Selon les chiffres de 2021, il existe plus de 8 000 médicaments commercialisés en France, pouvant avoir plusieurs formes. Face à cette multitude de traitements, il est parfois difficile de s’y repérer. Pour cela, la revue médicale Prescrire partage chaque année la liste des médicaments qu’elle juge comme dangereux.
Le 1 er décembre, la revue a partagé son bilan pour la onzième année consécutive. Elle y a rappelé les médicaments précémemment jugés comme plus dangereux qu'utiles, en ajoutant certaines nouveautés.
Une méthode fiable, rigoureuse et indépendante.
Pour obtenir cette liste, la revue Prescrire utilise une méthode qu’elle juge "fiable, rigoureuse et indépendante". Cette méthode comprend de nombreuses analyses comme celles de "spécialités pharmaceutiques, de nouvelles indications, de suivis d'évaluation, tant sur les effets indésirables que sur les données d'efficacité, et parfois d'actualisations de données concernant certains effets indésirables d'un médicament", précise l’étude.
La revue Prescrire explique que les traitements classés dans cette liste sont :
- des médicaments actifs, mais qui, compte tenu de la situation clinique, exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices qu'ils apportent ;
- des médicaments anciens dont l'utilisation est dépassée, car d'autres médicaments plus récents ont une balance bénéfices-risques plus favorable ;
- des médicaments récents, dont la balance bénéfices-risques s'avère moins favorable que celle de médicaments plus anciens ;
- et des médicaments dont l'efficacité n'est pas prouvée au-delà de celle d'un placebo, et qui exposent à des effets indésirables particulièrement graves.
Dropizal, protéines d'arachides et Evrenzo rejoignent la liste
"Ces médicaments ont été ajoutés car les effets indésirables auxquels ils exposent sont disproportionnés par rapport au gain d'efficacité qu'ils apportent", précise la revue. Ainsi, tous les trois doivent être "à écarter des soins", comme l’explique l’étude. En voici les raisons :
- Protéines d'arachide (Palforzia°) : "une poudre de graine d'arachide contenant des protéines d'arachide (Palforzia°), utilisée par voie orale dans la désensibilisation en cas d'allergie à l'arachide, a réduit la fréquence et l'intensité des réactions allergiques à l'arachide lors d'un test réalisé à l'hôpital", partage la revue. En revanche, elle a augmenté la fréquence des réactions allergiques dans la vie quotidienne des patients, y compris celles motivant l'administration d'adrénaline.
- Le roxadustat (Evrenzo°) : "Autorisé dans l'anémie liée à une insuffisance rénale chronique, n'est globalement pas plus efficace que les époétines pour corriger l'anémie, alors qu'il semble augmenter la mortalité chez certains patients et que son profil d'effets indésirables est plus chargé", détaille la revue.
- La teinture d'opium (Dropizal°) : il s’agit d’ un mélange de divers constituants du pavot (Papaver somniferum L.) autorisé dans les diarrhées sévères. Selon les analyses, elle n'apporte pas d'avantage clinique par rapport au lopéramide (Imodium° ou autre), un opioïde commercialisé seul dans cette situation.
Le nintédanib revient dans la liste des médicaments à éviter
Le nintédanib, médicament oral utilisé pour le traitement de la fibrose pulmonaire, revient dans la liste des médicaments dangereux, après y avoir été retiré en 2020. "Le nintédanib, un inhibiteur de tyrosine kinases avec un effet antiangiogenèse, autorisé dans certains cancers bronchiques non à petites cellules (sous le nom de Vargatef°) et dans certaines affections pulmonaires chroniques (sous le nom de Ofev°)", expliquent les chercheurs.
Depuis, sa balance bénéfices-risques a été réévaluée dans différentes situations comme : les fibroses pulmonaires et la pneumopathie interstitielle diffuse liée à une sclérodermie systémique.
Cette analyse de données a montré un rôle défavorable du nintedanib dans ces situations-là également. Il réintègre donc la liste des médicaments à écarter.
Deux médicaments sont retirés du bilan pour réévaluation
Si le nintedanib avait été retiré de la liste en 2020, ce n’est pas le seul cas. Cette année, la revue Prescrire a décidé d’écarter de son bilan deux nouveaux médicaments, le temps de procéder à une réévaluation des risques. Les deux traitements concernés sont :
- L’idébénone (Raxone°) : Prescrire réévalue sa balance bénéfices-risques dans la neuropathie optique de Leber (maladie génétique mitochondriale rare).
- Le tériflunomide (Aubagio°) : cet immunodépresseur, utilisé dans le cadre de la sclérose en plaques, doit subir une réévaluation de sa balance bénéfices-risques dans une extension d'indication chez les enfants à partir de l'âge de 10 ans.
Ces 4 médicaments courants dangereux pour vous
Parmi les 88 médicaments "à écarter" selon la revue Prescire, on note que certains sont des produits pour les maux du quotidien qui sont largement utilisés par les Français. C'est notamment le cas du Smecta car il contient de la diosmectite, qui est déconseillée "en raison de sa pollution naturelle par le plomb". De même, la revue écarte le Vogalib, prescrit contre les vomissements. En cause, la métopimazine, utilisée dans le médicalent anti-vomitif, qui expose à "des troubles du rythme cardiaque, des accidents vasculaires cérébraux ischémiques et des morts subites".
L’alpha-amylase, présente dans le sirop pour la toux Maxilase, exposerait quant à elle à "des troubles cutanés allergiques parfois graves". Le diclofénac par voie orale, notamment utilisé dans le Voltarène, vous expose à des effets indésirables cardiovasculaires, selon Prescrire, qui évoque notamment de possibles infarctus et insuffisances cardiaques.
