- 1 - Le cancer du poumon, qui progresse chez les femmes
- 2 - Les cancers du pancréas et de l’estomac ont un pronostic sombre
- 3 - La plupart des cancers, à un stade avancé, sont difficiles à guérir
- 4 - Comment annoncer à un patient qu’il ne va pas guérir ?
- 5 - Quels traitements pour ces cancers foudroyants ?
Le cancer est désormais la première cause de mortalité dans les pays riches. C’est ce que révèlent deux enquêtes publiées début septembre dans la revue The Lancet. Cette maladie sournoise touche 17,5 millions de personnes à travers le monde, et fait environ 8,7 millions de décès chaque année, selon la Fondation pour la Recherche Médicale.
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Quels sont les cancers dont on guérit ?En France, l’incidence du cancer est à la baisse chez l’homme, et sa progression ralentit chez la femme. Néanmoins, on estime qu’environ 382 000 nouveaux cas se déclarent chaque année dans l’hexagone. L’année dernière, il a tué 157 400 individus dans le pays.
Heureusement, le cancer se soigne de mieux en mieux. Aussi, même si le nombre de cancers augmente, la mortalité reste stable. Le cancer des testicules, le mélanome ou encore le syndrome de Hodgkin ont des chances de guérison supérieures à 90 % s'ils sont pris en charge assez tôt. Le taux de guérison est de 85 % en moyenne pour le cancer du sein, et de 75 % pour celui de la prostate.
Le cancer du poumon, qui progresse chez les femmes
“Les cancers les plus compliqués à soigner sont ceux qui ont une agressivité par leur nature même”, explique le Dr Frédéric Selle, chef du service d’oncologie au sein du Groupe hospitalier Diaconesses Croix-Saint Simon, Paris. C’est notamment le cas du cancer du poumon, qui donne fréquemment des métastases.
49 109 nouveaux cas ont été estimés en 2017 pour ce cancer, dont l’incidence est à la hausse chez les femmes. Chez l’homme en revanche, son évolution se stabilise.
Selon l’Institut national du cancer, le taux de survie relative à cinq ans pour le cancer du poumon varie en fonction du moment où il est diagnostiqué. Elle est de 47 % pour un diagnostic au stade 1, de 32 % pour le stade 2, de 22 % pour le stade 3 et chute à seulement 5 % pour le stade 4.
Néanmoins, “il est important de dire aux patients qu’ils ne se résument pas à une statistique”, souligne le médecin. S’il faut être honnête, il est aussi essentiel de parler des solutions qui s’offrent à eux, que ce soit pour traiter la maladie comme pour alléger le quotidien.
Les cancers du pancréas et de l’estomac ont un pronostic sombre
Les cancers du pancréas et de l’estomac sont respectivement situés au second et au troisième rang des cancers digestifs, en termes d’incidence, selon l’Institut Curie. Leur pronostic est souvent sombre : “on estime leur taux de survie net après 5 ans à 25 % pour le cancer de l’estomac, et 8 % pour le cancer du pancréas”, précise le Dr Selle.
Cancer du pancréas : 8 % de survie à 5 ans
Organe vital, le pancréas se situe dans l’abdomen, derrière l’estomac et tout contre l'intestin. Il participe à la digestion et joue un rôle important dans la régulation du taux de glucose dans le sang. Lorsque ses cellules se multiplient de manière anarchique jusqu’à former une tumeur maligne, on parle d'un cancer.
Ce dernier se caractérise par des douleurs intenses derrière l’estomac ou dans le dos, des troubles de la digestion (perte d’appétit, difficultés à digérer, nausées…) et parfois une jaunisse, accompagnée de démangeaisons.
Cancer de l’estomac : une mauvaise alimentation peut le favoriser
Par ailleurs, 90 % des cancers de l’estomac sont des adénocarcinomes, des tumeurs malignes d’origine glandulaire. Plusieurs facteurs de risque peuvent favoriser cette maladie, comme une gastrite chronique, le tabagisme, des antécédents familiaux ou une mauvaise alimentation.
Ses symptômes les plus fréquents sont des douleurs en haut de l’abdomen, des nausées, des vomissements, une fatigue, une perte d’appétit, des difficultés à avaler, des saignements gastro-intestinaux et une anémie chronique.
La plupart des cancers, à un stade avancé, sont difficiles à guérir
De manière plus générale, “la gravité d’un cancer est souvent liée au stade où il est découvert”, rappelle le Dr Selle. Lorsqu’il s’est métastasé, il est beaucoup plus difficile à guérir. À l’inverse, “même les tumeurs les plus agressives peuvent avoir un pronostic correct si elles sont découvertes très tôt”.
Aussi, quel que soit le cancer, plus il est découvert tard, et donc souvent avancé avec des métastases à distance, plus les chances de survie sont minces. Car “ce n’est pas le cancer qui tue en lui-même, mais les dommages qu’il cause”. Selon l’expert, le cancer peut causer la mort via trois grands types de mécanismes :
- La défaillance d’un organe vital, envahit par des métastases ou par la tumeur primitive.
- Des complications de thrombose, de phlébites ou d’hémorragies, qui sont “très fréquentes”.
- Une cause infectieuse, liée à l’affaiblissement du système immunitaire du patient, à cause de la tumeur. Ce dernier est alors plus fragile aux infections, avec des risques de septicémie.
En outre, l’oncologue rappelle qu’il ne faut pas confondre guérison et rémission. “Une guérison est une rémission complète qui dure dans le temps. La maladie n’est plus perceptible, que ce soit sur le plan clinique, radiologique ou dans le sang”. Cela dit, la guérison ou rémission complète n'exclut pas le risque de rechute.
