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Traitement du cancer : près de 450 000 chirurgies chaque année

Traitement du cancer : près de 450 000 chirurgies chaque année© IstockÇa peut faire peur, et pourtant : dans le traitement du cancer, la chirurgie est la méthode de soin référente, avec 447 391 hospitalisations pour chirurgie du cancer réalisées rien qu’en 2015 selon l’Institut national du cancer. Egalement connue sous les noms d’ablation et d’exérèse, la chirurgie en cas de cancer consiste à retirer en partie ou en totalité l’organe touché par la tumeur maligne. Ce terme caractérisant un groupe de cellules cancéreuses englobe deux notions : "celle d’invasion, puisque la tumeur maligne va envahir les tissus et s’y infiltrer, et celle de métastases, puisqu’elle peut aussi envahir les organes à distance contrairement à la tumeur bénigne", explique le professeur Roman Rouzier, chirurgien spécialisé en tumeurs gynécologiques et mammaires.

C’est en ce sens que selon lui, "la chirurgie est la meilleure arme contre un cancer et reste la pierre angulaire du traitement de la majorité des cancers. Quand on a un organe malade, le fait de le retirer entièrement ou en partie confère les plus grandes chances de guérison. Et aujourd’hui, elle est de plus en plus conservatrice (recours à l’ablation partielle plutôt que totale de l’organe touché, NDLR)".

Mais le recours à le chirurgie dépend de plusieurs critères

Cependant, plusieurs critères doivent être pris en considération pour que le patient puisse en bénéficier et le chirurgien y recourir :

- Le type de cancer : la chirurgie n’est envisageable que si la tumeur est dite solide. Les tumeurs liquides, correspondant aux cellules cancéreuses qui circulent dans le sang et la lymphe comme dans le cas de la leucémie par exemple, ne sont pas opérables.

- L’organe touché : en fonction de la localisation du cancer, l’opération est plus ou moins délicate. Dans certains cas, "il est difficile de l’enlever sans endommager des organes voisins", explique la Société canadienne du cancer. Aux professionnels de décider de l’intérêt d’une telle pratique.

- La taille de la tumeur : plus la tumeur est grosse, plus l’intervention sera dangereuse car elle présentera un risque de toucher d’autres organes. Avant d’y avoir recours, chirurgiens et oncologues discuteront la possibilité de réduire la taille de la tumeur via une chimiothérapie.

- L’état du patient : la chirurgie est plus risquée si le patient est très fatigué et affaibli.

Dans le cas où la chirurgie est impossible pour les tumeurs solides, des alternatives sont envisagées et consistent en "une destruction de la tumeur, par radiofréquence (rayons chauffants), par cryoablation (par le froid), ou par radiothérapie stéréotaxique à haute dose (radiations à haute dose dans de petits volumes)", précise le Pr Rouzier. En revanche, le risque de telles techniques, "c’est de ne pas réussir à tout détruire. L’avantage avec la chirurgie, c’est que l’on est sûr de pouvoir tout retirer la plupart du temps".

Curative, préventive ou palliative : différents types de chirurgie en fonction des besoins

Curative, préventive ou palliative : différents types de chirurgie en fonction des besoins© IstockSi la chirurgie est effectuée, dans la grande majorité des cas, à titre curatif, elle peut l’être également à titre préventif : il s’agit alors d’une chirurgie prophylactique. Par exemple, pour le cancer du sein et le cancer des ovaires : "Certaines personnes sont porteuses d’une mutation sur les gènes BRCA1 et BRCA2, explique le Pr Rouzier. Ces deux gènes confèrent un sur-risque de cancer du sein (80% des femmes vont le contracter) et de cancer des ovaires (40%)." La prise en charge consiste alors à retirer les ovaires ou les seins de la patiente pour amenuiser ces risques. Et le résultat est plutôt concluant : après l’intervention, on sait notamment que "les patientes sont protégées de 90 à 95% des risques de cancer des ovaires."

