L'hallux valgus est la malformation la plus fréquente de l'avant-pied et toucherait un peu moins d'une personne sur dix en France. Appelée aussi "oignon", elle consiste en une déviation vers l'extérieur du gros orteil. Concernant les symptômes, l'os, appelé "premier métatarsien", se déplace alors à l'opposé du gros orteil, vers l'intérieur du pied, et l'articulation entre le métatarsien et la première phalange du gros orteil devient très saillante, formant une bosse sur le bord interne de l'avant pied, d'où le nom d'"oignon". À l’occasion de la semaine nationale de la santé du pied organisée du 13 au 18 juin 2022, Medisite a décidé de s’intéresser aux différents traitements conservateurs permettant d’éviter ou de corriger cette déviation du gros orteil afin d’éviter la chirurgie.
Hallux valgus : les femmes entre 40 et 50 ans plus touchées
Cette déformation devient une pathologie quand elle est douloureuse et qu’on doit la prendre en charge via des moyens correctifs. “C’est une déformation anatomique qui peut être sans aucune conséquence au quotidien car ça touche entre 10 et 15% des gens dans le monde, mais l’hallux valgus n’est pas toujours symptomatique", confie en effet à Medisite le Dr Régis Gamain, chirurgien orthopédiste et traumatologue. Il s’agit “d’une déformation du gros orteil qui part vers l’extérieur entraînant une déformation du métatarsien, qui lui part vers l’intérieur du pied”. “On voit une augmentation des cas d’hallux valgus”, précise le spécialiste, qui pratique la chirurgie de l’hallux valgus depuis 2016. Concernant les personnes les plus touchées, le Dr Gamain précise que cela concerne “en général les gens entre 40 et 50 ans et plus souvent les femmes”. En cause notamment, “le chaussage avec des chaussures à talons hauts, pointues et étroites”.
Il y a également d’autres causes plus anatomiques, comme les pieds plats, assez courants dans la population. “Vous avez un affaissement de l’arche interne du pied qui entraîne aussi l’hallux valgus”, précise le chirurgien. Il y a ensuite des maladies inflammatoires qui touchent moins la population générale comme des déformations d’arthrose ou inflammatoires, des maladies rhumatismales et articulaires. “Dans un certain nombre de cas beaucoup plus rares il peut y avoir des traumatismes, comme des fractures, qui entraînent des hallux valgus”.
Hallux valgus : quand doit-on intervenir ?
On n'opère pas des radiographies et des inclinaisons, mais des symptômes et des gens qui ont mal
Le chirurgien explique que c’est la douleur qui détermine la nécessité de prise en charge. “Vous avez des patients qui ont de toutes petites malformations qui sont extrêmement douloureuses et qui devront être prises en charge chirurgicalement. À l’inverse, certaines personnes ont d’importantes déformations, notamment chez les dames âgées, des déformations appelées historiques, mais qui n’ont pourtant aucune douleur et ne souhaitent pas être prises en charge”, explique le Dr Gamain. “On n'opère pas des radiographies et des déformations, mais des patients qui ont mal”, tient à assurer le spécialiste.
Hallux valgus : comment le soigner sans chirurgie ?
1 - Le chaussage
La priorité en cas de douleur est avant tout l’adaptation du chaussage. “La plupart du temps le patient l’a déjà fait et a augmenté d’une taille ses chaussures”. La meilleure méthode est de mettre des chaussures plus adaptées. “Pour les personnes qui mettent des talons, on leur demande de mettre des chaussures de moins de 5 cm de hauteur de talon. En effet, quand on met des talons, on met de la pression sur l’avant du pied et quand on a déjà une déformation angulaire, on ne fait que l’augmenter. C’est encore plus le cas quand l’avant de la chaussure est triangulaire”, conseille le chirurgien. Il précise également qu’il faut porter de préférence une “chaussure plus large que l’avant du pied et augmenter la pointure”.
2 - Les orthèses correctives
Il existe également des orthèses correctives mais elles ont une efficacité relative. Le chirurgien orthopédiste précise que “plus la déformation est importante, moins l’efficacité de l’orthèse est grande”. Il en existe de toute nature : des orthèses rigides, des orthèses plus souples et élastiques. “Le différence se fait entre les orthèses chaussables et non chaussables”. Les plus élastiques se placent dans la chaussure comme une chaussette afin de réduire l’angle d’inclinaison de l’hallux valgus. Il est aussi possible d’ajouter dans les orthèses des écarteurs interdigitaux qui peuvent permettre de réduire un peu plus l’écart de déformation.
3 - Le port de semelles orthopédiques
Quand les personnes ont des pieds plats et un hallux valgus symptomatique, il faut toujours “corriger les pieds plats avec la mise en place d’une semelle orthopédique qui maintient et réhausse l’arche interne du pied et réduit l’hallux valgus”. Cela fait partie des principaux traitements conservateurs.
4 - Les soins de pédicurie chez un podologue
Les soins de pédicurie sont également utiles pour traiter les problèmes cutanés que peut engendrer un hallux valgus (durillon plantaire, callosité). “On a des déformations angulaires, des hyper-appuis qui donnent des callosités avec des épaississements de la peau plantaire, plutôt sur la partie interne du pied. On a donc besoin d’éliminer ces excès de peau avec un podologue”, précise le chirurgien orthopédiste.
5 - Les traitements médicaux
Pour certaines poussées inflammatoires douloureuses, le Dr Gamain précise qu’il est possible de prescrire des médicaments antalgiques et anti-inflammatoires en courte durée pour soulager la douleur. En effet, l’évolution de l’hallux valgus ne se fait pas de manière linéaire et des pics douloureux peuvent parfois survenir.
Concernant les massages et la rééducation, le Dr Régis Gamain estime que le massage de certains muscles permet de “diminuer la douleur, mais ne corrige pas la déformation”. “Moi je demande à mes patients de faire d'abord des massages de la voûte plantaire et des muscles qui vont vers le gros orteil pour soulager leur douleur”. Si la douleur est très forte, il est également possible dans certains cas de prescrire quelques séances de kinésithérapie afin de soulager les patients.
Hallux valgus : quand avoir recours à la chirurgie ?
Quant au recours à la chirurgie, la décision doit être prise au cas par cas. “Cela va dépendre de l’âge du patient, de l’ancienneté de sa douleur, de sa gêne fonctionnelle au quotidien, à la fois dans son travail et dans ses activités de loisirs. Si les traitements conservateurs ne fonctionnent pas et que la douleur est vive, on décide au cas par cas de l’intervention chirurgicale”, précise le Dr Gamain. Ce n’est pas le degré de déformation qui conduit à une intervention, mais la persistance d’une gêne marquée après échec de tous les autres traitements en évaluant la balance bénéfice-risque.
Merci au Dr Régis Gamain, chirurgien orthopédiste et traumatologue.
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