L’érection prolongée (priapisme) : un symptôme de la Covid-19Istock

Les cas sont rares, mais les conséquences sont dramatiques. Car en plus d’être très douloureux, avoir une érection de plusieurs heures peut entraîner des séquelles comme l’impuissance, dans 50 à 60 % des cas. Or, à en croire deux études de cas, publiées dans l'American Journal of Emergency Medicine, le priapisme est un symptôme possible de l’infection au coronavirus.

Covid-19 sévère : deux patients atteints de priapisme

À ce jour, deux cas ont été identifiés dans le monde : un patient de 69 ans hospitalisé à Miami et un autre, âgé de 62 ans, en France. Alors qu’ils étaient en réanimation pour Covid-19 sévère, ces deux hommes ont eu une érection douloureuse, sans aucune stimulation sexuelle, qui a duré plusieurs heures. Ce symptôme était causé par des caillots sanguins au niveau du membre génital.

Le patient américain souffrait de plusieurs comorbidités, dont l’obésité. Après une dizaine de jours de traitement, à la fin de l’année 2020, l’état de ses poumons s’est détérioré. Les médecins l’ont donc couché sur le ventre pendant 12 heures, pour aider à faire circuler l’oxygène dans son organisme. Mais lorsqu’il a été retourné sur le dos, plus tard dans l’après-midi, les infirmiers ont remarqué qu’il avait développé une érection.

Un traitement par drainage et anticoagulants

Les médecins ont appliqué une poche de glace sur son pénis pour tenter de réduire le gonflement, mais la raideur a persisté pendant trois heures. Finalement, le sang bloqué a dû être drainé à l’aide d’une aiguille et le patient a reçu dix doses de 250 μg / mL de phényléphrine intracaverneux, à un intervalle de trois minutes. Ce double traitement a permis la détumescence complète du membre, et ce symptôme ne s’est pas manifesté à nouveau. Malheureusement, le patient est décédé en réanimation suite à une défaillance complète de ses poumons.

Quant au patient français, il a lui aussi reçu une poche de glace sur son intimité. Après 4 heures d'application, sans résultat, une intervention visant à aspirer le sang a été programmée. Celle-ci a permis de mettre en évidence la présence de caillots noirs. Le malade a ensuite été traité avec un anticoagulant. Après 14 jours sous respirateur artificiel, il a finalement été extubé, et n’a connu aucune récidive de priapisme au cours de son hospitalisation.

Priapisme : une complication thromboembolique de la Covid-19

Une précédente étude avait déjà montré que la Covid-19 pouvait entraîner des complications thromboemboliques. Sur les 3000 patients observés, 29,4 % avaient développé ce type de problème. Les deux cas que nous venons de rapporter prouvent que, dans certain cas, la thrombose peut se situer au niveau du pénis.

"Cette urgence médicale doit être reconnue par les professionnels de santé et traitée rapidement pour éviter les complications fonctionnelles immédiates et chroniques", concluent les auteurs de l’étude américaine. En l’absence de traitement adapté, le priapisme peut, en effet, entraîner de lourdes séquelles.

Sources

Priapism in COVID-19: A thromboembolic complication, 31 décembre 2020, American Journal of Emergency Medicine. 

Priapism in a patient with coronavirus disease 2019 (COVID-19), 17 juin 2020, American Journal of Emergency Medicine. 

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