Les poêlées de girolles et trompettes de la mort font partie de vos péchés mignons ? Sachez que ce petit plaisir automnal n’est pas sans risque pour votre santé. Dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé Publique France dresse le bilan des intoxications alimentaires par des champignons, entre 2010 et 2017.
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Des tickets de banque toxiques !En l’espace de huit ans, pas moins de 10 625 intoxications ont été enregistrées par le réseau des centres antipoison en France métropolitaine, dont 239 étaient très graves. Dans plus de la moitié des cas, l’intoxication était collective, c’est-à-dire qu’elle concernait deux personnes ou plus au cours d’un même repas.
Plusieurs décès dus au syndrome phalloïdien
Plus encore, 22 personnes, âgées de 38 à 88 ans, sont décédées suite à l’ingestion de champignons. Dans presque 70 % des cas, la mort a été causée par un syndrome phalloïdien. Très souvent dû à l’amanite phalloïde, une espèce vénéneuse de champignon, ce syndrome comprend trois étapes :
- Une période de latence asymptomatique, généralement d’au moins 6 heures ;
- Une phase gastro-intestinale, qui se caractérise par des maux de ventre, des vomissements et des diarrhées aqueuses ;
- Une phase viscérale, entre 36 et 48 heures après l’ingestion. À ce stade, le foie et les reins sont sévèrement atteints.
La phase viscérale du syndrome phalloïdien donne lieu à plusieurs symptômes, qui apparaissent successivement : une cytolyse hépatique, une insuffisance hépato-cellulaire, une hémorragie, une encéphalopathie hépatique, puis le coma et, éventuellement, le décès du patient - selon l’Anses.
Amanites phalloïdes dans la forêt
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Sept décès dus au syndrome sudorien
Les sept autres décès étaient dus au syndrome sudorien qui, lui, se déclare de 15 minutes à 2 heures après l’ingestion. Celui-ci est causé par la toxine L Muscarine, et entraîne une sudation extrêmement importante du patient - d’où son nom. Certaines personnes peuvent même perdre plusieurs kilos en une seule nuit.
Le syndrome sudorien se caractérise également par une hypersécrétion salivaire, des nausées et vomissements, des diarrhées, mais aussi des complications cardiaques comme la bradycardie (rythme cardiaque trop lent), une chute de tension et une excitation cérébrale.
93 % des champignons en cause étaient issus de la cueillette
Les intoxications semblent plutôt localisées à l’Ouest, dans le Sud et à l’Est de la France, dans une zone en U qui touche moins le Nord et le Centre. Selon des données recueillies pour les années 2016 et 2017, 92,8 % des champignons à l’origine des empoisonnements avaient été cueillis, tandis que 7,2 % avaient été achetés ou commandés au restaurant.
Sans surprise, c’est autour du mois d’octobre que le plus grand nombre de cas a été recensé - période de l’année où l’on en trouve le plus dans les forêts. 95 % des intoxications ont eu lieu au cours d’un repas, “les 5 % restants s’étant intoxiqués par méconnaissance du risque”, en croquant directement dans un champignon après l’avoir ramassé par exemple.
Plusieurs facteurs en cause dans ces intoxications
Plusieurs espèces de champignons étaient en cause, y compris des espèces réputées comestibles. Santé Publique France précise que “de nombreux facteurs interviennent dans ces intoxications : confusion d’une espèce comestible avec une espèce toxique, consommation de champignons comestibles en mauvais état, défaut de cuisson d’espèces secrétant des toxines thermolabiles (morilles, shiitake), quantité trop importante consommée (tricholome équestre), sensibilité individuelle (rosés des près et déficit en tréhalase, coprins et absorption d’alcool)”.
Quelles mesures de prévention pour éviter l’intoxication aux champignons ?
Selon Santé Publique France, un renforcement de la communication autour des risques liés à la consommation de champignons est nécessaire. L’organisme estime que “les relais dans les médias locaux doivent être privilégiés”, d’autres mesures peuvent s’avérer efficaces, comme “la mise à disposition sur un site Internet d’une liste d’officines ou sociétés de mycologie où pouvoir apporter sa cueillette” pour la faire contrôler.
En effet, une grande partie des intoxications est la conséquence d’une méconnaissance des espèces consommées, d’où l’importance de faire identifier sa récolte par un spécialiste. Santé Publique France rappelle que, dans tous les cas, il est déconseillé de donner des champignons sauvages aux enfants.
Dans son étude, l’organisation souligne que 3,3 % des patients empoisonnés avaient moins de 5 ans. Le plus jeune n’avait que 9 mois.
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 10 décembre 2019, n°33, Santé Publique France.
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