Actuellement, plus de 107 médicaments y sont répertoriés par Prescrire, dont 88 sont commercialisés en France. Ils sont classés par domaine thérapeutique et par ordre alphabétique. Medisite vous présente ces médicaments à éviter en images.
Cancérologie, greffes et hématologie
Le nintédanib fait partie de cette liste de traitements.
La revue cite également le défibrotide (Defitelio°) , le mifamurtide (Mepact°) , le panobinostat (Farydak°) , le roxadustat (Evrenzo°) , le trabectédine (Yondelis°), le vandétanib (Caprelsa°) et le vinflunine (Javlor°).
Troubles cardiaques
Parmi les traitements commercialisés en France, la revue alerte sur le bézafibrate (Befizal°), le ciprofibrate (Lipanor°) le fénofibrate (Lipanthyl°), la dronédarone (Multaq°), l’ivabradine (Procoralan° ou autre), le nicorandil (Ikorel° ou autre) et la trimétazidine (Vastarel° ou autre).
Troubles dermatologiques et les allergies
Les protéines d’arachide (Palforzia°) rejoignent cette année cette catégorie.
La finastéride 1 mg (Propecia° ou autre), la méquitazine (Primalan°), le pimécrolimus dermique (Elidel°), le prométhazine injectable (Phénergan°) et le tacrolimus dermique (Protopic° ou autre) font également partie des médicaments à éviter.
Diabétologie
L’alogliptine (Vipidia°), la bupropione + naltrexone (Mysimba°), la linagliptine (Trajenta°), l’Orlistat (Xenical° ou autre), le pioglitazone (Actos°), le saxagliptine (Onglyza°, et associée avec la metformine dans Komboglyze°), le sitagliptine (Januvia°, Xelevia°, et associée avec la metformine dans Janumet°, Velmetia°), le vildagliptine (Galvus°, et associée avec la metformine dans Eucreas°).
Douleur
On retrouve notamment l’acéclofénac (Cartrex° ou autre), le diclofénac (Voltarène° ou autre) par voie orale, le célécoxib (Celebrex° ou autre), l’étoricoxib (Arcoxia° ou autre) et le parécoxib (Dynastat°), le kétoprofène en gel (Ketum° gel ou autre), le méloxicam (Mobic° ou autre), le piroxicam (Feldène° ou autre) et le ténoxicam (Tilcotil°) par voie générale.
Gastro-entérologie
L'étude cite notamment la dompéridone (Motilium° ou autre), le dropéridol (Droleptan° ou autre) et la métopimazine (Vogalène°, Vogalib°), le prucalopride (Resolor°), le trinitrate de glycéryle.
Gynécologie endocrinologie
L’étude cite le tibolone (Livial° ou autre), ainsi que l’ulipristal à 5 mg (Esmya° - non commercialisé en France).
Infectiologie
La moxifloxacine (Izilox° ou autre) est "un antibiotique du groupe des fluoroquinolones pas plus efficace que d'autres, expose à des syndromes de Lyell, des hépatites fulminantes, et un surcroît de troubles cardiaques", expliquent les chercheurs. "Une autre fluoroquinolone telle que la ciprofloxacine (Ciflox° ou autre) ou l'ofloxacine (Oflocet° ou autre) est une meilleure option", ajoutent-ils.
Neurologie
Plusieurs traitements contre des maladies neurologiques sont cités. On retrouve le donépézil (Aricept° ou autre), la galantamine (Reminyl° ou autre), la rivastigmine (Exelon° ou autre), et la mémantine (Ebixa° ou autre) utilisés contre la maladie d’Alzheimer. On peut également citer l’alemtuzumab (Lemtrada° - non commercialisé en France), le natalizumab (Tysabri°) et le tériflunomide (Aubagio°) utilisés dans le traitement de la sclérose en plaques.
La pneumologie et les troubles ORL
La revue cite l’ambroxol (Muxol° ou autre), la bromhexine (Bisolvon°), l’oxomémazine (Toplexil° ou autre), la pentoxyvérine (Vicks sirop pectoral 0,15 %° ; Clarix toux sèche pentoxyvérine 0,15 %°), l’alpha-amylase (Maxilase° ou autre), ainsi que le tixocortol en pulvérisation buccale.
Psychiatrie
Agomélatine (Valdoxan° ou autre) , le citalopram (Seropram° ou autre) , le dapoxétine (Priligy°) , le duloxétine (Cymbalta° ou autre), l’escitalopram (Seroplex° ou autre), l’eskétamine en solution pour inhalation (Spravato°), l’étifoxine (Stresam°), le milnacipran (Milnacipran Arrow° ou autre), la tianeptine (Stablon° ou autre) , la venlafaxine (Effexor LP° ou autre).
Sevrage tabagique
Le bupropione (Zyban°), amphétaminique autorisé dans le sevrage tabagique, n’est "pas plus efficace que la nicotine et expose à des troubles neuropsychiques (dont des agressivités, des dépressions, des idées suicidaires), des réactions allergiques parfois graves (dont des angiœdèmes, des syndromes de Stevens-Johnson), des dépendances ; et des malformations cardiaques congénitales en cas d'exposition in utero", selon l’étude.
Urologie
Le pentosane polysulfate oral (Elmiron°) est le traitement urologique à éviter selon les chercheurs.
"Le pentosane polysulfate est aussi autorisé en application locale (Hémoclar°) en « traitement local d'appoint en traumatologie bénigne".
"Son efficacité n'est pas démontrée au-delà de celle d'un placebo dans cette situation, et ses effets indésirables systémiques peu connus", précise la revue.
https://www.prescrire.org/Fr/202/1834/55640/0/PositionDetails.aspx
https://www.leem.org/marche-interieur
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