Le molnupiravir, vendu sous le nom de Legevrio, est une pilule anti-covid, qui a pour but de stopper l'avancée du virus. Il s’agit du premier traitement antiviral par voie orale à avoir été validé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’autorisation a été prononcée en fin d’année 2021 mais le traitement n'a pas été validé par les autorités sanitaires françaises.
Son usage était réservé aux personnes présentant des formes non-sévères du virus, pour qui le risque d’hospitalisation était élevé. Pourtant, depuis même avant sa mise sur le marché, le traitement fait l’objet de nombreuses critiques des professionnels de santé.
Molnupiravir : un mode d’action qui fait polémique
Les réticences concernant le traitement viennent de son mode d’action. En effet, le molnupiravir n’agit pas comme les autres antiviraux. Il a été conçu pour muter le virus du Covid-19 jusqu’à sa destruction. Ainsi, de nombreux professionnels de santé se sont inquiétés qu’en mutant, le traitement provoque de nouvelles mutations du coronavirus. Ces inquiétudes ont encouragés les chercheurs s’intéresser au sujet.
Une étude menée par des chercheurs du Francis Crick Institute, de l'Université de Cambridge, de l'Imperial College de Londres, de l'Université de Liverpool, de l'Université du Cap et de l'UKHSA (agence publique britannique) vient de prouver ce risque de la pilule développée par le laboratoire Merck. Leurs travaux ont été publiés le 25 septembre 2023 dans la revue Nature.
Covid-19 : le molnupiravir provoque de nouvelles mutations
Pour cette étude, les chercheurs ont analysé la base de données Gisaid (Global Initiative on Sharing Avian Influenza Data), projet datant de 2006 qui rassemble les génomes des virus recueillis chez de nombreux patients à travers le monde. Au total, plus de 15 millions de génomes du SARS-CoV-2 ont été analysés par les chercheurs. En observant cela, les scientifiques ont constaté la présence d’une "signature" spécifique correspondant au début de la prise de la pilule dans certains pays, comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou le Japon. En revanche, cette signature n’était pas présente dans le lieu où le traitement n’avait pas été approuvé (par exemple le Canada).
Les auteurs ont expliqués auprès de l’AFP que : "Beaucoup de ces mutations endommageront ou tueront le virus, réduisant ainsi la charge virale dans le corps". Ils ajoutent : "Il appartient à une classe de médicaments qui peut provoquer une mutation du virus telle qu’il est mortellement affaibli. Mais ce que nous avons découvert, c’est que chez certains patients, ce processus ne tue pas tous les virus et que certains virus mutés peuvent se propager". La conclusion des chercheurs est que l’usage du molnupiravir serait associé à l’apparition de mutations spécifiques du Covid-19.
Molnupiravir : il n'est responsable d'aucun variant transmissible à grande échelle
Si l’étude prouve que la pilule de Merck provoque bien des mutations du Covid-19, les auteurs rassurent en expliquant que cela ne suffit pas à affirmer que les nouvelles variantes seront plus dangereuses pour autant. En effet, si la signature provoquée par la pilule Merck est très claire, les chercheurs estiment qu’il n’existe "aucune variante largement diffusée qui porte cette signature". Autrement dit, actuellement, aucun variant transmissible à grande échelle n’est dû au molnupiravir.
Pourtant, ces nombreuses mutations augmentent la diversité génétique du virus et lui offrent plus d’options d’évolution et donc de risques de devenir dangereux. "Les gens ont certaines inquiétudes à propos du molnupiravir et, dans un certain sens, cette étude les rend plus concrètes. Nous savons que ces virus peuvent encore être vivants suite à un nombre important de mutations et qu’ils peuvent encore être transmissibles dans certains cas", concluent les auteurs.
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