RGO chez le bébé : les conseils d’un pédiatre pour les éviter Adobe Stock

Les reflux gastro-œsophagiens (RGO), aussi appelés “régurgitations simples du nourrisson”, sont fréquents chez les bébés. Le reflux gastro-œsophagien correspond à la remontée involontaire du contenu de l’estomac dans l’œsophage chez le nourrisson. “C’est un phénomène totalement bénin”, explique le Pr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques de l’Hôpital Trousseau à Paris. “Elles ne justifient presque jamais de traitements majeurs, il faut simplement attendre que ça passe. Généralement, ces régurgitations disparaissent à partir du deuxième semestre de la vie.”

Dû à une alimentation exclusivement liquide et à l’immaturité du tube digestif, il s’agit d’une expulsion spontanée, sans effort, d’une petite quantité de lait et de salives. La plupart du temps, le phénomène survient après les tétées ou les biberons. En effet, le contenu de l’estomac remonte vers l'œsophage, car la jonction qui relie l’un à l’autre (l’anneau), pour empêcher les aliments de s’échapper, n’est pas encore correctement formée. Une pression exagérée sur l’estomac, notamment au moment du change, ou la position allongée peut aussi en être la cause.

Bébé allaité ou au biberon : comment soulager les régurgitations ?

Généralement sans douleurs, les régurgitations n’ont aucune conséquence sur le développement de l'enfant. “C’est banal de régurgiter”, rassure le médecin. “Ce n’est pas quelque chose qui doit inquiéter. Pas besoin d’escalade thérapeutique ni de changements multiples de lait, ce phénomène passe avec le temps.”

Très fréquentes dans les premières années de la vie du nourrisson, dans 80% des cas, elles finissent par disparaître au moment de la diversification alimentaire ou des premiers pas. “La seule chose à faire, c’est de savoir les supporter, car tous les enfants passent par là”, continue Patrick Tounian. “S’ils sont allaités et qu’ils régurgitent, on ne fait rien. Mais si l’enfant est nourri au biberon, on peut conseiller un lait épaissi, soit anti-régurgitation.” Pour les éviter, il est aussi préférable de ne pas secouer l’enfant après le repas, privilégiez un temps calme. “Il vaut mieux garder le nourrisson dans les bras et ne pas le coucher tout de suite après l’avoir nourri.”

Ne pas confondre RGO et vomissements

Les régurgitations ne doivent pas être confondues avec les vomissements, car ils s’effectuent sans effort. “Lorsqu’elles deviennent très importantes et sont remplacées par des vomissements, une allergie au lait de vache peut en être la cause”, alerte le pédiatre. Néanmoins, dans de très rares cas, ces RGO peuvent devenir plus acides et douloureux. “Ce sont des cas extrêmes”, témoigne Patrick Tounian. En effet, dans ces conditions, le nourrisson peut éventuellement développer des bronchites ou des infections ORL. “Le phénomène peut aussi survenir d’un oesophage fragile, mais c’est encore une fois peut fréquent”, affirme le pédiatre.

Comment diagnostiquer un reflux gastro-oesophagien compliqué ?

Pour considérer que les reflux sont anormaux, ils doivent survenir loin des repas. Les régurgitations sont aussi plus nombreuses et sont accompagnées de pleurs et de vomissements. En effet, elles peuvent se produire à n’importe quel moment de la journée, même pendant le sommeil. Mais ce phénomène est beaucoup plus rare chez le nourrisson. En effet, l'acidité des régurgitations provoque une inflammation de la muqueuse de l’œsophage.

RGO compliqué : quels sont les symptômes ?

Lors des cas de reflux gastro-oesophagiens compliqués, des symptômes gênants apparaissent en plus des simples régurgitations :

  • Des troubles du sommeil ou une agitation après la prise de biberon
  • Des problèmes respiratoires (toux, angines, complications ORL, étouffements…)
  • Un refus de s’alimenter
  • Des rejets accompagnés de sang
  • Une perte de poids

Dans ces cas, il est impératif de consulter un professionnel de santé. Pour réduire ces reflux compliqués, les médecins prescrivent généralement, chez les nourrissons de moins d'un an qui régurgitent et pleurent souvent, des inhibiteurs de la pompe à proton. Il s’agit de médicaments utilisés pour réduire la sécrétion d’acide gastrique. “Ils pensent qu’il y a un lien entre les pleurs et les régurgitations, pourtant les études montrent que ces comprimés n’ont qu’un effet placebo”, indique Patrick Tounian. “En plus, il n’y a pas d’autorisation de mise sur le marché de ces médicaments avant 1 an, en dehors des exceptionnelles oesophagites. Donc dans l’extrême majorité des cas.”

Par ailleurs, ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires indésirables. Ils peuvent augmenter les risques d’infections digestives, ORL et respiratoires, mais aussi augmenter les risques d’allergie alimentaires. “Donc, il vaut mieux les éviter”, conseille le pédiatre. “Ils ne doivent être prescrits que lors des cas graves.”

Sources

Merci à Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques de l’Hôpital Trousseau à Paris.

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/rgo-nourrisson/definition-causes

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.