Les victimes d’infarctus du myocarde qui ont survécu à cet accident grave ne le savent que trop bien : les séquelles sur la santé physique peuvent être importantes, voire handicapantes sur le long terme. Une nouvelle étude, publiée le 30 mai 2023 dans la revue scientifique JAMA Neurology, vient par ailleurs de montrer qu’il pourrait exister un lien entre infarctus du myocarde et déclin cognitif.
Déclin cognitif : 30 465 personnes évaluées
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont analysé six études, pour un total de 30 465 participants. Ces volontaires n’avaient aucun antécédent d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou de démence. Les scientifiques ont analysé les fonctions cognitives des participants en mesurant leur mémoire, leur cognition globale et leurs fonctions exécutives. Les chercheurs ont également évalué ces éléments après les infarctus du myocarde qu’ont subis les volontaires.
Note : “Les fonctions exécutives constituent l’ensemble des processus mentaux que met en œuvre une personne pour gérer ses comportements, ses pensées et ses émotions lors d’une situation nouvelle qui nécessite de résoudre un problème pour lequel nos stratégies habituelles et connues ne suffisent pas. Ce problème peut être de plusieurs sortes comme trouver la solution à un jeu, résoudre un exercice de mathématiques, assembler un meuble ou savoir comment se comporter lorsque l’on rencontre un nouveau collègue pour un travail en équipe. Bref, les fonctions exécutives sont en action dans toutes les situations où il est indispensable pour réussir de devoir s’arrêter, réfléchir, créer une solution originale, puis vérifier si le but est bien atteint”, explique l’Institut des troubles de l’apprentissage.
Infarctus : un déclin cognitif avancé de 6 à 13 ans
Au total, 1033 participants ont eu un infarctus du myocarde pendant la période d’étude. Les chercheurs les ont suivis plusieurs années après l’accident (entre 4,9 ans et 19,7 ans en moyenne selon l’étude à laquelle ils ont participé). Ils ont ainsi découvert que ces personnes avaient connu un déclin cognitif plus rapide que les autres participants. “Le déclin cognitif chez les volontaires ayant été victimes d’un infarctus du myocarde était équivalent à une avance de 6 à 13 ans”, a résumé dans les colonnes du média spécialisé Medical News Today le docteur Percy Griffin, qui n’a pas participé à l’étude parue dans JAMA Neurology mais qui fait partie des directeurs de la Alzheimer’s Association aux États-Unis.
Une connexion entre le cœur et le cerveau
“Je pense que cette étude établit une connexion claire entre le cœur et le cerveau. Et je pense que cette connexion établie dans cette étude est due à ce qu’on appelle la santé vasculaire. En termes médicaux, un coeur en bonne santé est un cœur qui, entre autres, a un bon approvisionnement en sang et des vaisseaux sanguins en bonne santé”, réagit dans les colonnes de la version américaine du HuffPost le docteur Daniel Muñoz, directeur médical exécutif du Vanderbilt Heart & Vascular Institute à Nashville, aux États-Unis.
Il poursuit : “De manière similaire, un cerveau en bonne santé est un cerveau qui, entre autres, a un bon approvisionnement en sang et des vaisseaux sanguins en bonne santé. La santé vasculaire, ou la santé des vaisseaux sanguins, connecte tous les organes, en particulier le cœur et le cerveau.”L'infarctus du myocarde est dû à l’absence d’oxygénation du muscle cardiaque, ou myocarde, en raison de l’obstruction d’une ou plusieurs artères irriguant le cœur. La même chose peut arriver avec les vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau, d’où de potentiels problèmes cognitifs, conclut le docteur Muñoz.
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