Cholestérol : manger du soja permet-il de réduire votre taux ?

Le soja est-il le remède miracle pour en finir avec le mauvais cholestérol ? C’est en tout cas ce que suggère une récente étude américaine publiée dans la revue Antioxydants le 22 décembre dernier. "La consommation de farine de soja riche en protéine B-conglycinine pourrait réduire le taux de cholestérol LD L et diminuer le risque de maladies métaboliques telles que l'athérosclérose et la stéatose hépatique", a déclaré Elvira de Mejia, professeur de sciences alimentaires et de nutrition humaine à l'Université de l'Illinois Urbana-Champaign, aux États-Unis, et auteure de l'étude.

Cholestérol : les effets de 2 protéines de soja testés

Les scientifiques connaissent depuis longtemps les propriétés hypocholestérolémiantes et les effets régulateurs des lipides du soja sur le cholestéro l, l’objectif des chercheurs était donc d’examiner les effets respectifs de deux protéines de soja, la glycinine et la B-conglycinine, sur le cholestérol. En pratique, l'équipe a donc dégraissé et réduit en farine 19 variétés de soja, chacune d'entre elles contenant des proportions différentes des deux protéines. La proportion de glycinine dans ces variétés variait de 22% à 60%, tandis que la proportion de B-conglycinine variait de 22 % à 52%.

"À l'aide d'une simulation du processus digestif humain validée par d'autres études, l'équipe a mélangé séquentiellement les farines de soja dégraissées avec divers fluides et enzymes pour imiter les phases orale, gastrique, intestinale et colique de la digestion", a déclaré Elvira de Mejia.

Les chercheurs ont ainsi pu révéler 13 peptides bioactifs dérivés de la glycinine et de la B-conglycinine. Après la digestion, les scientifiques ont testé les peptides pour déterminer leurs propriétés inhibitrices vis-à-vis de l'HMGCR, une protéine qui contrôle la synthèse du cholestérol. Ils ont découvert que ces propriétés étaient deux à sept fois plus faibles que celles de la simvastatine, l'un des médicaments les plus populaires prescrits pour réduire le cholestérol. Ils ont ensuite poussé l'analyse plus loin, en classant les variétés de soja selon leur composition en glycinine et en B-conglycinine pour mesurer leur capacité à inhiber l'HMGCR. L'équipe a finalement choisi cinq variétés pour une étude plus approfondie.

Cholestérol LDL : hausse de 25 à 92% de son absorption par le foie

"Nous avons commencé avec des cellules déjà exposées à des acides gras pour imiter la maladie du foie gras et nous avons essayé de comprendre le rôle des protéines de soja digérées", explique l'auteure de l’étude, Elvira de Mejia, professeure de sciences alimentaires et de nutrition humaine, dans un communiqué de l'université. "Nous avons mesuré plusieurs paramètres associés au métabolisme du cholestérol et des lipides et divers autres marqueurs - protéines et enzymes - qui affectent positivement ou négativement le métabolisme des lipides".

En plus de l'HMGCR, ils ont étudié l'angiopoïétine-like 3 (ANGPTL3), qui est sécrétée par le foie et fait partie intégrante du métabolisme des triglycérides, des LDL et des HDL ("bons" cholestérols). Ces deux protéines sont connues pour être présentes en excès dans la maladie du foie gras. Il est intéressant de noter que les auteurs de l'étude ont découvert que les peptides de trois des types de soja digérés ont réussi à réduire la sécrétion d'ANGPTL3 de 41 à 81%, conformément à leur composition en glycinine et en B-conglycinine. Ils étaient également capables d'augmenter la quantité de mauvais cholestérol absorbée par les cellules du foie de 25 à 92%, selon les mêmes éléments.

Baisse du taux d’oxydation des LDL grâce à la protéine B-conglycinine

"L'un des principaux facteurs de risque de l'athérosclérose est le cholestérol LDL oxydé ; nous avons donc étudié les effets préventifs des digests de soja à huit concentrations différentes", explique l’auteure de l’étude. "Chacun d'entre eux a réduit le taux d'oxydation des LDL de manière dose-dépendante, en inhibant la formation des produits d'oxydation précoce et tardive associés à la maladie".

L'équipe a ainsi constaté que des concentrations plus élevées de B-conglycinine dans les digestats étaient corrélées à des réductions plus importantes des taux de LDL oxydés, de cholestérol estérifié, de triglycérides et de HMGCR dans le plasma.

Le soja a réduit l'accumulation de lipides de 50 à 70%

"Les peptides du soja digéré ont pu réduire l'accumulation de lipides de 50 à 70 %, ce qui est très important", a déclaré Elvira de Mejia. "C'était comparable à la statine, qui la réduisait de 60%. Nous avons aussi clairement vu différents marqueurs qui étaient influencés par des enzymes clés qui régulent la lipogenèse hépatique, et lutte contre le développement d'un foie gras." C'est une preuve de l'effet de l'alimentation sur le mauvais cholestérol.