- 1 - Un polype ce n'est pas un cancer
- 2 - C'est la taille du polype qui augmente le risque de cancer
- 3 - Un polype peut rester longtemps caché
- 4 - Les polypes récidivent très souvent
- 5 - Un test à la maison peut dépister les polypes du côlon
- 6 - L'ablation est favorisée au maximum en cas de polypes
- 7 - Une maladie du microbiote peut entraîner des polypes intestinaux
- 8 - Les polypes peuvent être héréditaires
Un polype ce n'est pas un cancer
Quand on entend "polype", on pense "cancer". Or "un polype est une tumeur bénigne, une excroissance qui apparaît sur les muqueuses de l'organisme", explique le docteur Richard Haddad, médecin généraliste. Il est possible d'avoir un seul ou plusieurs polypes. Au début du développement, un polype est de petite taille, mais peut devenir plus important et exposer à un risque de cancer.
Les plus fréquents : les polypes digestifs, intestinaux et urinaires.
Deux catégories de polypes :
- Les Sessiles : ce sont des polypes à base aplatit, leur taille peut varier de 1 à 2 cm de diamètre.
- Les Pédiculés : ils ressemblent à un champignon. Ce sont des polypes qui ont une tête en forme de boule lisse au début et qui se développent à partir d'un "pied".
C'est la taille du polype qui augmente le risque de cancer
"Plus un polype est détecté tôt, moins il y a de risque qu'il se transforme en cancer, car c'est la taille qui augmente le risque", prévient le Dr Richard Haddad, médecin généraliste qui met l'accent sur la prévention et le dépistage.
Les plus dangereux : les polypes du côlon et du rectum qu'il faut surveiller et ne pas laisser traîner car c'est ceux qui deviennent le plus souvent cancéreux. Selon la Ligue contre le Cancer, sur 1000 polypes du côlon, une centaine va atteindre la taille d’1 cm et 25 évolueront en cancer sur une période de 5 à 20 ans.
Leur type aussi est important dans le dépistage : "Ce sont surtout les polypes adénomateux et villeux (qui ressemblent à des algues) qui ont tendance à devenir des cancers", ajoute notre interlocuteur.
Un polype peut rester longtemps caché
"Un polype peut rester longtemps caché sans montrer de signes particuliers, c'est pourquoi il est important de se faire dépister régulièrement. Quand des symptômes se déclarent c'est souvent parce qu'il est déjà bien développé et gros", insiste le Dr Richard Haddad. Or plus un polype est gros, plus le risque qu'il dégénère en cancer est grand.
Le développement des polypes peut se faire dans plusieurs organes :
- Le côlon : Ils peuvent entraîner des diarrhées, des saignements ou des constipations. "Mais lorsqu'on en arrive à ce stade c'est qu'il y a eu négligence de dépistage et que le polype est déjà bien développé", ajoute notre interlocuteur.
- L'utérus : Les polypes peuvent être intra-utérins ou se développer sur le col de l'utérus. Des saignements en dehors des règles, ou des règles hémorragiques doivent alerter.
- Les sinus : Ce sont généralement des polypes sans gravité qui ont peu de risques de se développer en cancer. Ils causent les mêmes symptômes que le rhume.
- La vessie : On peut constater des saignements qui ne sont pas des spotting (petites pertes de sang en dehors des règles) et des difficultés à uriner.
- L'estomac : saignements, douleurs au ventre, troubles digestifs et vomissements peuvent cacher des polypes.
Les polypes récidivent très souvent
Un autre inconvénient avec les polypes c'est qu'une fois retiré, il y a une grosse probabilité de récidive. "On peut également en avoir plusieurs c'est pourquoi une fois l'ablation faite, on analyse la zone afin de voir s'il n'y en a pas d'autres" ajoute le médecin.
Lorsqu'un polype est retiré, il faut le faire surveiller tous les cinq ans. "S'il s'agissait d'un polype adénomateux alors la vigilance devra être raccourci à tous les deux ans."
Un test à la maison peut dépister les polypes du côlon
La seule solution pour déceler un polype avant qu'il ne soit trop gros et pour limiter les risques qu'il ne devienne cancéreux : c'est le dépistage.
