- 1 - La stéatose hépatique à l’origine d’un état pro-inflammatoire
- 2 - Le foie, un organe très vulnérable au Covid-19
- 3 - La stéatose hépatique surexpose le foie au Covid-19
- 4 - Une enzyme utilisée comme "Cheval de Troie" pour le Covid-19
- 5 - Une stratégie pour réduire le risque d’infection du foie au Covid-19
La stéatose hépatique non alcoolique est une maladie plus répandue qu’on ne le pense. En France, elle concerne un adulte sur cinq. Et dans certaines régions du monde, on considère que cette maladie touche 25 à 45 % de la population adulte, soit environ un milliard de personnes.
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Covid long : enfin un traitement ?Egalement appelée "maladie du foie gras non alcoolique", la stéatose hépatique est souvent associée à tort à une consommation excessive d’alcool. En réalité, il n’en est rien. Cette pathologie, qui se manifeste par une accumulation de graisses dans les cellules du foie, est associée au syndrome métabolique.
Les personnes atteintes de ce syndrome présentent plusieurs troubles liés à la présence d'un excès de graisse à l'intérieur du ventre, comme de l’obésité abdominale (un tour de taille important), une hyperglycémie (un excès de sucre dans le sang), un taux de triglycérides élevé, un faible taux de "bon" cholestérol HDL, une tension artérielle trop haute, rappelle l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
La stéatose hépatique à l’origine d’un état pro-inflammatoire
Souvent liée à des apports caloriques excessifs et un surpoids, cette maladie du foie gras non alcoolique se caractérise par un état pro-inflammatoire et par une fibrose hépatique (formation anormalement abondante de tissu cicatriciel dans le foie pour remplacer les cellules hépatiques endommagées) qui perturbe le fonctionnement de cet organe.
Le foie, un organe très vulnérable au Covid-19
Il a été établi que le foie constitue un organe particulièrement vulnérable au Covid-19. Mais le mécanisme à l’œuvre dans cette fragilité était jusqu’ici mal compris.
Depuis la pandémie, des interactions entre les maladies du foie et le coronavirus ont fait l'objet de différents travaux scientifiques. Mais des questions restent en suspens : Pourquoi les maladies hépatiques augmentent-elles le risque de développer une forme sévère de Covid-19 ? Pourquoi l’infection au virus donne-t-elle lieu à des complications hépatiques chez certains patients ?
Orlando Musso, chercheur à l’Inserm, et son équipe de l’institut Nutrition, métabolismes et cancer de Rennes, ont voulu y voir plus clair sur cette sensibilité du foie à l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2, en fonction de l’état de santé de cet organe. Les chercheurs ont entrepris d’étudier cette relation complexe entre la stéatose hépatique et le Covid-19. Ils ont ainsi découvert que la maladie du foie gras non alcoolique offre une porte d’entrée au coronavirus SARS-CoV‑2 en favorisant la disponibilité de certains récepteurs qui laissent le champ libre au virus. Les scientifiques décryptent ce mécanisme dans un communiqué de l’Inserm : chez les patients atteints de la stéatose hépatique non alcoolique, "la quantité anormalement élevée de graisses contenue dans les cellules hépatiques augmente la quantité d’enzyme de conversion de l’angiotensine II (ACE2) à la surface de ces cellules". Cette protéine ACE2 , qui intervient habituellement dans la régulation de la pression artérielle, s’avère aussi être "le récepteur que le SARS-CoV‑2 utilise pour les infecter", expliquent les chercheurs. En d’autres termes, cette enzyme servirait en quelque sorte de Cheval de Troie, permettant au Covid-19 de pénétrer plus facilement dans l’organisme. Cette corrélation entre la stéatose hépatique et un niveau d’expression élevé d’ACE2 dans le foie a été mise au jour à l’issue d’un travail minutieux. Les chercheurs ont d’abord examiné des échantillons de tissus hépatiques issus de chirurgies réalisées chez des patients atteints de maladies du foie, qui n’étaient pas infectés par le Covid-19. Ils ont quantifié l’expression du gène qui conduit à la synthèse d’ACE2 dans les cellules du foie de 243 patients, dont 126 atteints de stéatose hépatique. Leurs résultats ont été confirmés sur une cohorte de 161 cas supplémentaires, atteints d’une maladie hépatique inflammatoire sans diagnostic de stéatose hépatique. Enfin, ils ont recherché et localisé la protéine ACE2 dans le foie de 16 patients. "Il est possible d’imaginer que la présence en excès de la protéine ACE2 à la surface des cellules hépatiques puisse faciliter l’entrée du SARS-CoV‑2 dans le foie, et que l’état pro-inflammatoire généré par la stéatose hépatique exacerbe la réponse à l’infection et favorise l’apparition de dysfonctionnements", analyse Orlando Musso, chercheur dans l’équipe Stress exogènes et endogènes, plasticité des réponses et pathologies, à l’institut Nutrition, métabolismes et cancer. Ces nouveaux enseignements, parus le 12 octobre 2023 dans la revue JHEP Reports, ouvrent la voie à de nouvelles pistes de recherche, en vertu desquelles on pourrait imaginer contrôler l’expression de cette enzyme à la surface des cellules du foie, afin de réduire la vulnérabilité de cet organe aux formes sévères de Covid-19. "Une étude conduite chez l’humain a précédemment montré que le contrôle pharmacologique de l’expression d’ACE2 diminue le risque d’infection par le SARS-CoV‑2, y compris au niveau hépatique", poursuit le chercheur. Et d’ajouter : "ces nouvelles données renforcent l’importance de protéger les patients potentiellement vulnérables via des rappels de vaccination et une meilleure hygiène alimentaire".La stéatose hépatique surexpose le foie au Covid-19
Une enzyme utilisée comme "Cheval de Troie" pour le Covid-19
Une stratégie pour réduire le risque d’infection du foie au Covid-19
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