Comment le cancer se développeIstock
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Une transformation anarchique des cellules

Le corps est composé de milliards de cellules qui se regroupent afin de former les tissus ou les organes. Ces cellules sont toutes composées en leur noyau de gènes qui leur donnent des directives précises : quand il faut se développer, travailler, se diviser ou mourir.

Si l’ADN (qui détermine la structure, la fonction et le comportement d’une cellule) est endommagé, "il peut y avoir transformation anarchique des cellules", explique le Dr Assouline, Oncologue - Radiothérapeute. Certains gènes vont muter de façon anormale et confuse, et entraineront un accroissement des cellules endommagées menant à un cancer.

Par principe, les cellules se reproduisent à l’identique : une cellule se divise en deux cellules identiques puis ces deux cellules se divisent en quatre et ainsi de suite. De ce fait, si une cellule est malade, la reproduction de cette même cellule sera également malade, etc.

En résumé : les cellules cancéreuses se développent et se divisent de façon désordonnée, sans cesse, au lieu de mourir quand elles le devraient.

Création de nouveaux vaisseaux sanguins pour se propager

"Un cancer peut prendre naissance dans n’importe quel organe du corps", nous explique notre expert.

Les cellules cancéreuses sont très différentes des cellules normales car :

  • Elles se divisent de façon anarchique et deviennent immortelles
  • Elles sont immatures et donc n’arrivent pas à suivre des directives précises
  • Elles évitent le système immunitaire
  • Elles ignorent les signaux qui leur demandent d’arrêter de se reproduire ou de mourir
  • Elles sont désordonnées donc peuvent se propager à d’autres parties du corps par le sang ou le système lymphatique qui constitue l'une des parties les plus importantes du système immunitaire, car il protège le corps des maladies et des infections
  • Elles envahissent et endommagent les tissus et les organes qu'elles colonisent.

En résumé : pour survivre, les cellules cancéreuses ont besoin d’apport en sang qui contient de l'oxygène et nutriments. Plus la tumeur grossit plus elle a besoin de sang, d’oxygène et de nutriments. Des signaux sont envoyés afin de fabriquer de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogénèse). Grâce à cela les cellules anormales pourront se multiplier et se propager comme bon leur semble dans toutes les parties du corps qu’elles souhaitent.

Métastases : quand le cancer se propage

Lorsque la tumeur devient grosse, les cellules peuvent se développer sur des tissus voisins, on parle alors de cancer invasif. La tumeur peut également se propager en dehors de l'organe où elle est née, on parlera alors du processus de métastases (les cellules se détachent de la tumeur et peuvent circuler jusqu’à un nouvel emplacement à travers le sang). "Au début, une petite tumeur ne fait pas de bruit, puis en fonction de l'organe touché et de sa propagation, le cancer peut devenir bruyant au moment de sa progression ou de l'apparition de métastases. Lorsque le cancer devient métastatique, il est la plupart du temps incurable", rapporte le Dr Assouline.

Grâce à quelques recherches sur l’emplacement des tumeurs cancéreuses dans notre corps, une stadification (stade I, II, III et IV) a pu être conçue. De ce fait, des traitements et des soins appropriés peuvent être beaucoup mieux adaptés aux patients.

En résumé : "un cancer peut être silencieux durant plusieurs mois voire même plusieurs années en fonction de son emplacement. Tout dépend de l’organe touché ou du type de cancer", ajoute notre oncologue.

Les tumeurs cérébrales les plus invasives

Selon notre expert, un des cancers les plus rapides à se développer concernerait certaines tumeurs cérébrales. L’agressivité d’une tumeur au cerveau peut être de grade plus ou moins forts (grade I, II, III ou IV), le premier grade correspondant aux tumeurs peu agressives et le grade IV au cancer du cerveau de haut degré d’agressivité, comme le glioblastome, par exemple, qui touche 15 à 30 cas sur 100. Mais quel que soit le type de tumeur et son grade, le risque de métastases à l’extérieur du cerveau est nul.

Les statistiques de survie des patients atteints d’une tumeur au cerveau diffèrent selon le type de tumeur dont ils souffrent. Le pronostic est meilleur lorsque la tumeur est localisée sur l’avant frontal. L’acte chirurgical est décidé en première intention et doit être suivi d’une radiothérapie.

