L’hypothèse d’un antibiotique capable de réduire les risques d’infection viraleIstock
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Un antibiotique pour se protéger du Covid-19 ou de la grippe ? C’est l’hypothèse de chercheurs de l’Université de Yale (États-Unis), qui ont publié une étude sur le sujet le 22 avril 2024 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Une annonce qui interroge : les antibiotiques combattent uniquement les infections bactériennes.

La néomycine au coeur de l’étude

“Un antibiotique n'est jamais utilisé pour lutter contre une infection virale. Les antibiotiques ne doivent pas, par exemple, être utilisés pour traiter une grippe ou une angine virale (qui représentent près de 80% des angines). Ce traitement serait de toute façon sans aucun effet”, rappelle l’Assurance maladie sur son site Internet.

L’antibiotique dont parlent ces chercheurs, c’est la néomycine, et il pourrait selon eux protéger de tout une gamme d'infections virales respiratoires. Ce médicament couramment prescrit est surtout administré par voie auriculaire, oculaire, vaginale et dans les alvéoles dentaires, mais il peut aussi être utilisé en pommade nasale.

L’équipe de chercheurs, dirigée par la professeure de d’immunologie Akiko Iwasaki et par le professeur de médecine spécialisé dans la santé pulmonaire Charles Dela Cruz, a observé l’effet de ce traitement sur des animaux. Les scientifiques affirment par ailleurs que la version en pommade de cet antibiotique, Neosporin, peut permettre de déclencher une défense immunitaire rapide chez les sujets humains en bonne santé quand il est administré par voie nasale.

"C'est génial de découvrir qu'une crème antibiotique peu onéreuse et en vente libre peut stimuler l’organisme afin d’activer une réponse antivirale", a réagi dans un communiqué de presse la professeure Akiko Iwasaki. Elle poursuit : “Notre travail met en lumière les actions préventives et thérapeutiques de la néomycine contre les maladies virales sur les animaux. Il prouve également que l'infection et la transmission sont bloquées.”

Comprendre le rôle des ISG

Comment expliquer l'action antivirale de cet antibiotique que décrivent ces chercheurs ? “Les infections virales respiratoires s'aggravent souvent à cause de l'incapacité de l'hôte à induire des réponses ISG opportunes dans les voies respiratoires supérieures et à éliminer le virus avant qu'il ne se propage aux voies respiratoires inférieures”, explique la revue spécialisée News-Medical.

ISG est l’acronyme anglais de “gène stimulé par l'interféron”. Et c'est quoi, un interféron ? “Lorsque des cellules sont infectées par un virus, elles produisent des interférons, de puissantes molécules antivirales qui protègent les cellules avoisinantes de l'infection et permettent ainsi de limiter la propagation du virus dans l'organisme”, détaille la revue Médecine/Sciences. Un ISG est un gène qui peut être exprimé en réponse à une stimulation par l'interféron.

Un antibiotique pour induire l'expression des ISG dans la muqueuse nasale ?

Les auteurs de l’étude parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences estiment, justement, que l’application de la pommade Neosporin par voie nasale peut induire l'expression des ISG dans la muqueuse nasale humaine.

“Nos résultats suggèrent que nous pourrions être en mesure d'optimiser cet antibiotique générique peu coûteux afin de prévenir les maladies virales et leur propagation, en particulier dans les communautés dont les ressources sont limitées", conclut Akiko Iwasaki. On attend des études supplémentaires pour confirmer ou infirmer ces résultats.

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