D’après une étude publiée par le JAMA Network Open, les personnes prenant des récepteurs de l'angiotensine (ARA) semblent davantage se suicider que les personnes prenant un autre type de médicament contre l'hypertension, comme les inhibiteurs de l'ECA.
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Selon l'OMS, 1 personne se suicide tous les 40 secondes. En France, il engendre 10 000 morts par an.
Le problème ? D'après certains scientifiques, les récepteurs de l'angiotensine (ARA) pourraient être liés à un risque accru de suicide.
Comme les inhibiteurs de l'ECA, les ARA agissent en interférant avec l'action de l'angiotensine II, une hormone du corps qui provoque la constriction des vaisseaux sanguins. Or, la différence entre ces deux médicaments est que les ARA commandent le rétrécissement des vaisseaux sanguins, tandis que les inhibiteurs de l'ECA diminuent la quantité de l'hormone produite dans le corps.
Selon les chercheurs de l’étude, ces deux médicaments sont largement utilisés pour traiter l'hypertension artérielle, mais leurs effets indésirables diffèrent.
Les résultats obtenus montrent que les patients utilisant des ARA avaient un risque de décès par suicide accru de 63% par rapport aux personnes sous inhibiteurs de l'ECA.
Mais l'étude ne peut pas encore prouver une relation de cause à effet.
Toutefois, selon le chercheur principal Muhammad Mamdani, directeur du centre de recherche de l'Institut du savoir Li Ka Shing "Il y a de quoi s'inquiéter".
"Désormais, est-ce que je prescrirai ces médicaments à tout le monde ? Non, pas pour l'instant. Nous devrions faire plus de recherches dans ce domaine. "Mais, ce qui est sûr, c’est que si j'avais le choix en tant que patient, je choisirai l'inhibiteur de l'ECA plutôt que l'ARA", a conclu Muhammad Mamdani.
Médicament "ARA" : ses protéines mises en cause
À la suite de cette analyse, Mamdani et ses collègues ont poursuivi leurs recherches.
À l'aide de bases de données sur la santé au Canada, les enquêteurs ont identifié 964 personnes décédées par suicide dans les 100 jours suivant la prescription d'un ARA ou d'un inhibiteur de l'ECA. Ils ont ensuite comparé ces personnes à un groupe témoin d'un peu plus de 3 000 personnes prenant également l'un ou l'autre type de médicament antihypertenseur.
Les résultats ont montré que les personnes prenant des ARA présentaient un risque de suicide plus élevé que les personnes prenant un inhibiteur de l'ECA.
"Il s'agit d'un ensemble de médicaments assez couramment utilisé, qui toucherait un grand nombre de personnes. Certaines personnes, en particulier celles sujettes aux troubles de l'humeur, pourraient être encore plus à risque", a déclaré Mamdani.
Le scientifique a découvert que les ARA pourraient entraîner une augmentation des niveaux d'angiotensine II (protéines composées d’une chaîne d’acides aminés, qui circulent dans le sang) dans le cerveau. "Cela pourrait à terme déclencher un comportement de type suicidaire", a suggéré Mamdani.
Cependant, il n'existe encore aucune preuve formelle qui montre que ces protéines soient directement liées à une intention de suicide.
D'autres facteurs susceptibles d'influencer ce risque pourraient avoir été mis en cause chez ces patients. Par exemple, certains prenaient des antidépresseurs ou des benzodiazépines, ce qui pourrait avoir une influence sur le taux de suicide.
L’étude n’a pas non plus évalué l’abus de substances sous-jacentes, les hospitalisations antérieures pour des problèmes de santé mentale ou les visites au service d’urgence.
"Certains médicaments antihypertenseurs peuvent augmenter le risque de suicide", WebMD, 17 octobre 2019.
"Association Entre Inhibiteurs De La Transformation De L'angiotensine, Bloqueurs Des Récepteurs De L'angiotensine Et Le Suicide", Jama Network, 16 octobre 2019.
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