Plus la tumeur est soignée de façon précoce, plus les chances de survie sont importantes. Celles-ci dépendent également du type de tumeur du cerveau et de son degré d’agressivité. Ainsi, le traitement d’une tumeur au cerveau dépend de la zone du cerveau dans laquelle les cellules se sont développées. Par exemple, lorsque la tumeur se situe au centre du cerveau, l’acte chirurgical permettant son extraction est plus malaisé qu’en présence d’une tumeur de surface.

En résumé : le pronostic de la tumeur au cerveau va varier en fonction de nombreux paramètres. Mais en règle générale, les chances de guérison restent relativement faibles surtout si la masse tumorale est détectée tardivement.

Prostate : un cancer qui évolue silencieusement

"Le cancer de la prostate est un des cancers qui évolue, en règle générale le plus lentement", nous explique le Dr Assouline. On estime que le taux de survie à cinq ans se situe entre 85% et 95% pour les stades localisés. Les chances de survie varient selon le stade du cancer.

Afin de déterminer le stade, le chirurgien retire la tumeur (prostatectomie radicale), qui est ensuite analysée au microscope. Plus la tumeur est diagnostiquée à un stade précoce, plus les chances de survie sont favorables. Le taux de survie atteint presque 100% lorsque le cancer est diagnostiqué à un stade I ou II. En revanche, en présence de métastases (stade très avancé), le taux de survie à cinq ans est d’environ 30%. Cela dit, la plupart des patients âgés atteints d’un cancer de la prostate meurent d’une autre cause.

En résumé : "Le plus souvent, le cancer se développe en silence, sans faire de bruit, ni faire de mal", d’où un diagnostic difficile à poser, rapporte notre expert en oncologie. Selon l’Institut National du Cancer (INCA) : "ce sont les conséquences de la tumeur et ses effets sur le corps qui peuvent entraîner des douleurs".

L'environnement : un facteur déterminant

Le développement de certains cancers proviendrait du facteur environnemental. Selon une étude française demandée par l'INCA et Santé publique France, 4 cancers sur 10 seraient évitables en modifiant l'exposition à certains facteurs de risques environnementaux. "Il y a le cancer lié au papillomavirus par exemple, le cancer des poumons avec le tabac, les cancers du foie avec l’alcool, les cancers ORL liés aux maladies sexuellement transmissibles ou au tabac etc", expose le Dr Assouline.

La consommation excessive d'alcool et de tabac en association augmente encore plus les risques de cancers ORL. En effet, les molécules cancérigènes qu'ils contiennent irritent les muqueuses des voies ORL, les rendant encore plus sensibles et perméables à d'autres substances cancérigènes. Ainsi, des tumeurs se forment, envahissent les muqueuses et se développent pour libérer ensuite des métastases.

En résumé : nous vivons dans un terrain miné par le cancer. Cependant, certaines pratiques peuvent nous éviter de développer un cancer. Dépistages précoces avec les frottis et la vaccination, ou bien suivre les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé concernant la consommation d’alcool, de tabac sont des solutions simples qui peuvent vous éviter le pire des scénarios. Si on arrivait à modifier ces habitudes une bonne partie des cancers ne verraient jamais le jour.

La famille liée à certains cancers

"Certaines mutations des cellules peuvent être génétiques, donc potentiellement des cancers héréditaires" rapporte notre expert. Elles se développent avec le temps. La vieillesse se faisant, les gènes s’affaiblissent et peuvent se transformer en cellules anormales si on est exposé à quelque chose qui les endommage, comme la fumée de cigarette, l’alcool ou les UV.

La Fondation contre le cancer explique que "l’hérédité est un facteur déterminant chez environ 5% à 10 % des patients atteints d’un cancer". La Ligue contre le cancer ajoute que "des analyses spécifiques peuvent être réalisées lorsqu’un faisceau d’indices rendant compte d’une histoire familiale à risque permet de suspecter une prédisposition génétique".

En résumé : "Dans certaines situations bien particulières, ces anomalies génétiques peuvent être transmises de génération en génération. On évoquera un risque héréditaire lorsqu'une même forme de la maladie frappe plusieurs générations d’une même famille", conclut la Fondation contre le cancer. Parmi les cancers les plus génétiques, on peut retrouver : le cancer du sein et de l’ovaire, le cancer l’intestin, le cancer de la peau, certains cancers de la prostate.

Sources

Remerciements au Dr Avi Assouline, oncologue

Cancer et hérédité en question, Ligue contre le cancer

Le risque d'un cancer héréditaire, Fondation contre le cancer

Insitut National du Cancer, INCA

International Agency for Research on cancer, OMS

mots-clés : tumeur, métastases

Vidéo : Pourquoi le cancer augmente les risques de suicide ?

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