Le jeûne intermittent, appelé “fasting” dans les pays anglo-saxons, consiste à ne rien manger pendant une période choisie. Aujourd'hui, cette pratique alimentaire a le vent en poupe. De nombreuses études ont prouvé ses bienfaits sur la santé et sur la ligne. Le jeûne intermittent fait ainsi de plus en plus d'adeptes.
Une nouvelle étude parue au sein du BMJ Nutrition, Prevention & Health et réalisée par des chercheurs de l'Utah (USA) a démontré que le jeûne intermittent pourrait aussi agir contre la Covid-19. Les adeptes pourraient se trouver prémunies contre les formes sévères.
L'étude a été menée sur des habitants de l'Utah, adeptes du jeûne intermittent à des fins religieuses. Sans le savoir, ils ont réduit leurs risques de souffrir d'une forme grave de Covid-19.
Covid : le jeûne intermittent réduit l'inflammation
"Les personnes qui déclarent dans ces études qu'elles jeûnent régulièrement ont tendance à être membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours", a déclaré le Dr Benjamin Horne, directeur de l'épidémiologie cardiovasculaire et génétique chez Intermountain Healthcare (le plus grand fournisseur de soins de santé dans l'Intermountain West des États-Unis).
Le médecin a débuté son étude en 2013, bien avant la pandémie. Il voulait connaître les effets du jeûne intermittent sur plusieurs années. Il a donc analysé les données de 1 500 personnes qui jeûnaient régulièrement. Leur religion leur demandait de jeûner 24 heures un dimanche par mois : elles ne devaient donc consommer ni repas ni boisson pendant ce laps de temps.
Parmi ces personnes, 205 ont été testées positives au coronavirus entre mars 2020 et février 2021, avant que les vaccins ne soient disponibles.
L'étude a révélé que le jeûne intermittent n'empêchait pas de contracter la Covid-19, mais il atténuait apparemment la gravité des symptômes.
Covid : le jeûne détruit et recycle les cellules endommagées et infectées
Selon le Dr Horne, le jeûne intermittent activerait plusieurs mécanismes biologiques qui parviendraient à réduire les symptômes de Covid. Il a en effet déjà été prouvé que le jeûne intermittent pouvait limiter l'inflammation dans le corps. L’inflammation est un processus de réponse naturelle de l’organisme face à une agression. Jeûner pourrait empêcher la Covid d'infecter des cellules de l'organisme.
En outre, le chercheur souligne que le jeûne intermittent favorise le système de recyclage du corps. Ce phénomène peut aider l'organisme à "détruire et recycler les cellules endommagées et infectées". En effet, une étude antérieure menée par Yoshinori Ohsumi, prix Nobel de médecine en 2016, avait révélé que le jeûne intermittent favorise l’autophagie, processus par lequel les cellules peuvent se nettoyer et se régénérer.
Le jeûne intermittent réduit le risque de comorbidités
Plusieurs études ont déjà démontré que le jeûne intermittent peut également réduire le risque de comorbidités comme le diabète et les maladies cardiaques. Et on sait que ce sont des facteurs de risque de forme grave de Covid-19.
"Le jeûne une fois par mois peut réduire les risques de Covid-19, mais seulement au fil du temps, a conseillé Horne. Faire un jeûne une fois par mois ne vous protégera probablement pas, à court terme, de la Covid. Mais si vous faites un jeûne de deux jours par semaine, ou même un jeûne d'un jour par semaine, il existe des mécanismes que nous connaissons grâce à d'autres études [qui] vont vous aider à activer ces voies biologiques qui protègent de la Covid sévère.
Jeûne intermittent : il ne peut pas remplacer la vaccination
Le chercheur met toutefois en garde certaines personnes qui devraient consulter leur médecin avant de se lancer dans un jeûne intermittent. Il mentionne celles qui sont "plus âgées et fragiles", les jeunes enfants, les personnes atteintes de diabète, de maladie rénale chronique, de maladie cardiaque ou qui ont subi des accidents vasculaires cérébraux et les personnes enceintes ou allaitantes.
Il a également souligné que le jeûne intermittent n'est pas une thérapie alternative contre la Covid-19. Il s'agit plutôt d'une thérapie complémentaire aux vaccins et aux antiviraux. Il rappelle aux patients de se faire vacciner et de penser aux rappels, puisqu'on sait que l'immunité vaccinale diminue avec le temps.
"Il n'est pas possible de vacciner le monde entier tous les six mois, a déclaré le Dr Horne. Et donc, suivre un jeûne intermittent sur une longue période de temps peut potentiellement aider à combler les lacunes entre les rappels de vaccination afin que vous ayez une immunité supplémentaire pour pouvoir vous protéger de la gravité de la Covid-19".
https://nutrition.bmj.com/content/early/2022/06/30/bmjnph-2022-000462
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