Une éjaculation rétrograde
Des problèmes de prostate peuvent être responsables d’une éjaculation rétrograde. Concrètement, le sperme ne sort pas par l'extrémité de la verge, mais prend un chemin rétrograde vers la vessie et est évacué en urinant.
Dans quel cas : L'éjaculation rétrograde fait parfois suite à un traitement médicamenteux ou chirurgical* pour l’hypertrophie bénigne de la prostate**. Dans 10% des cas, la prise des médicaments alpha-bloquants entraîne une éjaculation rétrograde.
Pourquoi : « L'intervention entraîne une béance du col de la vessie. Si celui-ci reste ouvert, le sperme est émis vers la vessie et non vers l'extérieur. Les érections et l’orgasme ne sont pas modifiés, mais sans éjaculation », indique le Pr Rischmann, professeur d'urologie et chef de service d'urologie, andrologie et transplantation rénale au CHU Rangueil (Toulouse).
Y a-t-il des solutions ? Si le problème est dû à la prise de médicaments, le médecin peut en prescrire d’autres pour le solutionner. Si la cause est chirurgicale, il n’y a rien à faire.
* un instrument endoscopique est introduit dans l'urètre par le pénis pour retirer les tissus hypertrophiques sous anesthésie loco-régionale ou générale (résection transurétrale)
** augmentation bénigne du volume de la prostate. En grossissant, cette glande de petite taille située à la base de la vessie peut comprimer le défilé urinaire et entraîner des difficultés à vider la vessie.
Des troubles de l'érection
Dans quels cas : Les différents traitements du cancer de la prostate (ablation, radiothérapie, hormonothérapie) peuvent entraîner une dysfonction érectile. Même chose lorsque l’on prend certains médicaments pour soigner une HBP (hypertrophie bénigne de la prostate).
Pourquoi : « Les nerfs qui commandent l'érection sont très proches de la prostate. Son ablation peut les rendre inefficaces », explique le Pr Rischmann.
Y a-t-il des solutions ? Oui ! Dans le cas d’un cancer, la prescription de traitements médicamenteux (tadanafilCialis®, vardénafil/Levitra®,sildénafil/Viagra®), des injections intra-caverneuses, voire un implant pénien (prothèse semi-rigide ou gonflable) peuvent être proposés pour préserver la vie sexuelle du patient. Dans le cas d’une HPB, il suffit de changer de traitement.
Des éjaculations douloureuses
Des troubles de la prostate peuvent être responsables d’éjaculations douloureuses. En général, cela reste supportable.
Dans quel cas : Essentiellement lors d'une inflammation de la prostate (prostatite) aiguë et chronique.
Pourquoi ? La prostatite est provoquée le plus souvent par une atteinte bactérienne provenant de rapports sexuels non protégés ou parce que l'appareil urinaire est partiellement obstrué (par un adénome de la prostate par exemple) et ne permet pas d'éliminer complètement certains germes qui sont présents autour du méat urinaire. Ceux-ci remontent le canal urinaire, prolifèrent et atteignent la prostate.
Y a-t-il des solutions ? Oui, des traitements médicamenteux (antibiotiques, alpha-bloquants, antispamodiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens...). Si l'éjaculation reste douloureuse, cela peut provenir d'un problème psychologique.
Une baisse de la libido
Dans quels cas : Les traitements du cancer de la prostate, notamment l'hormonothérapie, entraînent une baisse de la libido. Même chose lorsque l’on prend certains médicaments pour soigner une HBP (hypertrophie bénigne de la prostate).
Pourquoi : « Le cancer de la prostate est hormonodépendant*. L'hormonothérapie consiste à bloquer les hormones qui stimulent le cancer. Mais cela a une action directe sur la libido », explique le Pr Rischmann.
Y a-t-il des solutions ? « Cela cesse à l'arrêt du traitement. Sur des traitements longs, on peut pratiquer des intermittences. On traite pendant 9 mois, puis on arrête et on suit le patient pour reprendre parfois 2 ou 3 ans plus tard. Cela lui permet de retrouver une libido. » En cas d’HPB, changer de traitement suffit à retrouver le désir sexuel.
* la multiplication des cellules cancéreuses est stimulée par les hormones sexuelles.
Une stérilité
Dans quels cas : L'ablation de la prostate pour le cancer de la prostate entraîne une stérilité. L'inflammation chronique de la prostate d'origine infectieuse notamment au chlamydia peut avoir les mêmes conséquences à moyen terme.
Pourquoi : « L’ablation de la prostate, ainsi que des vésicules séminales et des canaux déférents entraînent une stérilité, mais pas l'infécondité, car nous avons plusieurs techniques aujourd'hui pour y parer. Pour les inflammations chroniques liées au chlamydia, la bactérie peut atteindre le canal par où passent les spermatozoïdes et entraîner la stérilité », explique le Pr Rischmann.
Y a-t-il des solutions ? Dans le cas d’une chirurgie pour un cancer, la stérilité est irréversible. Elle est réversible quand il s’agit d’inflammations chroniques grâce à la prise d'antibiotiques.
Prostate : des médicaments néfastes à la sexualité
Des médicaments prescrits pour diminuer les problèmes urinaires liés à l'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) peuvent avoir des conséquences sur la sexualité.
Lesquels :
- les inhibiteurs de la 5 a-réductase comme la finastéride (Chibro-Proscar®) et le dutastéride (Avodart®) qui réduisent les effets des hormones sur la prostate et améliorent les symptômes (problèmes urinaires), peuvent entraîner une baisse de la libido et une dysfonction érectile (10% des cas).
- les alpha-bloquants comme Omexel®, Josir®, Mecir®, Urorec® fréquemment prescrits car très efficaces peuvent entraîner une éjaculation rétrograde* (10% des cas).
Les solutions : « Le remplacement par d'autres molécules résout le problème. », explique le Pr Rischmann.
* au lieu de s'évacuer vers l'extérieur, le sperme part vers la vessie et est évacué en urinant. Voir paragraphe 2.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.