Autre type de chirurgie : la chirurgie dite palliative, "qui permet de soulager les symptômes et d’améliorer la qualité de vie" sans véritablement soigner le cancer, souligne la Société canadienne du cancer. "Par exemple, si une tumeur comprime l’intestin, on est obligé de le dériver pour que le patient puisse avoir un transit, précise le Pr Rouzier. On ne fait pas ça pour traiter le patient, mais pour qu’il y ait un confort."

Chimiothérapie, radiothérapie : le traitement du cancer reste une approche multidisciplinaire

Chimiothérapie, radiothérapie : le traitement du cancer reste une approche multidisciplinaire© IstockSi la chirurgie est quasi inévitable en cas de cancer, elle est loin d’être réalisée seule : "Dans la majorité des cas, la chirurgie n’est pas le seul traitement, affirme le Pr Rouzier. Le traitement d’un cancer, c’est une approche multidisciplinaire. En fonction de l’activité de la tumeur, tout un arsenal thérapeutique peut être déployé."

Parmi les traitements adjuvants (administrés après le traitement principal pour le consolider) et néo-adjuvants (administrés avant, souvent pour réduire la taille de la tumeur) existants, la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la radiothérapie sont les plus courants. L’association du traitement principal et du traitement complémentaire constitue le moyen de guérison le plus efficace : "Dans le cas des cancers du sein par exemple, pratiquer la chirurgie permet de guérir 65 à 70% d’entre eux, explique le Pr Rouzier. L’associer à la radiothérapie, l’hormonothérapie ou la chimiothérapie ajoute 15 à 20% de chances de guérison."

Car il est rare de pouvoir guérir du cancer en n’ayant subi qu’un seul traitement : "A part la leucémie, il n’y a pas beaucoup de cancers que l’on éradique complètement seulement avec la chimiothérapie par exemple", assure le Pr Rouzier.

Traitement du cancer : l’importance du dépistage

Traitement du cancer : l’importance du dépistage© IstockRare, mais pas impossible : il existe des situations où le cancer peut être traité seulement grâce à la chirurgie. Mais pour cela, la tumeur doit être petite, autrement dit détectée à un stade précoce, car facilement retirable. Là est toute l’importance du dépistage : "Si l’on prend l’exemple du cancer du sein, l’objectif du dépistage est d’avoir moins de décès, explique le Pr Rouzier. Et les chiffres sont clairs : les dépistages assurent une diminution d’environ 20% de la mortalité par cancer du sein."

En France, le dépistage du cancer du sein est proposé tous les deux ans aux femmes âgées entre 50 et 74 ans et consiste en une simple mammographie. La détection d’une tumeur à un stade précoce assure non seulement de plus grandes chances de survie mais permet également, dans la plupart des cas, de passer à côté des traitements les plus agressifs, comme la chimiothérapie : "Chez les patientes dépistées, il y en a 28% seulement qui font de la chimiothérapie. Chez celles qui ne le sont pas, le taux est de 68%. Par ailleurs, l’avantage du dépistage pour le cancer du sein, c’est que le traitement sera très souvent conservateur, à la fois au niveau du sein et des ganglions." L’opération, réalisée en ambulatoire, dure au total 40 minutes.

Au final, s’il y a pléthore de types de cancer et que les cas de figure diffèrent, "le traitement du cancer est standardisé, normé, et ça doit être rassurant, affirme le Pr Rouzier. Avec une mammographie et les résultats de la biopsie, on peut déjà donner aux patientes les grandes lignes du traitement des premiers mois avec exactitude dans 90% des cas. Cela peut sembler affolant de se dire que les choses sont écrites mais c’est aussi extrêmement rassurant, car on sait exactement où l’on va."

Sources

Remerciements au Pr Roman Rouzier, chirurgien spécialisé en tumeurs gynécologiques et mammaires.

"L’activité hospitalière en cancérologie". Institut national du cancer. Mis à jour le 17 janvier 2018.

"Chirurgie dans le traitement du cancer". Société canadienne du cancer.

Vidéo : Cancer du sein : quels sont les vrais symptômes ?

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