- 1 - "Il existe plusieurs types de troubles de mémoire"
- 2 - Perte de mémoire : elle peut être liée à un AVC et à des lésions vasculaires
- 3 - Encéphalite limbique : une inflammation du cerveau
- 4 - Une amnésie fonctionnelle
- 5 - Un syndrome de Korsakoff
- 6 - Des troubles de l’attention
- 7 - La maladie d’Alzheimer
Dès les premières plaintes de perte de mémoire, la plupart des patients consultent des neurologues en envisageant la maladie d'Alzheimer. Pourtant, de nombreuses autres maladies neurodégénératives déclenchent ce symptôme. En effet, la perte de mémoire n'est pas toujours relative à Alzheimer. C'est ce que tentent de faire comprendre une équipe de chercheurs, à travers une étude publiée récemment.
"Bien que communément considérée comme le symptôme le plus évocateur de la maladie d’Alzheimer, l’amnésie n’est pourtant pas systématique chez tous les patients en début de maladie", établi l'Inserm. Une étude menée par des scientifiques de l’Inserm, du CHU de Lille et de l’Université de Lille au sein du laboratoire montre ainsi que l’amnésie n’est pas spécifiquement liée à la maladie d’Alzheimer. Les scientifiques se sont penchés sur le cerveau de patients décédés. Leurs résultats publiés dans la revue Neurobiology of Aging.
Sur le plan cognitif, l’amnésie est considérée comme le symptôme le plus fréquent et le plus précoce de la maladie d’Alzheimer. Cette dernière est donc fréquemment diagnostiquée en premier lieu chez les patients âgés présentant des troubles de mémoire ou écartée rapidement dans le cas contraire.
"Or, en réalité, elle n’est pas la seule pathologie dans laquelle surviennent des troubles de la mémoire. Ce symptôme est par exemple présent dans 50 % des cas de dégénérescence fronto-temporale, mais le pronostic et l’évolution de cette maladie ne sont pas les mêmes que pour la maladie d’Alzheimer et les solutions thérapeutiques proposées diffèrent", estime l'Inserm.
Un tiers des patients présentant une pathologie Alzheimer n’avait pas de troubles de mémoire, et près de la moitié des patients sans pathologie Alzheimer était amnésique, selon les résultats de l'étude, qui est fondée sur des données issues du don de cerveaux de 91 patients souffrant de diverses maladies neurodégénératives dont la maladie d’Alzheimer. Finalement, "la présence d’une amnésie apparaissait comme faiblement prédictive de la pathologie Alzheimer", déterminent les chercheurs.
Et pour cause, il s'avère que ces troubles de la mémoire peuvent se manifester chez des patients atteints d’autres pathologies neurodégénératives. C'est ce que nous allons aborder dans cet article.
"Il existe plusieurs types de troubles de mémoire"
"Il existe plusieurs types de troubles de mémoire, et notre rôle est de comprendre quelle mémoire est touchée et à quelle étape de la mémorisation se situe le trouble" rapporte le Dr Belliard, neurologue au CHU de Rennes. À titre d'exemple, certains patients se plaignent de troubles de l’attention et d’autres rencontrent des problèmes de mémoire à court terme.
Par ailleurs, il existe aussi une mémoire sémantique (celle des connaissances) et une mémoire épisodique (celle des souvenirs). C’est souvent cette dernière qui est la plus fragile. "Quand je rencontre un patient, il est important de déterminer l’étape qui est altérée", souligne le neurologue.
À savoir que le processus de la mémoire comporte l'encodage des informations, leur consolidation grâce à l'hippocampe, leur stockage et leur récupération au moment voulu.
Découvrez pages suivantes, les maladies qui peuvent altérer la mémoire et de quelle façon.
Perte de mémoire : elle peut être liée à un AVC et à des lésions vasculaires
En privant une partie du cerveau d’oxygène, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) peuvent provoquer des pertes de mémoire sur le court ou le long terme. Par un autre mécanisme, la sclérose en plaques peut également causer des trous de mémoire car cette maladie commet une attaque diffuse du cerveau en détruisant les gaines qui entourent les nerfs. Chez ces différents types de patients, il s’agit d’une difficulté dans la récupération de l’information.
Encéphalite limbique : une inflammation du cerveau
Cette pathologie inflammatoire qui affecte les structures limbiques du cerveau est souvent associée à un cancer. Outre des crises d'épilepsie, des hallucinations ou des troubles du comportement et de l'humeur, cette atteinte touche également la consolidation des souvenirs et se caractérise par des troubles de mémoire antérogrades, c'est-à-dire portant sur les faits récents.
Une amnésie fonctionnelle
Les mécanismes précis de l’amnésie fonctionnelle sont mal connus. A la suite d’un important stress ou d’un choc psychologique, certains patients peuvent perdre leur identité ou seulement certains souvenirs.
"Par contre, les patients atteints d’une amnésie fonctionnelle conservent souvent leurs connaissances. Par exemple, quelqu’un qui sait jouer du piano saura toujours en jouer malgré l’amnésie" explique le Dr Belliard.
Un syndrome de Korsakoff
Le syndrome de Korsakoff désigne un trouble neurologique causée par une carence en thiamine. Cette maladie se manifeste par des déficits cognitifs, elle concerne essentiellement les alcooliques qui souffrent d’une importante carence en vitamine B1.
Des troubles de l’attention
"La majorité des patients qui consultent un spécialiste pour des plaintes de la mémoire souffrent en réalité de troubles de l’attention" précise le Dr Belliard. L'attention est importante pour traiter correctement une information, sélectionner les informations pertinentes ou effectuer plusieurs tâches simultanées.
Les capacités d'attention peuvent être perturbées par des troubles du sommeil, la prise d’anxiolytique, du stress et de la déprime. Les personnes âgées souffrent aussi de ces troubles de l’attention, avec le vieillissement elles ne sont souvent plus capables de réaliser plusieurs choses en même temps.
La maladie d’Alzheimer
Qu’avez-vous fait lundi ? Et quel a été votre repas hier midi ? Avant-hier soir ? À ce type de questions, certaines personnes ne parviennent pas à répondre, faute d'accès aux souvenirs. Dans ce cas, le souvenir a été traité, mais pas consolidé par une zone importante du cerveau, l'hippocampe. Il s’agit alors souvent de la maladie d’Alzheimer.
Merci au Dr Serge Belliard, neurologue au CHU de Rennes
L’amnésie ne serait pas un marqueur systématique de maladie d’Alzheimer, Inserm, 4 septembre 2020