Connaissez-vous la phénelzine ? Il s’agit d’un médicament de la famille des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), utilisé dans le traitement de la dépression. En France, il est commercialisé sous l’appellation NARDIL®. Cette molécule existe depuis les années 1950, mais de nos jours, elle est beaucoup moins utilisée, en raison des interactions possibles avec d’autres médicaments.
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Cancer de la prostate : les premiers symptômes d’alerteMais si la phénelzine fait parler d’elle aujourd’hui, c’est pour un tout autre usage… Des chercheurs de l'Université de Californie du Sud, aux États-Unis, ont montré sa possible efficacité dans le traitement du cancer de la prostate. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Prostate Cancer and Prostatic Diseases.
Phénelzine : efficace dans le traitement du cancer de la prostate
En plus de jouer un rôle dans la dépression, l’enzyme appelée “monoamine oxydase” est également connue pour aider les cellules cancéreuses de la prostate à se développer. L’utilisation de phénelzine permet donc d’interrompre les signaux que la testostérone envoie aux tumeurs pour les inciter à croître.
Mais contrairement à l'hormonothérapie, elle ne bloque pas la production de testostérone et évite ainsi ses effets secondaires désagréables, comme les bouffées de chaleur, la fatigue, l’impuissance, la fonte musculaire ou l’affaiblissement des os.
La phénelzine réduit les taux de PSA chez 55 % des patients
Les chercheurs ont donc donné ce médicament à 20 hommes dont le cancer de la prostate était réapparu après une chirurgie. Les participants se sont vus administrer des doses similaires à celles utilisées pour traiter la dépression (entre 60 mg et 90 mg), deux fois par jour, pendant 12 semaines.
Résultat : cet antidépresseur a réduit les taux de la protéine antigène prostatique spécifique (PSA) chez 55 % des hommes - taux qui permet aux médecins de suivre l’évolution du cancer de la prostate. Chez cinq participants, les niveaux de PSA ont chuté d’au moins 30 %, et cette diminution a même atteint 74 % pour l’un des volontaires.
Certains candidats ont ressenti des effets secondaires : bouche sèche, fatigue et vertiges légers. Nous sommes toutefois bien loin des lourds effets indésirables de l’hormonothérapie.
Cet antidépresseur pourrait réduire la durée de l’hormonothérapie
D’après les scientifiques, le recours à la phénelzine n’a pas vocation à se substituer à l’hormonothérapie. Mais elle pourrait permettre de réduire les doses d’hormones nécessaires, et donc les lourds effets indésirables liés au manque de testostérone, ou encore être utilisée dans un premier temps, afin de retarder le recours à l’hormonothérapie et ainsi réduire la durée de ce traitement.
Le professeur Nicholas James, directeur de recherche sur le cancer de la prostate et de la vessie à l'Institute of Cancer Research de Londres, estime que trouver un nouvel usage aux médicaments existants est un moyen rapide d’introduire de nouveaux traitements. Et pour cause, les médicaments déjà sur le marché sont disponibles rapidement, et nous connaissons déjà leurs éventuels effets indésirables et contre-indications.
Cependant, cet essai clinique n’a été réalisé que sur un faible nombre de participants, et mérite donc d’être approfondi.
A depression pill from 70 years ago could be used to treat prostate cancer, research suggests, DailyMail, 23 novembre 2020.
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