Dans les pays occidentaux, le nombre de personnes souffrant de constipation chronique est estimé à environ 5% de la population adulte, indique l’encyclopédie médicale Vidal. Parmi les facteurs de risque de constipation, on retrouve : un faible niveau d’activité physique, le fait d’être une femme, la sédentarité, vivre dans une zone résidentielle, mais aussi certaines maladies comme la dépression, les hémorrhoïdes et certaines pathologies cardiovasculaires, gastrointestinales et musculosquelettiques.
Étudier la constipation : la clé pour comprendre notre cerveau ?
On parle de constipation chronique lorsque l’on va à la selle seulement tous les trois jours, ou encore plus rarement. Ce trouble a déjà été associé à plusieurs maladies, comme l’anxiété et la dépression. On sait par ailleurs que la constipation est une complication fréquente de maladies neurologiques comme Parkinson, et qu’elle est associée à une progression plus rapide d’Alzheimer. En ce sens, en savoir davantage sur la façon dont la constipation affecte le système neurologique - et, par extension, le cerveau - pourrait aider à développer des traitements et des stratégies de prévention relatifs au déclin cognitif.
Justement, une étude récemment présentée lors de la conférence internationale de l’Alzheimer’s Association, à Amsterdam (Pays-Bas), a établi un lien entre le fait d’aller à la selle une fois tous les trois jours (ou encore plus rarement) et un risque de déclin cognitif subjectif accru (on appelle déclin cognitif subjectif la perception par la personne d’un déclin de la cognition avant qu’il ne soit démontré par des tests) de 73%.
Constipation : l’équivalent d’un vieillissement du cerveau de 3 ans
De plus, les personnes concernées par ce type de constipation, d’après les auteurs de l’étude, avaient des fonctions cognitives moins performantes que les autres : cette dégradation était équivalente à un vieillissement de 3 ans. Note : par “autres”, on entend les personnes qui vont à la selle une fois par jour.
Pour arriver à ces conclusions, les auteurs de cette étude ont examiné les données médicales de plus de 110 000 patients, femmes et hommes. Parmi ces données, les chercheurs avaient notamment accès à la fréquence des allers à la selle des volontaires entre 2012 et 2013 et à leurs avis sur leurs propres performances cognitives récoltés entre 2014 et 2017. Un sous-groupe de près de 13 000 personnes a par ailleurs passé des évaluations neuropsychologiques sous la supervision des scientifiques. Ces participants ont par la suite fourni aux chercheurs des échantillons de selles afin que ces derniers puissent examiner la diversité bactérienne.
Bactéries intestinales : elles pourraient protéger notre cerveau
“Cette étude marque le début de la recherche sur le rôle protecteur potentiel sur notre cerveau de certains types de bactéries intestinales, et sur leur rôle protecteur potentiel contre certaines formes de maladies cognitives”, analyse dans les colonnes du magazine en ligne spécialisé Medical News Today le professeur de médecine interniste Thomas Gut, qui n’a pas participé à l’étude. Il poursuit : “Cette étude ne se demande pas encore si le fait de promouvoir certains types de colonisation bactérienne pourrait protéger la mémoire et les fonctions cérébrales, mais elle soulève la question et ouvre la voie vers de futures recherches.”
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