- Les polypes à l'utérus : "Le plus souvent les polypes qui se développent le long du col de l'utérus sont découvert à temps lors d'un examen régulier chez le gynécologue", explique le Dr Richard Haddad.
- Les polypes intra-utérin : Ils se décèlent lors d'une échographie chez le gynécologue. "Il est important de consulter si on constate des saignements hors règles et fréquents" insiste le spécialiste.
- Les polypes du côlon : Ils peuvent être dépistés via les tests immunologiques à réalisés chez soi, dans le cadre du dépistage organisé du cancer colorectal pour tous les hommes et femmes âgés de 50 à 74 ans. La personne est invitée par courrier à consulter son médecin traitant afin qu'il lui remette un test de dépistage. On peut aussi obtenir un kit de dépistage chez le médecin traitant sans attendre la lettre d'invitation, à l'occasion d'une consultation. Ce test immunologique consiste à déceler la présence de sang dans les selles. "Trop de patients ignorent cette enveloppe qui vous invite à passer le test or il est très important de le faire", souligne notre interlocuteur.
- Les polypes de l'estomac :"C'estla bactérie Helicobacter pylori qui joue un rôle dans le développement du cancer gastrique", explique notre interlocuteur. Il existe un test de dépistage respiratoire ou test à l’urée actif appelé Héli-kit disponible sur ordonnance pour détecter l’Helicobacter pylori, qui permet surtout de surveiller l’efficacité du traitement."
L'ablation est favorisée au maximum en cas de polypes
Si l'accent est surtout mis sur le dépistage des polypes, que se passe-t-il une fois qu'ils sont découverts ? "La découverte d'un polype nécessite son ablation, confirme le Dr Richard Haddad, médecin généraliste. A moins que l'endroit où il se développe et sa taille ne permettent pas de le retirer, dans ce cas on enlève un morceau et on regarde s'il est à risque cancérigène ou pas."
Comment se passe l'opération ? "On repère d'abord où est le polype à l'aide d'une coloscopie, puis on l'attrape à l'aide d'un fil électrique sous forme de lasso qui enserre le pied du polype" explique le médecin. Ensuite, il faut faire des analyses afin de s'assurer de sa bénignité. "Si le polype est trop gros et que l'opération risque d'endommager quelque chose autour : on prélève une partie, on analyse pour voir s'il est cancérigène, sinon on le garde sous surveillance. Mais on favorise l'ablation au maximum", ajoute le spécialiste.
Une maladie du microbiote peut entraîner des polypes intestinaux
En ce qui concerne les polypes intestinaux, "on sait aujourd'hui qu'ils pourraient être causés par une maladie du microbiote appelée disbiose", explique le Dr Richard Haddad, médecin généraliste.
Pourquoi ? La disbiose est un déséquilibre dans la flore intestinale, c'est-à-dire le niveau de bonnes bactéries qui maintient son bon fonctionnement et sa défense. "Lorsqu'une bactérie est malade, elle sécrète des débris toxiques qu'on appelle colybactines", poursuit notre interlocuteur. Ces toxines vont casser le noyau des cellules saines à côté et provoque une instabilité de l'ADN qui bascule vers un polype et parfois un cancer."
Comment on diagnostique cette bascule ? "Grâce à des tests moléculaires qui permettent de détecter la mutation génomique qu'il serait bon de mettre en place dans les programmes de dépistage, mais qui ne le sont pas encore car ils coûtent très chers", regrette le spécialiste.
Les polypes peuvent être héréditaires
Comme un grand nombre de pathologies, les polypes ont aussi leurs facteurs de risque génétique.
- Les polypes du côlon : "Si une mère par exemple a un polype du côlon qui s'est transformé en cancer alors toute la famille doit se faire dépister" alerte le médecin.
- Les polypes utérins : ils n'ont pas un risque héréditaire élevé.
- Les polypes au sinus : "Même si ce sont les moins dangereux il faut quand même les retirer. Si quelqu'un de la famille en développe c'est peut-être dû à un terrain allergique qui sera certainement hérité, il faut donc surveiller."