Le rapport du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare paru en mai 2021, révélait que la prescription d’anxiolytiques avait augmenté de 7 % en 2020 et de 10 % sur les premiers mois de 2021 pendant la pandémie. Cette consommation de psychotropes n’est pas à prendre à la légère... surtout à la vue de l’étude de l’Australian Nuclear Science and Technology Organisation (ANSTO), publiée dans la revue Nature Neuroscience le 29 juin 2022.
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Top 15 des prénoms qui ont un QI plus bas que la moyenneL’équipe a découvert que ces médicaments pourraient entraîner des troubles cognitifs chez les personnes vulnérables.
Anxiolytiques : ils modifieraient le fonctionnement des cellules microgliales
L’équipe scientifique a placé des souris sous diazépam, un anxiolytique courant, pour voir l’impact du traitement sur leur système neurologique. Les scientifiques ont alors découvert que le médicament n'agissait pas directement sur les cellules nerveuses, mais sur les cellules microgliales. Il s’agit de cellules du système immunitaire intrinsèque du cerveau qui peuvent se rassembler autour des synapses.
Elles représentent environ 10 % des cellules gliales du cerveau et forment ensemble la microglie. Cette dernière est le premier niveau de défense du système nerveux central contre les pathogènes. Elle est aussi impliquée dans la réparation tissulaire.
"Le traitement (à base d’anxiolytiques, NDLR) a modifié l'activité normale des cellules microgliales et indirectement la fonction de maintenance que la microglie a autour des connexions des cellules nerveuses synaptiques. Il est fascinant de voir comment le système immunitaire local du cerveau, dont font partie les cellules microgliales, participe directement à l'intégrité fonctionnelle globale du cerveau", estime le Prof. Richard Banati, coauteur de la recherche.
Pour les scientifiques, ce changement d’activité des cellules microgliales pourrait s’apparenter à un court-circuit. "Si les connexions entre les neurones sont rompues par l'activité des cellules microgliales, cela revient presque à débrancher les connexions neuronales, et cela expliquerait comment des changements très subtils pourraient entraîner une nouvelle progression de la démence ou, plus spéculativement, provoquer une fatigue intense” ajoute le chercheur.
Une découverte importante pour développer de nouveaux traitements
Le professeur Richard Banati a précisé dans son article l'intérêt de son travail. "La signification conceptuelle de ce travail pour moi est qu'il nous montre que nous pourrions vouloir voir le cerveau, non seulement comme un standard téléphonique avec des connexions point à point, mais comme un standard dans un environnement inhabituel", a-t-il expliqué.
"Cette observation est importante, car on pense que l'utilisation à long terme de médicaments anti-anxiété contribue à une accélération de la démence. Mais, comment cela pourrait se produire n'était pas connu", a-t-il poursuivi.
"Les connaissances acquises au cours de cette recherche menée par une grande équipe internationale vont aider au développement de médicaments anti-anxiété sans ces effets cognitifs néfastes. L'expérience spécifique a examiné de près comment l'utilisation à long terme d’anxiolytiques, tels que le diazépam, peut modifier le câblage complexe du cerveau", a conclu l'expert.
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