un reflux et donc d’être victimes d’une œsophagite. C’est le cas :

  • Des femmes enceintes, particulièrement au cours des derniers mois de grossesse.
  • Des personnes obèses ou en surpoids.
  • Des personnes âgées de 50 ans et plus, car avec l’âge le sphincter œsophagien devient moins performant.
  • Des personnes atteintes de sclérodermie (affection cutanée des couches profondes de la peau).
  • De certains professionnels (plongeurs, carreleurs, poseurs de moquette, livreurs).
  • Des sportifs pratiquant des activités physiques caractérisées notamment par une hyperpression abdominale (culturisme, aviron).

Contagion

L'œsophagite n'est pas contagieuse.

Durée

La durée de cette maladie dépend de sa cause et s'avère donc très variable. Elle peut, en effet, devenir chronique si elle n'est pas traitée correctement.

Qui, Quand consulter ?

Vous pouvez consulter votre généraliste si vos symptômes durent depuis plus de 4 ou 5 jours. Il vous orientera au besoin vers un gastro-entérologue ou un ORL s’ils ne s’améliorent pas au bout de quelques semaines.

Complications

Les complications de l'œsophagite sont liées au caractère chronique de l'inflammation et prennent la forme de :

  • Modifications de la muqueuse :

Si l'œsophagite n'est pas bien traitée, l'inflammation chronique peut provoquer des altérations de la paroi de la muqueuse avec des cellules qui deviennent non plus de type œsophagien, mais de type intestinal. Cette modification appelée endobrachyoesophage, doit être surveillée, car elle peut évoluer au bout de nombreuses années vers un cancer du bas de l’œsophage principalement en cas de lésions étendues.

  • Hernie hiatale :

Mise en évidence par la fibroscopie gastrique, il s’agit d’une anomalie anatomique bénigne caractérisée par la remontée de quelques centimètres au-dessus, du diaphragme de l’estomac. En général dépourvue de symptômes, elle peut être associée à un RGO qu'elle a tendance à aggraver.

« Certaines complications sont devenues désormais anecdotiques grâce aux traitements modernes : c’est le cas de l'ulcère de l'œsophage avec son risque d'hémorragie, un rétrécissement qui peut entraver l'alimentation", souligne le Dr Philippe Godeberge.

Examens et analyses

En cas de suspicion d’œsophagite, de reflux sévère ou en présence de signes de gravité, le médecin prescrit une fibroscopie œsogastrique. Cet examen simple est le seul qui permet de confirmer la présence d'une œsophagite et d’évaluer sa gravité.

Dans certaines formes résistantes ou plus complexes, le médecin peut demander un enregistrement de l'acidité régnant dans l'œsophage (pH-impédancemètrie) ou évaluer la motricité de l'œsophage grâce à une manométrie œsophagienne.

Traitements

Médicaments diminuant l’acidité gastrique

Ils diminuent un peu le reflux, mais surtout réduisent son agressivité permettant à l'œsophagite de cicatriser dans plus de 90 % des cas.

Ils sont connus sous le nom d'inhibiteurs de la pompe à protons. Leur dose et la durée du traitement dépendent de chaque cas et de l'importance des lésions. En présence d'endobrachyoesophage le traitement est beaucoup plus long.

Médicaments facilitant la motricité de l'œsophage et médicaments ayant une action de pansement

Il s’agit de traitements complémentaires. Ils sont parfois utiles, mais jamais suffisants.

Prévention

Une fois la cicatrisation obtenue, le problème est lié à la possibilité d'une rechute, surtout si les habitudes de vie ne changent pas. Pour éviter la réapparition d'une œsophagite et maintenir cette rémission, certaines précautions deviennent impératives. Ces conseils permettant aussi de limiter le risque de développer une première œsophagite. Il est ainsi nécessaire de :

  • Perdre du poids ou du moins ne pas en prendre en réduisant les portions alimentaires afin de faciliter leur passage dans l’œsophage.
  • Éviter l’alcool et les boissons gazeuses.
  • Adopter la nuit une position légèrement surélevée en plaçant des cales sous les pieds, situées à la tête du lit. Ne multipliez surtout pas les oreillers.
  • Privilégier une position assise ou debout lors de la digestion.
  • Éviter la sieste après les repas durant la digestion.
  • Respecter un délai entre la fin du repas et le coucher.
  • Éviter les vêtements trop serrés au niveau du ventre.

Sites d’information et associations

SNFGE – Société Nationale Française de Gastro-Entérologie https://www.snfge.org/

Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie https://www.fmcgastro.org/

Association Nationale des Hépato-gastro-entérologues des Hôpitaux généraux https://angh.net/

AGEQ – Association des gastro-entérologues du Québec https://ageq.net/

AFIHGE – Association Française des Internes d’Hépato-Gastro-Entérologie https://afihge.fr/

CREGG – Club de Réflexion des Cabinets et Groupes d’Hépato-Gastroentérologie https://www.cregg.org/

Sources

https://www.snfge.org/content/reflux-gastro-oesophagien-rgo

https://www.fmcgastro.org/textes-postus/no-postu_year/loesophagite-a-eosinophiles/

https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/rgo-adulte/definition-symptomes-causes