Culturel dans certains peuples comme chez les Inuits qui dorment en famille, récent mais ancré dans nos sociétés occidentales, dormir à deux n’est pas forcément bien vécu par tous.
"On ne peut qu’être dérangé par une autre personne dans son lit" soutient le Dr Joëlle Adrien, neurobiologiste et présidente de L’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (ISNV). "Pourtant, beaucoup sont rassurés par la présence de quelqu’un auprès d"eux au moment de s"endormir. Et un bon sommeil dépend aussi de l’état d’anxiété du sujet", précise la spécialiste. Il est donc nécessaire de trouver un compromis, à commencer par l’espace.
Opter pour un lit plus grand
Parmi les solutions pour mieux dormir à deux : celle d'opter pour un lit plus grand. "S’il y a quelques années, on ne trouvait que des lits de 140 sur 190 cm, il existe aujourd’hui toutes les largeurs de matelas", rappelle Joëlle Adrien. Donc profitez-en pour prendre vos aises. D"autant qu"en 2012, une étude de l’Association pour la literie a constaté que le temps de sommeil augmentait de 15% chez les couples qui passaient aux lits de 160 sur 200 cm. L’astuce peut paraître simple mais elle peut changer vos nuits !
Prendre des lits jumeaux
Si parfois nous dormons d’un "sommeil de plomb", il arrive assez régulièrement que celui-ci soit mouvementé. Nous bougeons, nous nous retournons, changeons de position pour parvenir à trouver le sommeil, et le conserver. Cela peut constituer une véritable gène pour notre partenaire.
Quelles solutions ? Plutôt que d’en venir aux mains après avoir été réveillé par un dixième coup de coude, pourquoi ne pas passer à des lits jumeaux ? "Deux lits simples à matelas et sommiers dissociés", voila une solution qui vous séparera sans vraiment vous séparer selon le Dr Joëlle Adrien. "Et cela peut même vous empêcher de former le fameux creux dans le milieu du lit vers lequel vous roulez inévitablement". Alors, heureux ?
Avoir deux couettes pour conserver sa niche thermique
Nous n’avons pas tous les même besoins en termes de température. Après une phase d’endormissement lové dans les bras de notre partenaire, nous finissons assez vite par prendre nos quartiers en position d‘"archer", dos à dos.
Conséquence : un courant d’air glacial s’insère dans le lit par le milieu de la couette et vient "détruire votre niche thermique", explique le Dr Adrien. Certains y sont assez peu sensibles, mais cela peut en inciter d’autres à tirer à eux la couverture. S’ensuivent alors les luttes classiques pour la couette auxquelles nous sommes tous confrontés. La solution paraît toute simple : deux couettes.
Ronflements : l"empêcher de dormir sur le dos
Dormir à deux est également source de gènes sonores, à commencer par les ronflements. Ils peuvent être associés à une apnée du sommeil comme pour 8% de la population française mais pas uniquement. Le ronflement est dû à la vibration des voies aériennes supérieures (voile du palais, luette…) aggravée par le relâchement musculaire nocturne. En cas d’apnée, les parois de l’arrière-gorge se rejoignent et empêche le passage de l"air.
Quelles solutions ? S"il s"agit d"apnée du sommeil, il faut consulter et éventuellement porter un masque d"assistance respiratoire, mais "s"il s"agit juste de ronflements, on peut tenter de faire changer son conjoint de position en le poussant légèrement", propose le Dr Adrien, "car les ronflements s’intensifient en position allongée sur le dos".
Vous pouvez également tenter de minimiser le bruit extérieur avec des bouchons d'oreille. "Aujourd’hui, il en existe des sur-mesure en silicone, peu onéreux et très efficaces, qui s’adaptent à tous sans trop serrer ni s’échapper pendant la nuit", propose le Dr Adrien.
"L’alcool augmente également les ronflements, tout comme l’embonpoint", précise Joëlle Adrien. Pour les réduire, il faut limiter sa consommation d"alcool, dangereuse pour la santé, et éviter les aliments trop riches au coucher.
S"adapter aux cycles de l"autre
Pour bien dormir à deux, il faut identifier son propre rythme et celui de son partenaire, afin de pouvoir s’ajuster tout en prenant en compte les impératifs de la vie familiale et professionnelle. "Nous n’avons pas tous les mêmes besoins en ce qui concerne la durée du sommeil et les horaires de lever ou de coucher", souligne le Dr Adrien. "De plus, encore aujourd’hui, beaucoup de femmes n’osent pas imposer leur rythme et préfèrent ne pas bouger dans le lit/ne pas déranger leur conjoint, au détriment de leur qualité de sommeil". Il n’y a aucune raison : "Il faut trouver un compromis qui respecte les besoins de chacun", affirme Joëlle Adrien.
Jambes qui bougent sans cesse : consulter
Apnée du sommeil, somnambulisme, mais aussi "mouvement des jambes sans repos", les différentes pathologies du sommeil peuvent peser sur un conjoint.
Si les deux premières sont assez connues, la troisième, "mouvement des jambes sans repos", est généralement moins évoquée, même si elle touche autant de personnes que l’apnée du sommeil, soit 5% de la population.
"Les victimes de cette pathologie ont tendance à envoyer des coups de pieds en salve pendant leur sommeil, ce qui est très gênant pour leur partenaire", explique le Dr Adrien. "Pendant la journée cela se caractérise par un syndrome d’impatience : une envie irrépressible de bouger les jambes aux moment où elles doivent être immobiles."
Quelles solutions ? En cas de syndrome des jambes sans repos et s"il existe une carence en fer, "la reconstitution des réserves ferriques est souvent très efficace" selon notre interlocutrice. "Dans le cas contraire le traitement fait appel à des médicaments qui facilitent la transmission de l’influx nerveux entre les neurones utilisant la dopamine comme neurotransmetteur. D’autres médicaments sont également efficaces, notamment ceux utilisés dans le traitement de certaines formes d’épilepsie" précise l’INSV.
Faire chambre à part... juste pour le sommeil !
Juste pour les périodes de sommeil, faire chambre à part peut s’avérer salvateur pour les couples qui n’arriveraient pas à trouver le bon rythme dans un même lit. "Cela n’empêche pas un espace d’intimité commun et ne doit pas être vécu comme une exclusion", alerte Joëlle Adrien. Mais plutôt comme une habitude qui améliore votre qualité de sommeil et donc de vie.