Comment annoncer à un patient qu’il ne va pas guérir ?
Pour le Dr Selle l’idée de la mort est présente dès l’annonce du diagnostic. “Cette annonce renvoie immédiatement en pleine figure l’angoisse de mort, latente chez la plupart des personnes”. Dès lors, les patients vont faire tout un cheminement psychologique, et peu à peu s’habituer à cette idée.
“Ce qui est violent dans les cancers agressifs, c’est que ce cheminement n’a pas le temps de se faire, car le temps médical est très limité”, précise le spécialiste. Apprendre qu’il ne nous reste plus que six mois à vivre est en effet beaucoup plus dur qu’un pronostic à dix ou quinze ans, car le temps pour s’y préparer est extrêmement court.
Une autre difficulté réside dans l’annonce de la rechute. “Elle ne renvoie pas le patient au stade 0, mais au stade -1”, puisqu’après un long et pafois pénible traitement, puis le soulagement de la guérison, le cancer est de retour. “Cela fait rentrer dans l’esprit du patient que sa maladie sera toujours là”.
L’accompagnement du corps médical est donc primordial. “Il faut donner une information loyale, honnête et humanisée au patient”, énonce le cancérologue. “On est là pour soigner et pour accompagner”. Le médecin estime d’ailleurs que le moral joue un rôle clé dans l’espérance de vie des patients.
Quels traitements pour ces cancers foudroyants ?
Évidemment, ce n’est pas parce qu’un cancer est réputé agressif qu’il ne faut rien mettre en œuvre pour tenter de le soigner. On distingue trois grandes catégories de traitement :
- L’ablation chirurgicale de la tumeur primitive qui, dès lors qu’elle est possible, augmente considérablement les chances de survie.
- La chimiothérapie et la radiothérapie. La première consiste en l’administration de médicaments visant à détruire les cellules cancéreuses, ou à les empêcher de se multiplier. La seconde utilise des rayonnements, dans le même but.
- Les thérapeutiques nouvelles, plus ciblées, comme l’immunothérapie.
“Ces nouvelles thérapies, pour certaines d'entre elles, consistent à trouver des anomalies moléculaires spécifiques sur la tumeur, qui jouent un rôle dans leur capacité à proliférer, et à les cibler plus spécifiquement”, explique le Dr Selle. Il peut s’agir de médicaments, par exemple, qui coupent l’alimentation sanguine de la tumeur, comme les anti-angiogéniques qui bloquent la vascularisation des tumeurs, qui ainsi se "déssèchent".
Un autre exemple concerne le rôle majeur du système immunitaire qui lutte contre les cellules tumorales. En effet, l'immunothérapie de dernière génération consiste à booster nos défenses immunitaires contre le cancer avec des résultats parfois spectaculaires dans des cancers parfois très graves et métastatiques, comme les mélanomes de la peau, les cancers du poumon, du rein ou les cancers ORL.
En revanche, l’expert met en garde contre certaines pratiques para-cancéreuses, parfois vantées sur internet, comme le jeûne où le régime cétogène. Ces “solutions” reposent sur l’idée qu’il faut affamer la tumeur pour la détruire. Mais elles seraient plutôt contre-productives. “Le jeûne entraîne une dénutrition, car en l'absence d'apport de sucre, la cellule tumorale le puise dans nos réserves de graisses. Ce qui provoque un affaiblissement du système immunitaire. Or, l’état nutritionnel est très important en cancérologie”, rappelle-t-il.
Cancer chronique : le traitement vise à prolonger l’espérance de vie
Par ailleurs, “il y a un certain nombre de cancers avancés pour lesquels on sait que l’on n’est plus dans un projet curateur (de guérison)". Le cancer devient une maladie chronique, en quelque sorte, et le rôle des médecins est alors de prolonger au maximum l’espérance de vie du patient, en veillant à ce que la maladie et les traitements proposés altèrent le moins possible sa qualité de vie.
“Gagner un an de médiane de survie supplémentaire, c’est déjà beaucoup, puisque 50 % des patients seront au-dessus”, estime le spécialiste. “La chimiothérapie et les nouvelles thérapies, par exemple, permettent de vivre plus longtemps, et l'espérance de vie des cancers ne cesse de progresser. De plus, les personnes qui ont une chimiothérapie efficace auront tout de suite moins de douleurs, moins de fatigue et moins d'autres symptômes liés à leur cancer. Dans ce contexte, ces traitements apportent un réel bénéfice clinique, malgré parfois certains effets secondaires”.
Le Dr Selle rappelle que la balance bénéfice-risque doit être évaluée pour chaque projets thérapeutiques. On peut ainsi ajuster la dose de médicaments d’une chimiothérapie en fonction de la façon dont elle est supportée par le patient. Selon lui, il faut surtout s’intéresser aux avancées de la recherche, et s’engager dans des essais cliniques lorsque c’est possible. Ces derniers permettent l'accès des patients à l'innovation thérapeutique et aussi lui donner un espoir supplémentaire.
Outre l’aspect thérapeutique, une prise en charge globale du cancer est aussi très importante. La nutrition, la prise en charge de la douleur, le suivi psychologique… Tous ces éléments jouent un rôle dans la survie et la possibilité de rémission.
Les cancers en chiffres, Fondation pour la Recherche Médicale.
Les cancers en France, Institut national du cancer, 2017.
Les cancers digestifs, Institut Curie, 21 janvier 2019.
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