Vous est-il déjà arrivé de ne pas finir vos antibiotiques et de les prendre plus tard dans l’attente d’un rendez-vous chez médecin ? Avez-vous déjà pris un médicament que vous a passé un proche ? Avez-vous déjà donné votre anti-migraineux à un membre de votre famille se plaignant de forts maux de tête ? Avez-vous déjà augmenté vous-même la posologie de votre traitement vous disant qu’il serait plus efficace ? Ou bien avez-vous décidé du jour au lendemain d’arrêter brutalement un de vos traitements ? Vous avez déjà avalé un médicament périmé vous disant que vous ne risquiez pas grand-chose ? Ou peut-être même avez-vous déjà donné un médicament qui vous a été prescrit à l’un de vos enfants ?
Ces pratiques sont dangereuses et peuvent mener à des complications graves. C’est l’alerte que sonne l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans une nouvelle campagne sur le mésusage particulièrement inquiétant des médicaments par les Français.
Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires
"Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère !", c’est le mot d’ordre de l’Agence nationale de sécurité du médicament qui s’attaque à un problème de taille : l’usage des médicaments Français, les plus grands consommateurs d'Europe.
L’ANSM a réalisé une grande enquête auprès des usagers et partage ses résultats pour le moins effarants : trois Français sur dix adaptent la durée et la dose de leur traitement en ne suivant pas la prescription du médecin, un sur cinq avale des doses supérieures à la prescription pour se soulager plus vite, un sur deux n’hésite pas à donner un médicament à un proche qui a les mêmes symptômes et un tiers des usagers n’hésite pas à avaler un médicament périmé.
Face à ces résultats consternants, l’ANSM tente par tous les moyens de rappeler les bons usages des médicaments. Elle espère ainsi que les Français prendront davantage leurs précautions et cesseront de considérer le médicament comme un produit comme un autre.
Attention au doliprane
L’ANSM pointe notamment du doigt un usage trop conséquent par les Français du doliprane. Ce paracétamol utilisé pour lutter contre la douleur et la fièvre fait l’objet de nombreuses surdoses et mêmes d’intoxications comme le rappelle Mehdi Benkebil, directeur de la surveillance à l’ANSM, "le surdosage de paracétamol est la première cause de greffe hépatique".
La directrice générale de l’ANSM, Christelle Ratignier-Carbonneil, a quant à elle rappelé l’importance de sensibiliser le public en passant notamment par les médecins et les pharmaciens. "Le rôle de l’ANSM, est d’assurer la sécurité des patients exposés aux produits de santé et favoriser un meilleur usage, limiter la consommation et prévenir les mauvaises utilisations qui génèrent un impact sanitaire et économique délétère, pour le patient et la collectivité, est un enjeu de santé publique majeur."
Des décès qui pourraient être évités
Cette campagne a un objectif clair : limiter le nombre de décès liés à une mauvaise consommation de médicaments. C'est "lorsque le patient ne respecte pas la prescription du médecin, qu’il surdose, sous-dose, ne respecte pas la durée du traitement, quand il mélange les molécules au risque d’effets indésirables graves, quand il détourne un traitement pour un usage autre", a expliqué Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre des pharmaciens. "Le pharmacien est le gardien des poisons, un médicament est en substance un poison, jamais anodin. Il y a des risques associés, à nous, pharmaciens et médecins, d’avertir les usagers, en les accompagnant. C’est indispensable pour la santé de chacun, pour l’économie du pays et même pour l’environnement."
En 2018, 2 760 personnes sont décédés des effets indésirables médicamenteux.
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