Hypertrophie bénigne de la prostate, c'est quoi ?
Il s'agit d'une augmentation bénigne du volume de la prostate. ' En grossissant, cette glande de petite taille située à la base de la vessie peut comprimer le défilé urinaire et entraîner des symptômes* correspondant à une difficulté à vider sa vessie. ', explique le Pr Thierry Lebret.
Sa fréquence: beaucoup d’hommes présenteront un jour ou l'autre une HBP**, mais souvent il n’y aura pas lieu de traiter.
'La prostate grossit tout au long de la vie jusqu'à 70-75 ans, moment de l'andropause***, où elle stagne puis régresse.' .
Ainsi, 20% des hommes sont touchés avant 60 ans, 40% entre 60 à 70 ans, et 50% chez les plus de 70 ans.
Les causes: une conséquence du vieillissement de la prostate. Il existerait aussi probablement une prédisposition familiale.
* voir paragraphe 3
** Hypertrophie bénigne de la prostate
*** ensemble des symptômes qui accompagnent la baisse de testostérone chez l'homme vieillissant.
L'hypertrophie bénigne de la prostate est-elle vraiment bénigne ?
'Oui, car il s'agit d'une hypertrophie non cancéreuse des tissus de la prostate. A 70 ans, la moitié des hommes ont des troubles urinaires dus à l'augmentation de la glande. ', explique le Pr Thierry Lebret.
En revanche: si un adénome ne dégénère jamais en cancer de la prostate et n'en augmente pas le risque, il peut évoluer en parallèle et de façon totalement indépendante. Il est donc important de consulter son médecin traitant ainsi qu'un urologue devant des signes fonctionnels urinaires (besoin fréquent d'uriner, débit plus faible, douleurs...) ou lorsqu’il y a une augmentation du taux de PSA (dépistage du cancer de prostate).
Les signes
En vieillissant, la prostate peut devenir trop volumineuse ou trop fibreuse. Elle entraîne alors une compression du canal urinaire ou un manque de souplesse au passage des urines.
Cela provoque : Des signes d’obstruction comme une faiblesse du jet et la nécessité de pousser pour uriner, des à-coups à l’expulsion des urines, des gouttes 'retardataires', une sensation de mal vider sa vessie, une pesanteur pelvienne.
Des signes irritatifs : des envies fréquentes d'uriner de jour comme de nuit, pouvant aller parfois jusqu’à des fuites urinaires durant la journée.
L'HBP peut aussi provoquer des signes liés à une complication : des douleurs dans le bassin et le bas du dos (dilatation des reins), des saignements dans les urines, des infections urinaires...
Son évolution
Si elle n’est pas traitée, l'hypertrophie bénigne de la prostate conduit à une rétention chronique des urines. La vessie s’altère et la fonction rénale peut devenir déficiente.
Les complications les plus redoutées sont l’infection urinaire, la lithiase et l'insuffisance rénale qui fort heureusement sont devenues rares dans les cas d'HBP.
En dehors de ces risques, l'envie fréquente d'uriner peut provoquer un manque de sommeil. Les envies très pressantes, obligent la personne à se lever plusieurs fois lors de réunions, de rendez-vous importants, à appréhender les voyages en voiture, en transports en commun...
Comment savoir si j'ai une HBP ?
'Il n'y a pas de dépistage pour l'HBP. C'est devant des troubles urinaires qu'on se rend compte qu'il est temps de traiter pour éviter les complications.', explique le Pr Thierry Lebret.
L'examen indispensable reste l'étude des symptômes et le toucher rectal, qui mettent en évidence l'augmentation du volume de la prostate et sa consistance. Le médecin peut rechercher un éventuel nodule qui peut faire suspecter l'existence d'un cancer prostatique associé.
En cas de doute: il peut prescrire un bilan sanguin avec des PSA*, une analyse d'urine pour rechercher une infection, une débimétrie pour mesurer le débit d'une miction, une échographie pour mesurer le résidu post-mictionnel.
* marqueur sanguin pour dépister un possible cancer de la prostate
A-t-on toujours besoin d'un traitement ?
Si les troubles restent constants sans aggravation, une autosurveillance (évolution et retentissement des symptômes sur la qualité de vie) est proposée et une consultation médicale une fois par an est suffisante.
Si les troubles évoluent, un traitement médicamenteux (alpha-bloquants, phytothérapie, inhibiteurs de la cinq alpha réductase) peut être indiqué. Il ne fait pas disparaître l'HBP, mais améliore le quotidien dans 80% des cas.
Sans amélioration: un traitement chirurgical peut devenir nécessaire. La technique la plus utilisée est la résection endoscopique prostatique*. Une partie de la prostate est enlevée pour faciliter le passage urinaire. D'autres actes chirurgicaux peuvent être pratiqués.
* Un tube avec une mini-caméra est inséré dans l'urètre par le pénis.
Remerciements au Pr Thierry Lebret, secrétaire général de l’AFU (Association Française d’Urologie) et urologue à l'hôpital Foch à Suresnes (92)
Association Française d'Urologie
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